Pointé comme le responsable du cuisant échec des Lions Indomptables à la Coupe du Monde au Brésil, sans dévoiler le contenu du rapport qu’il a fait sur cette participation de son équipe, donne des pistes sur ce qui, selon lui, a été la cause de l’échec de son équipe. Il a le regard plus tourné sur les éliminatoires de la Can 2015.
Volker Finke est de retour au Cameroun depuis le 8 juillet dernier. Approché au sujet de la débâcle des Lions Indomptables à la Coupe du Monde au Brésil, l’Allemand s’est montré réservé sur la question de savoir ce qui n’a pas marché avec l’équipe du Cameroun, qui a affiché un piteux bilan de trois défaites en autant de matchs, zéro point et dernier du groupe A, 32ème sur 32 pays participants à cette compétition. « Le moment n’est pas opportun pour parler de cela en ce moment. Il y a une enquête qui a lieu en ce moment. Mais, beaucoup de choses fausses ont été dites et relayées par la presse. Moi, j’ai fait mon rapport et c’est tout », a-t-il tranché. Volker Finke évoque le retard que son équipe a accusé dès le départ du Cameroun pour le Brésil, avant de se lâcher : « Le problème est qu’il faut analyser froidement ce qui s’est passé après le match contre l’Allemagne. C’est moi qui ai préparé le stage en Autriche ; c’est moi qui ai tout organisé. Le match en Allemagne, c’était moi. Et après, les choses ont dégringolé. Il n’y avait aucune organisation. Chaque jour il y avait des problèmes logistiques. On n’était pas sûr qu’il y a le budget, ce vol qu’on a annulé. Chaque jour, il n’y avait des problèmes et on discutait toujours jusqu’à tard dans la nuit. Ce n’était jamais le foot. Ici à Yaoundé comme au Brésil, il y avait toujours la rivalité Minsep-Fécafoot-le capitaine. C’est vraiment la question qu’il faut examiner un peu. C’est très clair que si c’est impossible d’avancer, j’ai fait mon rapport. J’ai fait quelques propositions pour voir si on va changer quelque chose pour avancer. Il faut vraiment changer des habitudes. Et cela dépend de la personnalité des joueurs et des responsables ».
« Je suis responsable, mais pas à 100% »
L’équipe d’Allemagne, championne du monde après avoir dominé l’Argentine dimanche dernier, a pourtant fait match nul (2-2) avec les Lions Indomptables le 1er juin dernier à Mönchengladbach au cours d’un match de préparation. Sur la question de savoir ce qui a changé sur l’équipe d’Allemagne, la réponse de Volker Finke est claire : « il ne faut pas voir ce qui a changé sur l’équipe d’Allemagne. Mais, se demander ce qui s’est passé avec l’équipe du Cameroun après ce match. C’est la véritable question. On a vu au cours de ce match après le stage en Autriche, quelque chose de positif faisant penser qu’on avait déjà le niveau de la Coupe du Monde. Après, il y a eu des problèmes de négociation des primes. Il faut vraiment trouver la réponse à la question de savoir ce qui s’est passé après le match en Allemagne. C’est tout », a-t-il insisté. Mais, l’ancien coach de Fribourg ne veut pas endosser seul la responsabilité de l’échec des Lions Indomptables. « Je suis responsable, mais pas à 100% », a-t-il confessé dimanche soir sur le plateau de la Crtv télé, où il était en posture d’invité, à l’occasion de la finale de la Coupe du Monde.
Volker Finke a évoqué sur le plateau de la Crtv dimanche dernier l’exemple de la Nationalmannschaft, pour parler de l’amateurisme qui entoure l’équipe du Cameroun et tout le cafouillage qui caractérise son fonctionnement. Volker Finke a dit que l’équipe d’Allemagne actuelle, championne du monde en titre, est dirigée par deux personnes : Oliver Bierhoff, le Team manager et Joachim Löw, le sélectionneur en poste depuis huit ans. « Ce ne sont que les deux là qui décident. Personne d’autre. Même le président de la Fédération (allemande de football) n’interfère pas dans leur travail », a-t-il confié. Avant d’enfoncer le clou : « Vous ne pouvez pas voir des administratifs roder autour de l’équipe d’Allemagne ou dormir dans le même hôtel que les joueurs. Quand les joueurs doivent voyager, ils sont seuls dans leur avion et pas avec les fonctionnaires et autres ». Et c’est ainsi depuis 2006, a-t-on appris. Quand Jürgen Klinsmann était arrivé comme sélectionneur à la tête de l’équipe d’Allemagne, il a « chassé » tous les fonctionnaires qui rodaient en permanence autour. Les résultats sont ceux qu’on connaît aujourd’hui.
Can 2015 dans le viseur
Quant à l’avenir du sélectionneur des Lions Indomptables, il est sans équivoque. Volker Finke est serein et a déjà la tête sur les éliminatoires de la Can 2015 dont les matchs commencent dès le mois de septembre prochain : « Pour moi, c’est très clair : j’ai un contrat de deux ans. Je fais mon travail et si on ne veut pas de ça, il faut qu’on me le dise. C’est tout ». Et pour matérialiser sa sérénité dans le travail pour les Lions Indomptables, Volker Finke précise : « Moi, j’ai déjà fait mon travail. J’ai déjà préparé mon programme pour le prochain calendrier Fifa. Ce sont les deux prochains matchs : celui de Kinshasa contre la Rdc et le match aller contre la Côte d’Ivoire à Yaoundé. J’étais au ministère des sports. J’étais aussi avec Rigobert Song pour commencer le travail. Nous avons fait la réservation à Mbankomo (Centre d’Excellence de la Caf, ndlr), il faut préparer les vols, parce que le football ne s’improvise pas. Il ne faut pas attendre la dernière minute pour improviser des choses, comme on l’a vu au Brésil. Je ne veux pas donner des détails. Après, on peut préparer une équipe qui est bien concentrée, fermée, avec la tête dans le match sur le terrain et pas à autre chose ».
Le non retour au Cameroun avec la délégation
Volker Finke pense à remplir sa part de contrat avec les Lions Indomptables. C’est ce qui justifie le fait qu’il est resté au Brésil et n’est pas rentré avec la délégation camerounaise. « Tout le monde était au courant. J’ai parlé avec les autorités. J’ai parlé avec le ministre. J’ai parlé avec le président du Comité de normalisation, le Team press, tout le monde. C’était clair. J’avais organisé le budget jusqu’aux demi-finales, parce qu’étant là-bas (au Brésil, ndlr), il faut superviser des matchs comme entraîneur, parce que le foot change toujours. A cette Coupe du Monde, il y a eu beaucoup de choses qui ont changé. On a vu les Espagnols être éliminés dès le premier tour alors qu’ils étaient numéro un au classement Fifa. Il a été question pour moi de voir ce qui se passe avec les équipes, si la manière de jouer a changé. C’est pourquoi j’ai pensé à faire le travail là-bas. J’ai dit que j’avais encore besoin de deux semaines pour superviser les matchs là-bas, avant de retourner à Yaoundé où je dois m’enfermer et analyser les choses. Il faut dire la vérité sur tout ce qui s’est passé et analyser tout. C’est ça mon programme. J’ai été un peu surpris qu’on dise dans des titres que l’entraîneur n’est pas rentré parce qu’il a peur. Ce n’est pas du tout ça. Je fais mon travail, c’est tout. Par exemple, j’ai regardé le match du Nigeria sur place, même s’il n’est pas dans notre groupe immédiatement. Mais, il est bon de voir ça sur place ; ce qui se passe avec les meilleures équipes du monde. Tout commence par l’échauffement, le comportement tactique sur place. C’est bien différent que sur les vidéos ».
Les championnats de Ligue 1 et de Ligue 2 n’ayant pas encore repris (ils reprennent les 9 et 10 août prochains), Volker Finke met à profit son séjour au Cameroun à suivre les différentes sélections des catégories inférieures où il a déjà remarqué quelques jeunes. « Ici en ce moment, le championnat est arrêté. Et s’il faut faire des recherches sur Internet, c’est assez difficile avec la connexion qui ne s’ouvre qu’après au moins 30mn. J’ai regardé un match amical de l’équipe nationale cadet contre Apejes dimanche. C’était très intéressant de regarder ces jeunes, parce qu’Apejes a aussi de jeunes joueurs que j’ai préparé lors du stage des joueurs locaux. Mais, je n’ai pas vu beaucoup de responsables là. Je crois qu’il faut vraiment travailler, parce qu’il y a des choses qui ne peuvent pas changer d’un coup, du jour au lendemain. Mais, je ne dis pas qu’il faut attendre dix ans. Il y a les U-20 qui sont en stage que je vais aller voir le lendemain (ce jour, ndlr). Je vais regarder l’entraînement de ce groupe. Il faut travailler avec un objectif pour les prochains deux ou trois ans. En ce moment, je ne fais que des propositions. Et après, on verra ce qui va se passer. Il ne faut pas trop expliquer. Il faut travailler. C’est tout », conseille Volker Finke.