Au-delà de l’arbitrage, vivement critiqué sur l’ensemble des deux rencontres, entre Coton Sport de Garoua et Al Ahly du Caire, il y a lieu de regretter la maladresse affichée par les joueurs camerounais devant les buts et les erreurs défensives criardes dues à la blessure du capitaine Ahmadou Ngomna à l’aller, et sa suspension pour le match retour.
L’espoir était permis avant le coup d’envoi. D’où une mobilisation sans précédent. Sauf qu’à la fin du match, le rêve de tout un peuple s’en est allé en fumée, celui de remporter à nouveau un trophée continental, 28 ans le dernier sacre de Canon sportif de Yaoundé.
L’entraîneur de Coton sport de Garoua, Alain Oumbléon avait confiance en ses poulains dont il vantait les mérites et les capacités à soulever les foules, à renverser les montagnes et à retourner en leur faveur les situations les plus désastreuses et les plus compliquées. Mais la fin de rencontre sanctionnant le triomphe des Egyptiens du National Al Ahly du Caire est amère ! Et le patron de l’encadrement technique des verts et blancs du septentrion a vite fait de désigner les véritables coupables, à l’origine de la déroute de son équipe. Un échec que le coach camerounais, abattu, et au bord des larmes, tente de justifier en indexant le trio arbitrage algérien composé de messieurs Haimoudi Djamel (Ac), Omari Bouabdellah (A1) et Khelifi Abdesselem (A2).
A l’instar d’un spectateur qui reproche à Issa Hayatou, le président de la Confédération africaine de football (Caf), d’avoir «désigné des Algériens pour diriger un match des Egyptiens… », Alain Oumbléon, colérique, déclare: «pour une rencontre de football aussi importante, avec deux belles équipes, nous n’avons pas le droit de nous tromper sur des détails, je veux parler de l’arbitrage…». Il faisait ainsi allusion à toutes ces frustrations et décisions controversées des officielles, qui ont privé Coton Sport d’un penalty (occasion de porter la marque à 3-1 à quinze minutes de la fin du match). Il y a surtout l’attitude de certains responsables de la Caf, notamment l’Egyptien Mustapha Fahmy, le secrétaire général de cette institution jubilant dans la loge d’honneur au moment de l’égalisation égyptienne !
Fous de rage, et prêts à tout, trente cinq à quarante mille spectateurs agglutinés à la sortie des vestiaires ont traité les «hommes en noir» de tous les noms d’oiseau: «salauds, arabes, sales terroristes…».
Un mauvais soir, un après-midi cauchemardesque pour Coton Sport de Garoua qui espérait retourner la situation en sa faveur et continuer sa marche royale vers les cimes de l’Afrique, comme il l’avait fait contre Enyimba du Nigeria, Al Hilal du Soudan et Tout Puissant Mazembe de la République démocratique du Congo.
Les malheurs des Camerounais ont commencé au match aller. Une vilaine blessure contractée au cours d’une séance d’entraînement en Egypte n’a pas permis au capitaine de l’équipe Ahmadou Ngomna d’être au meilleur de sa forme durant la rencontre. Comme si cela ne suffisait pas, le milieu de terrain des verts et blancs écopera d’un second carton jaune sévère, synonyme de suspension. Coton était privé de son noyau, de sa pièce centrale, celle qui allie puissance, technique et intelligence dans le jeu. Et ne s’en remettra jamais !
Beaucoup trop d’occasions gâchées !
Mais, l’arbitrage explique-t-il seul la déroute de Coton Sport ? Apparemment non ! De toute évidence, le blocage était surtout psychologique. Il y a eu beaucoup trop d’enjeu, à l’origine de nombreuses erreurs, et d’errements pour espérer mieux que le résultat enregistré ce dimanche. Cette contre-performance a eu au moins le mérite de remettre les choses à leur vraie place. Daouda Kassali, Kamilou Daouda, Sanda Oumarou, Ndzana Kana, Jacques Zoua et leurs coéquipiers mesurent à présent le chemin qui leur reste à parcourir pour atteindre le haut niveau. Mais, la plus grosse déception de la finale reste l’international Espoir Ousmaila Baba, qui aura manqué de lucidité devant les buts égyptiens gardés par le chanceux Amir Abdel Hamid. Un beau gâchis !
Le meilleur joueur de la coupe du Cameroun 2008 est passé complètement à côté de son sujet, gâchant une demi dizaine d’occasions nettes de buts. Il avait les clés du match qu’il n’a pas su exploiter à bon escient. Une maladresse que ne peut expliquer les membres de son fan club partis en masse de Pitoa, son village natal situé à une quinzaine de kilomètres de Garoua. Chose rare, le public de Roumdé Adjia a fortement demandé le remplacement de son idole en panne de réussite.
Face à ce manque de lucidité de sa ligne d’attaque en général, et Ousmaïla Baba en particulier, Alain Oumbléon ne mâchera pas ses mots : « Nous n’avons jamais réussi à les faire douter. C’est beaucoup trop d’occasions ratées. A ce niveau de la compétition, ça ne pardonne pas», surtout face à la meilleure équipe africaine du siècle, le club le plus titré en Afrique avec six ligues des champions, trente cinq fois champions d’Egypte et presque autant de coupes remportées. Al-Ahly est une machine bien huilée, un jeu simple mais efficace avec une grande mobilité. Défensivement, c’est du solide, une énorme rigueur des éléments qui forment le socle des Pharaons, l’équipe nationale d’Egypte.
Jean Robert Frédéric Fouda, envoyé spécial à Garoua