Après huit heures d’un voyage éreintant, avec des escales multiples à Ndjamena, la capitale tchadienne et Sabah en Libye, la délégation camerounaise constituée de 63 personnes (cadres du ministère des Sports et de l’éducation physique, du Comité national olympique et sportif du Cameroun, de la Fecafoot et des journalistes) passe trois heures dans les mailles de la police égyptienne à l’aéroport international du Caire.
Matinée chaude sur le tarmac de l’aéroport international du Caire. L’arrivée ce jeudi 30 octobre 2008, d’une impressionnante délégation camerounaise de 63 personnes, a été émaillée d’incidents. Le président du Comité national olympique et sportif du Cameroun, le Colonel Hamad Kalkaba Malboum, n’a pas apprécié: « I’m not happy », a-t-il martelé à l’endroit de certains dirigeants égyptiens qui, visiblement, semblaient surpris de voir débarquer Cotonsport de Garoua, une dizaine de journalistes et des responsables du ministère des Sports et de l’éducation physique, de la fédération camerounaise de football, des services du Premier ministre et de la Présidence de la République.
Parti de l’aéroport international Yaoundé Insimalen, la veille, à 23h40mn, le vol spécial affrété s’est finalement posé sur la piste de la capitale égyptienne aux premières heures de la matinée. Il était 8h55mn, heure locale. Surprise : tous les passagers sont restés bloqués à bord de l’appareil de la compagnie Air Leasing (sans publicité). Pas moins d’une heure, a duré leur calvaire. Certains y ont vu, la main des responsables égyptiens dans le seul but de démobiliser et de briser le moral des joueurs camerounais. Une bataille psychologique en somme.
Comme dans un film western, des policiers en treillis, talkies-walkies, matraques et pistolets automatiques en mains… ont fait irruption dans l’avion immobilisé sur le tarmac, contraignant les occupants à regagner leurs sièges. Présentez vos carnets de vaccination, lance un bidasse, d’un ton ferme. Silence dans l’appareil. Etes-vous vacciné ? Aucune réponse non plus. Quel accueil ! Le Colonel Hamad Kalkaba Malboum tente de convaincre les agents de sécurité de laisser sortir les passagers. En vain puisque les gros bonnets de l’aéroport ne changeront pas d’avis. Pire ces derniers vont exiger aux autorités camerounaises, le paiement d’une somme de 6000 dollars.
A quoi va servir cet argent? s’interroge Mme Betala, directrice du sport de haut niveau au ministère des Sports et de l’éducation physique. Les dirigeants de Coton sport piaffent d’impatience. La tension est à son comble dans les deux camps. La délégation camerounaise est alors embarquée dans un bus et déposée dans le hall 4. Aucun radis n’est versé. Dans ces locaux, tous les passeports sont retirés pour vérification, et carnets de vaccination passés au scanner.
Certains policiers promettent ouvertement une raclée de quatre buts à zéro aux joueurs de Coton sport, qui gardent toujours leur sang froid. Une seconde heure passe. Les bagages sont bloqués à leur tour. « Il faut payer », lance un douanier, ferme. « Pas question de payer là non plus », réplique un responsable dépêché par le premier ministre. « Une situation qui n’honore pas le football africain », explique le coach Franco-Ivoirien des Cotonculteurs. Alain Ouombléon Guédou regrette « l’attitude des dirigeants de la fédération égyptienne de football, et Al-Ahly, qui n’ont pas daigné venir nous attendre, alors qu’ils étaient au courant de la date de notre arrivée depuis plusieurs jours ».
Trois heures de discussions non stop. Des éclats de voix. Les esprits sont surchauffés de part et d’autres. Les média locaux accourent et veulent en savoir plus. Finalement, joueurs et dirigeants de Cotonsport de Garoua sont autorisés à rejoindre leur fief Ismaïlia, à une heure de route du centre ville, loin du vacarme incessant et infernal des automobilistes de la capitale égyptienne. Sans avoir versé un radis comme cela leur était exigé, les autres membres de la délégation obtiendront leur feu vert une demi-heure plus tard. Abdouraman Hamadou, le chef de département de la Communication à la fédération camerounaise de football était arrivé au Caire dimanche dernier, dans le but justement de préparer la réception dans de meilleures conditions de Cotonsport.
Les graves incidents de ce jour ont remis sur la sellette la question de l’organisation des rencontres sportives de haut niveau sur le continent et augurent d’une finale où, de bout en bout, la tension sera au maximum. Vivement que les esprits surchauffés se calment avant le coup d’envoi qui sera donné dimanche prochain.
Jean Robert Frédéric Fouda, envoyé spécial au Caire