L’effervescence qui accompagne souvent les grandes rencontres d’Al Ahly est moins perceptible à la veille de la finale aller de la champions league africaine qui l’oppose ce dimanche à Cotonsport de Garoua. L’intérêt des médias est là, mais pas à la hauteur d’un match de cet acabit. La finale ne déchaîne pas encore les passions, elle ne polarise même pas l’attention de l’opinion publique qui est plus occupée par des faits « subsidiaires ».
Le ballon d’or africain fait partie de ces faits « secondaires » qui ravissent la vedette à la finale. Et pour cause, deux égyptiens sont en lice et pas des moindres : Abou Treika (Al Ahly) et Amr Zaki (Wigan). Cette course au ballon d’or n’aurait pas occupée les devant de la scène si les deux nominés étaient tous issus d’Al Aly. Amr Zaki est joueur de Zamalek prêté à Wigan. Ses brillantes prestations en premiere league font de lui, aux yeux des supporters de Zamalek, le sérieux successeur de Kanouté. Côté Al Ahly, la réplique est formelle, le joueur le plus « populaire » au monde, Abou Treika, a tout gagné avec son club et son équipe nationale, il mérite amplement le ballon d’or. La rivalité séculaire qui existe entre les deux clubs depuis leur création (Al Ahly 1907)-(Zamalek-1911) trouve donc en la course au ballon d’or un champ propice aux joutes oratoires où tout y passe, noms d’oiseaux, volée de bois verts.
Dans cette sempiternelle querelle, l’enlisement, voire même l’extinction de l’autre est ce que l’un désir au plus haut point. On comprend donc pourquoi, à l’approche de la finale de la champions league, les ahlaoui suivent de près les piètres résultats de Zamalek en championnat, et surtout les dernières nouvelles de la direction du club qui brille par son instabilité et ses frasques. On doit s’assurer que Zamalek n’est pas sorti de l’auberge et que pour les titres, Al Ahly peut les remporter à sa guise, tant l’adversaire ne fait plus le poids. En plus, il faut se démarquer de Zamalek en remportant un sixième titre (Zamalek en compte cinq) et dominer sans partage le football égyptien et africain. On est en droit de le dire sans risque d’être contrarié, dimanche, au nom de la rivalité Al Ahly/ Zamalek, Cotonsport aura, du moins moralement, des supporters inattendus, les zamalkaoui qui bien sûr ne feront pas le déplacement du stade du Caire, mais seront tous de cœur avec Cotonsport !
La toute puissance d’Al Ahly et son omniprésence ne choque plus seulement son rival Zamalek, mais tout le monde, y compris ses propres supporters. Sa dernière trouvaille est la chaîne de télé Al Ahly qui vient d’être lancée et qui monopolise les droits de retransmission de ses matches. La télévision publique n’a pas filmé l’arrivée de Cotonsport, seule les caméras de la chaîne Al Ahly et de quelques chaînes « accréditées » par Al Ahly ont eu le privilège de filmer. Certaines chaînes qui ont eu le cran de braver Al Ahly ces derniers temps ont laissé des plumes. D’autres ont vécu l’interruption des signaux en pleine retransmission du match Al Ahly/Pétrole Assiout. « Al Ahly est au-dessus de tout » pouvait-on entendre. Face donc aux malentendus que suscite cette démarche largement critiquée, Al Ahly a invité des experts qui gèrent la retransmission des matchs de la premiere league pour une conférence qui a lieu ce samedi (à 24 heures de la finale!) en vue d’éclairer une fois pour toute l’opinion publique.
Cotonsport “le petit bleu”
Le statut de l’adversaire que croise Al Ahly en finale contribue d’autre part à entretenir ce peu de cas. Une affiche Al Ahly/Espérance de Tunis, Al Ahly/Raja de Casablanca n’aurait jamais bénéficié de pareil confiance ou désintérêt. Il n’y a qu’à entendre l’air altier avec lequel on parle de Cotonsport dans les médias. L’incident de l’aéroport a été qualifié « d’insoumission », « d’indocilité ». La victoire d’Al Ahly est donc « certaine », la seule équation à résoudre c’est comment prendre une sérieuse option ici au Caire.
Blanc bec, Cotonsport l’est et l’assume avec fierté. La relative jeunesse de ses joueurs et le mental camerounais sont quelques unes de ses vertus qui commandent à Al Ahly beaucoup de prudence et de concentration. Al Ahly s’est attaché les services d’un psychologue, le Dr Chéhata Mahrouss qui entretient les joueurs pendant vingt minutes avant chaque séance d’entraînement.
Sur le plan technique proprement dit, Al Ahly s’achemine vers un système offensif avec deux attaquants de pointe, probablement Ahmad Bilal et Flavio Amado. Le milieu pourrait être animé par le trio Abou Treika, Ahmad Hassan et Hossam Achour. Mohamad Barakat occupera vraisemblablement le côté droit et Gilberto le côté gauche. Le trio défensif qui a livré les derniers matches du championnat devrait être reconduit, Shady Mohamad, Wael Gomaa et Ahmad Sayyed; les buts seront gardés par Amir Abdel Hamid.
Malgré tout, chez les supporters égyptiens, la ferveur atteindra son paroxysme dimanche le jour-J et la finale qui a commencé à l’aéroport promet des étincelles au stade international du Caire. Plus de 35 mille billets sont déjà vendus sur un total de 53 mille 500, et c’est toujours la ruée musculaire vers les différents points de vente au siège d’Al Ahly à Al Jazira et sa branche située à Madinat Nasr.
Moustapha Nsangou, au Caire