Encore sous le choc, les joueurs de l’équipe du Cameroun ont décidé de jouer dimanche la finale de la Coupe des Confédérations contre la France et de dédier le match à Marc-Vivien Foé mort sur le terrain des demi-finales.
« L’équipe a décidé de jouer pour l’hommage. Nous l’avons décidé à 2h00 du matin. C’est très dur pour les Camerounais, mais lui aurait aimé disputer cette finale. On va le faire pour lui », a déclaré Roger Milla, figure emblématique du football camerounais et aujourd’hui dirigeant.
« Quelle valeur cela peut-il avoir ? Aucune, vraiment aucune. Aucune valeur. Mais il faut terminer la compétition pour lui. »
Marc-Vivien Foé avait 28 ans. Il est mort jeudi soir après s’être effondré à un quart d’heure de la fin de la demi-finale remportée 2-1 par le Cameroun contre la Colombie.
Les causes de son décès n’ont pas été établies. Le procureur de Lyon, Xavier Richaud, a déclaré que les premiers résultats de l’autopsie n’avaient « rien montré d’anormal » qui puisse l’expliquer.
« Nous excluons l’idée d’une rupture d’anévrisme. Des examens toxicologiques vont être pratiqués, mais cela va prendre du temps, » a-t-il ajouté.
La FIFA a révélé que Foé avait souffert de diarrhées ces derniers jours, mais le Dr Olivier Assamba, médecin de l’équipe camerounaise, s’est dit « convaincu qu’il n’y a aucune relation entre ces ennuis gastriques et ce qui lui est arrivé. »
Quelques voix se sont élevées pour dénoncer les cadences infernales qui sont imposées aux joueurs de football professionnel. D’autres pour dire que les calendriers internationaux et nationaux n’étaient pas responsables.
Dans le monde du football, l’heure était surtout à l’émotion.
Sepp Blatter, président de la FIFA, est allé présenter ses condoléances à la famille du joueur décédé et aux joueurs du Cameroun.
« Nous devons faire face à la situation. La tristesse oui, mais l’espoir aussi, il faut garder une vision vers l’avenir », a-t-il dit aux Lions Indomptables.
« J’ai appris que vous avez pris la décision de jouer cette finale. Et c’est formidable. C’est formidable parce que vous allez la jouer à la mémoire de celui qui non seulement était votre collègue mais aussi votre ami ».
COUPE MARC-VIVIEN FOE ?
Sepp Blatter a ajouté que la prochaine édition de la Coupe des Confédérations pourrait être rebaptisée Coupe Marc Vivien Foé. « Nous avons déjà eu une proposition en ce sens. C’est une excellente idée que nous allons étudier », a-t-il dit.
Sepp Blatter a rendu un hommage appuyé au joueur qui a représenté son pays dans deux Coupes du monde et a contribué à sa victoire dans deux Coupes d’Afrique des Nations en près de dix ans de carrière internationale.
Arrivé en France en 1994, Foé a joué pendant cinq saisons au RC Lens avec lequel il a remporté un titre de champion de France et joué une finale de Coupe de France.
Il a poursuivi sa carrière à West Ham en 1999 avant de revenir en France, à Lyon, où il avait gagné une Coupe de la Ligue et un titre de champion de France avant d’être prêté à Manchester City la saison dernière.
Sa disparition a provoqué une intense émotion à Yaoundé. Les Camerounais ont rapidement oublié la joie de la victoire sur la Colombie pour céder au désespoir. Plusieurs personnes sont tombées en syncope et ont été hospitalisées. Les cafés et les rues de la capitale ont été rapidement désertés.
« Pendant un moment, nous étions si heureux mais les gens ont commencé à pleurer dans les rues, dans les cités et dans les villes. Partout, des pleurs ! », a déclaré une fonctionnaire, Martha Chinda. « Nous sommes tous en deuil ».
Sepp Blatter a rendu un hommage appuyé au joueur disparu.
« Il était une légende du football camerounais. A 28 ans, il était comme la transition entre l’ancienne formation camerounaise et les jeunes qui sont là aujourd’hui », a-t-il dit.
Le plus bel hommage a sans doute été celui de l’équipe de France qui a appris le décès de Foé juste avant d’entrer sur la pelouse du Stade de France pour rencontrer la Turquie dans l’autre demi-finale de la Coupe des Confédérations.
La photo de Thierry Henry rassemblant ses partenaires autour de lui, doigt levé vers le ciel, pour dédier à Marc-Vivien Foé le premier but de la victoire française (3-2) a fait la « une » de tous les journaux.
Le sélectionneur Jacques Santini a éclaté en larmes à la fin du match.
« Il n’y a rien à dire. C’est vraiment trop dur », a-t-il dit. « Au vestiaire, il n’y a pas eu de mots. Entre la fin de l’échauffement et l’appel de l’arbitre, le vestiaire était comme ailleurs, comme s’il n’y avait pas de demi-finale à jouer. »