La désillusion de la Coupe du Monde de la FIFA, Corée/Japon 2002 n’a pas été digérée au Cameroun. Mais les supporters, eux, sont toujours derrière les hommes de Winnie Schaefer. Comme Marcel Boum, qui tient à Paris un restaurant au nom évocateur : « Le Lion Indomptable ». Lui croit dur comme fer en son équipe et compte bien faire la fête tout au long de la Coupe des Confédérations de la FIFA, France 2003. Son restaurant offre 10% de rabais sur toute facture sur présentation du ticket d’entrée au stade, acheté à travers camfoot, la Fecafoot, ou directement à la place des longchamps. Rencontre.
Pas très loin de la Place de la Nation, dans l’Est de Paris. « Le Lion Indomptable » n’est pas si facile à trouver. Dans ce quartier très cosmopolite de la capitale française, ce petit restaurant ne paye pas de mine, au bout de la rue de la Réunion. On dirait presque un vieux bar un peu délaissé. Jusqu’à ce que l’on franchisse le pas de la porte.
Là, les couleurs fusent. Jaune, rouge, vert bien sûr. Au mur, des dizaines de photos, des posters de l’équipe camerounaise. L’abat-jour de la lampe qui trône sur le bar n’est autre qu’une photo de l’équipe nationale. Un vrai musée. Et puis arrive Marcel Boum, le patron « français d’origine camerounaise », selon son expression. Cet homme un peu enveloppé de 41 ans porte un bermuda et une chemise bariolée ou est inscrit en gros « Lions Indomptables 2002 ».
« Des garçons qui mouillaient le maillot »
Avec un sourire indéracinable, surtout quand il évoque « son » équipe, il raconte sa passion pour les Lions Indomptables. Le restaurant compte deux télévisions, une dans chaque salle. Et un magnétoscope, pour se repasser les matches phares. Ce soir, c’est la Coupe du Monde de la FIFA, Espagne 1982. « Ca c’était la plus belle équipe, des garçons qui mouillaient le maillot, dit-il en servant le poulet Yassa. On est reparti invaincu, les Italiens sont passés à la différence de but… ».
Et puis il y a eu 1990 et le « phénomène » Roger Milla, héros national. Marcel n’est pas peu fier de montrer une photo de lui bras dessus – bras dessous avec Milla. Et passe en revue tous les internationaux venus chez lui : Jacques Songoo, Lucien Mettomo, le franco-camerounais Jean-Alain Boumsong… Son restaurant est une place connue dans la communauté footballistique camerounaise. « J’ai un accord avec la Fédération camerounaise, elle m’envoie des gens ici ».
Marcel Boum (d.), français d’origine camerounaise, propriétaire du restaurant parisien « Le Lion Indomptable », en compagnie de Roger Milla (g.), ancienne star de l’équipe du Cameroun, dans son restaurant.
Les soirs de matches, les supporters se retrouvent au « Lion Indomptable ». « Il y a bien une soixantaine de personnes qui tiennent ici, tout le monde est debout. Pendant la dernière Coupe du Monde, on enregistrait les rencontres le matin, et on les passait le soir », explique-t-il. Lors de la Coupe d’Afrique des Nations 2002, la télévision française est venue en reportage, pour la finale. « Il y avait beaucoup de monde, c’était la fête. De toutes façons, la CAN nous appartient ! », jubile-t-il.
Pour la Coupe des Confédérations de la FIFA, France 2003, Marcel espère toujours que les supporters se mobiliseront. Il « attend des réponses », dit-il de façon énigmatique. Mais il souhaite surtout que son équipe redresse la tête. « En Asie, les joueurs sont arrivés fatigués. En passant trois jours dans l’avion, ce n’était pas simple. Et puis à peine débarqués, ils ont joué un match amical dans la foulée… », regrette-t-il.
Des Lions vraiment indomptables
Quant aux désillusions lors des matches amicaux, elles ne l’inquiètent pas plus que cela. « Notre défaite contre la Côte d’Ivoire (ndlr : 3-0 à Châteauroux en France en février) ne signifie rien. Un match amical, c’est comme un entraînement ! », s’esclaffe-t-il. Marcel pense que son équipe peut gagner la Coupe des Confédérations, même s’il ajoute un bémol : « Bien sûr que l’on est capable de gagner ! Mais avec les Lions, c’est toujours un peu compliqué, c’est la surprise. C’est pour cela qu’on les dit ‘Indomptables’ ! ».
Selon lui, les joueurs seront motivés. Car nombreux sont ceux qui ont à prouver. « Plusieurs sont à la fin de leur contrat. Ils doivent montrer leur valeur pour assurer leur avenir ». Et puis il y a les jeunes qui poussent derrière. « Il y en a un qui joue en Europe de l’Est, dont tout le monde dit le plus grand bien. Et un autre en Belgique aussi je crois… », évoque Marcel.
Son grand rêve, battre le Brésil. « Ce serait vraiment bien. Nous les avons battus une fois, mais c’était aux Jeux Olympiques de Sydney, avec les Espoirs. Il y avait quand même Ronaldinho dans la Seleçao… », se souvient-il. Quant à une rencontre face à la France, elle aurait une saveur particulière, forcément. Marcel est arrivé en France en 1985, pour ses études, et n’en est jamais reparti. « On s’habitue au lieu, à la communauté, et finalement on est comme chez nous », dit-il simplement. « Pour moi, c’est très clair : je suis supporter de la France quand le Cameroun n’est pas dans la compétition ». Une phrase qui résume bien son état d’esprit.
Evidemment lorsqu’il s’agit de donner un favori… « Le Cameroun bien sûr, on n’est jamais mieux servi que par soit-même ! », dit-il en partant dans un énième éclat de rire. Mais tout de même, la France n’est pas très loin. « Même sans Zidane, c’est une grande équipe. Il y a tellement de grands joueurs. » Son vœu est avant tout que la fête soit belle et que son équipe donne sa pleine mesure. « Là, ils doivent vraiment faire quelque chose », lance-t-il. Avant, discrètement et dans un sourire évocateur, de souffler : « on va la gagner ! »