MARCOUSSIS – Le visage grave, la voix chargée d’émotion et les propos empreints d’une grande dignité, joueurs et sélectionneur du Cameroun ont répété samedi qu’ils avaient le devoir de disputer dimanche la finale de la Coupe des Confédérations de football contre la France, à la mémoire de leur coéquipier, Marc-Vivien Foé.
« S’arrêter là aurait été un acte de trahison envers Marco qui est tombé les armes au poing », lâche ainsi Lucien Mettomo, selon qui « le Cameroun a le devoir d’aller au bout. »
Le défenseur, qui s’exprimait à Marcoussis lors de la première conférence de presse du Cameroun depuis le décès de Foé, est manifestement très ému. Il était en effet le compagnon de chambre du milieu de terrain, décédé jeudi à Lyon après un malaise lors de la demi-finale Cameroun-Colombie, et son coéquipier en club, à Manchester City.
« Je continue à parler de lui au présent, poursuit Mettomo. Quand je rentre dans ma chambre ou au détour d’un couloir, je me dis que je vais le trouver là. Je n’arrive pas à comprendre qu’il soit parti. Mais nous devons jouer pour respecter sa mémoire, comme sa mère et son épouse nous l’ont demandé. Si on avait renoncé, Marco nous regarderait de là où il est en se demandant: +Je suis tombé pour quoi?+ »
« La décision de jouer est un signe de respect envers Marco, renchérit le capitaine, Rigobert Song. Cela a été une décision collective, prise avec toute la délégation. »
Et Song d’évoquer la personnalité de Foé, avec qui il était très lié: « C’était un grand frère, quelqu’un de très cool qui ne se prenait pas la tête. Il était mon aîné d’un an, nous avons grandi dans le même quartier et avons partagé beaucoup de choses ».
« A la mi-temps contre la Colombie, il nous a dit: +Les gars, il faut se donner à fond, et ceux qui ne peuvent pas doivent se faire remplacer », ajoute le défenseur de Lens, en montrant aux journalistes une photo jaunie datant de l’époque où lui et Foé jouaient en équipe cadets.
« Sa mort est une chose sur laquelle je dois travailler dans ma tête, l’évacuer. Il était très proche de moi », insiste Song, très touché par les appels téléphoniques et les fax qu’ont envoyés aux Camerounais les joueurs de l’équipe de France, qui seront leurs adversaires dimanche pour ce match si particulier.
De son côté, le sélectionneur allemand des Lions indomptables, Winfried Schaefer, assure que cette finale sera « (son) match le plus difficile en tant qu’entraîneur ». « Mais nous allons essayer de faire un grand match, pour Marco qui est parti et pour tout le Cameroun ».
Schaefer a la peau claire et la tignasse blonde d’un Européen du nord, mais l’émotion est la même que celle de ses joueurs: « Hier (vendredi) et aujourd’hui (samedi), j’ai entendu certaines déclarations qui m’ont beaucoup affecté. Certains n’ont pas montré beaucoup de respect envers celui qui est parti. Des caméras sont allées filmer chez Marco, il n’y a pas eu beaucoup de retenue. »
Quant au déroulement de la finale, les Camerounais ne veulent pas encore y penser, comme le dit tristement Mettomo: « Si je pouvais lire l’avenir, j’aurais pu retenir Marco. »