Après un voyage de deux heures, la petite équipe Camfoot.com découvre l’ancienne capitale de la Gaule… et son stade de Gerland construit en 1914, mais inauguré seulement en 1920 comme un stade omnisports. Ce n’est que dans les années 50 qu’il a commencé véritablement à accueillir des rencontres de football. Sa capacité sera augmentée, pour faire face à la hausse de fréquentation, notamment lors des derbys avec le voisin de l’AS Saint Etienne.
C’est une ville assez propre, avec des transports modernes (le tram). Nous prenons donc la ligne B du metro pour le stade. Les camerounais sont dans presque chaque wagon, on est à 2 heures du coup d’envoi. Des groupes d’animation aux couleurs des 2 équipes s’attèlent à leur tam tam. Pour le bien de nos yeux, nous nous y attardons quelques minutes, mais sommes vite rattrapés par le travail. Il nous faut faire connaissance avec la salle de presse.
Horreur; elle est EN DEHORS du stade, dans le petit palais des sports voisin. Entre l’aire de jeu et cet endroit, il faudra compter au minimum 5 minutes pour y arriver. Pas évident d’envoyer photos et papiers à la mi-temps pour tous les journalistes présents, et ensuite de revenir suivre la 2eme mi temps comme d’habitude.
Bon puisqu’il faut faire avec, on prend nos marques, j’envoie les premières images photos à ma rédaction, dans l’espace Internet de la salle, où nous retrouvons nos confrères de Cameroon Tribune, Global Foot, Africa numéro 1, BBC, Fecafootonline. La télé de l’OL interviewe certains d’entre nous pour leur spécial « Coupe des Confédérations »
À est 21h moins le quart, le match va bientôt débuter. Je sors de la fameuse salle de presse, traverse la route, arrive aux grilles de Gerland, passe les nombreux barrages filtrants à l’aide de mon badge et je cherche donc l’accès à la pelouse.
Difficile de trouver l’accès, mais un généreux compatriote me dirige vers l’accès au loges où les vigiles acceptent de me faire passer.
Le décor est beau, bien capitonné, moquette, climatiseurs (il fait 35°C dehors) champagne et petits fours à volonté. Je fais l’objet d’une délicate attention. Le gars de la sécurité me demande si j’ai soif. Que pensez-vous que j’ai répondu? on s’arrête au bar et je m’assure d’un grand verre de Minute Maid bien glacé, je grignote leurs petites pizzas au thon, et aussi des légumes frais taillés finement accompagnés de « trempette »comme jadis au Canada. Fin prêt et dispo, je prends l’ascenceur qui mène aux vestaires des joueurs en traversant le long couloir lyonnais, séparé par une rampe en fer.
Les jeunes qui portent les drapeaux des 2 équipes et celui du fair-play sont là; je traverse rapidement et me voila sur la main courante.
Les joueurs rentrent sur le terrain et c’est vraiment bizarre de voir Foé, Gérémi, Song et Eto’o, les titulaires irremplaçables sur le banc. Ils sont hilares, on s’échange quelques mots; Djemba et Mbami me demandent de leur filer des photos d’eux (j’en ai une du match du Brésil en noir & blanc). Le onze entrant du jour est inédit, on les cadre rapidement et le match commence
C’est le coup d’envoi, le 1er match international pour plusieurs des titulaires du match dont le jeune Kwekeu, en sa qualité de meilleur gardien du championnat camerounais. Il tape dans ses mains au coup de sifflet, comme pour se donner du courage pour briller aux yeux du monde.
L’ambiance au stade est bonne, les camerounais sont dans toutes les tribunes avec soit leur « démembré » soit avec le maillot de la Can 2000. Les chants sont toutefois couverts par le vacarme de la « SAM’s ARMY » un petit groupe de supporters américains, placés dans la tribune supérieure du virage. Côté amerloque, en 1ere mi-temps, ils donnent de la voix, hurlent, motivent leur équipe.
Les minutes passent; je suis posté du côté de Joël « Maurice GREENE » Epallè, qui donne le tournis à son vis -à-vis du jour. J’observe un peu Falemi pour voir enfin qui est ce joueur. Ses passes semblent propres et précises, il est sobre. Pendant qu’il fait l’objet de mes attentions, Job rate une tête à 2 mètres des poteaux, premiers sifflets du public à son encontre, on sent que le joueur veut bien faire dans sa ville natale! Kwekeu fait un arrêt, et est tout de suite sauvé sur sa ligne par la défense : on s’en sort bien. Le match est plaisant, mais sans plus. La mi-temps approche, il faut penser à se positionner pour courir à la lointaine salle de presse pour que la rédaction de Camfoot puisse avoir les premières images du match.
Salle de presse : demi surprise, elle est vide, la plupart des confrères ayant préféré rester sur le terrain. Les bénévoles Fifa me parlent du remake de la finale 98 puisque le Brésil menait contre la Turquie. Time to go back, on s’ennuie un peu, Mezague devant moi fait un bel enchainement suivi d’un tir juste à côté… Nous apprenons que la Turquie mène, info que je relaie à mes confrères de la touche. Tout le monde est surpris, on craint les turcs côté photographes français.
À la fin du match, nos gars se saluent et rentrent rapidement au vestiaire, DJEMBA excepté. Il va vers le virage à droite de la tribune officielle saluer des amis (?), qui lui demandent son maillot. Il répond que ce n’est pas possible puisque c’est son maillot d’entraînement. D’ailleurs, il n’a pas le droit de le donner. Il se plie après à l’interview de la CRTV et rejoint ses camarades juste après.
Le stade se vide rapidement. Devant la tribune officielle, le ministre des Sports s’éclipse dans une voiture noire. Jean-Lambert NANG de la CRTV discute avec Mr IYA Mohammed, président de la Fédération alors que Mr et Mme Roger MILLA sont les vedettes du jour. Tout le monde veut leur parler. Un groupe de supportrices refusent que je les cadre toutes seules, histoire de le faire avec « l’ambassadeur itinérant » qui vient de s’éclipser lui aussi; pourtant, ces mamans sont très belles, avec leurs maillots verts floqué « NJANKA ».
Salle de presse: mon collègue Hervé Kouamouo a déjà posté son papier, le compte rendu du match. M’attèlant à la même tâche, j’envoie les photos et nous voilà en route.
Le retour sur Paris fut tout simplement subliminal. On sympathise avec des camerounais qui s’avèrent être ceux qu’on avait croisé la veille. Pendant tout le trajet, on discute du match, de la suite du tournoi, du championnat camerounais. Martin-Camus MIMB, de radio Equinoxe de Douala n’est pas loin, il va s’assoupir un peu, vu le rythme qui nous est tous imposé; 3 matches à couvrir en 5 jours, et ce n’est pas fini.
Rendez vous est pris pour jeudi au même endroit, cette fois contre les colombiens… d’heureuses mémoires refont surface. J’ai eu la chance il y a bien longtemps, d’aller en Coupe du monde. Chose étrange, le 1er match auquel j’ai assisté était ce match du 23 juin 1990 à Naples, entre les Lions et la Colombie. Higuita, Valderrama, Djonkep et bien sûr Milla, pour moi c’est un excellent souvenir.
Jean-Pierre ESSO, à LYON