Assurément, l’Histoire a une bonne mémoire. Une bonne mémoire à laquelle elle ajoute, par hasard ou grâce aux forces occultes dont nous ne maîtrisons pas encore la puissance, tous les ingrédients qu’il faut pour reconstituer des décors qu’on croyait à tout jamais emportés par le temps.
Cameroun-Colombi… Il faudrait, pendant treize ans, marcher à reculons dans le temps, pour assister à un match de football opposant les deux équipes. Un hasard absolument somptueux. Car, si l’on tient compte de la position géographique du Cameroun par rapport à la Colombie, des centaines et des centaines d’années auraient très bien pu s’écouler, sans que, de compétition en compétition, l’organisation des matchs mettent les deux formations l’une en face de l’autre. Pourtant, le Mundial italien a permis, au cours de l’été 1990, ce miracle pour la première fois. Aujourd’hui, au Stade Gerland de Lyon, en France, le Cameroun va à nouveau affronter la Colombie. C’est absolument clair : l’Histoire se répète, surtout lorsqu’il s’agit des matchs de football.
Cependant, si le Cameroun et la Colombie, l’Africain et la Sud-Américaine, sont rigoureusement restés à leurs places géographiques respectives, leurs équipes de football, elles, ont connu tous les éclatements. Du côté camerounais, Roger Milla, Jules Onana et Thomas Nkono ne trônent plus que dans les souvenirs de ceux qui ont aimé et continuent d’aimer le football. Du côté colombien, Higuita n’amuse plus la galerie de son talent et de ses facéties ; la belle tignasse de Valderama ne sera plus là pour créer la diversion. Néanmoins, d’un côté comme de l’autre, la pratique du football a sûrement gagné en maturité. Et c’est tant mieux.
Les pronostics ? Et bien, cela est franchement curieux : d’un côté l’Amérique Latine est, depuis les décennies déjà, la terre de football par excellence, avec, comme têtes de proue, le Brésil et l’Argentine. De l’autre côté, le Cameroun, » petite nation de football » coincée au cœur d’une Afrique dont aucun pays n’a gagné la coupe du monde, n’a jamais tout à fait plié l’échine devant un représentant sud-américain. Le Brésil l’a, certes, rossé (3 à 0) lors du Mundial de 1994, aux Etats-Unis. Mais le » petit pays africain » a rendu coup pour coup, face à ce Brésil qu’il a battu aux jeux olympiques d’Australie et, récemment, à la coupe des Confédérations 2003. A part cela, rappelons que le Cameroun a battu, à la régulière, l’Argentine et la… Colombie, en 1990, lors du Mundial italien et qu’il aurait pu battre le Pérou, en 1982, et le Chili, en 1998, si les arbitres n’en avaient pas décidé autrement et bizarrement… Donc, si la tradition est respectée, le Cameroun qui ne perd pratiquement jamais devant une formation sud-américaine, part largement favori face à la Colombie. Comme il y a treize ans…
Bien entendu, il faut faire attention : le football n’est pas une science exacte.
Patrice ETOUNDI MBALLA