Avant cette édition 2015, Yaya Touré a joué cinq CAN sous les ordres de cinq managers différents. Personne n’a rouvé la bonne carburation pour permettre au milieu ivoirien et à sa sélection d’atteindre le succès qu’ils méritent. Cette fois, les instances ivoiriennes se sont tournées vers un homme qui a déjà accompli l’exploit de gagner la CAN.
Même si cet exploit avait été accompli en des circonstances totalement différentes. Hervé Renard est l’éminence grise derrière le premier titre de la Zambie qui fut l’une des plus histoires du tournoi en 2012. Les Chipolopolo s’étaient imposés lors de la séance des tirs au but à Libreville, l’endroit même qui avait vu le fameux crash d’avion qui avait emporté 19 joueurs zambiens et 12 passagers, 19 ans plus tôt. La Côte d’Ivoire officiait encore dans le rôle de finaliste malheureux.
Guider les Eléphants vers la finale pour qu’ils tentent de décrocher un premier titre depuis 1992 a été un chemin tortueux pour Renard. La plus grosse difficulté était sans doute d’organiser une équipe pleine de stars et d’individualités.
Didier Drogba n’est plus là, mais Wilfried Bony a repris le rôle de buteur star de la Côte d’Ivoire, surtout depuis son départ à Manchester City. A sa gauche, il est soutenu par Gervinho, tandis que Kolo Touré surveille l’arrière-garde en compagnie de la jeune vedette Serge Aurier.
Yaya Touré est cependant la véritable attraction de cette équipe. Le milieu de 31 ans a également été un véritable dilemme tactique pour sa sélection. Un dilemme qui se pose aussi parfois en club, car Manchester City n’a remporté aucun des 4 matchs de Champions League où Touré a joué cette saison. Le placer un peu plus haut sur le terrain pour le libérer des corvées défensives n’a pas eu le résultat escompté. Ses efforts pour trouver le meilleur poste où s’exprimer a fragilisé la structure de l’équipe toute entière.
Sous la férule de Renard, il n’y a pas eu d’organisation spéciale pour Touré. Et le capitaine ivoirien a été l’un des joueurs les plus influents de son équipe. Une équipe qui a joué à travers lui, sans qu’il n’ait jamais à forcer son jeu, lui qui a réussi 194 passes depuis le début du tournoi (record dans la compétition) depuis sa position au sein du double pivot de Renard.
Touré évolue en duo avec un autre joueur expérimenté qui est Serey Die, avec qui il partage des qualités de récupération et de distribution du ballon. Les deux hommes contribuent à créer une arrière-garde solide pour leur sélection. Une sélection qui n’a concédé que deux buts en phase de poules. Mais la Côte d’Ivoire n’a marqué que trois fois et des voix se sont élevées pour que Renard libère Touré.
Mais le Français a gardé les mêmes convictions, affirmant que lui n’avait pas un Fernandinho pour jouerde la sorte. Et Les Ivoiriens ont battu les favoris algériens sur le score de 3-1 en quarts. La RD Congo est tombée sur le même score dans un match au cours duquel Touré a marqué le premier but.
Renard a opté pour une défense à trois ce qui a permis à Aurier de se dédoubler avec Touré sur le côté droit. Lors des deux derniers matchs des Ivoiriens, 39% de leurs attaques sont venues de ce côté droit, contre 32% sur le flanc gauche. En phase de poules, contre le Cameroun et le Mali, c’était 44% à droite contre 30 et 26% respectivement pour l’autre flanc.
Les attaques à droite ont pu créer des opportunités sur corner et coups-franc, et l’artificier se nomme Touré. Des situations comme celle qui a amené le but de Bony contre l’Algérie ont pu attester de l’efficacité de ce style de jeu.
Touré est le meilleur joueur en Afrique et il est toujours capable de créer des moments de magie qui permettront à la Côte d’Ivoire de remporter la CAN. Cependant, la sélection drivée par Hervé Renard est devenue une équipe équilibrée qui peu s’en sortir sans compter uniquement sur ses talents. Touré a la plus grande opportunité de sa carrière de remporter un grand trophée international ce dimanche à Bata.
Par Oliver Platt