La gestion de l’effectif et l’environnement de l’équipe ont contribué à une élimination au premier tour.
Au lendemain d’une coupe du monde 2014 bâclée, une autopsie de l’échec sous l’impulsion des pouvoirs publics a débouché sur le chantier de la reconstruction qui a vite produit des résultats probants avec quelques matchs de référence. On a alors parlé d’un nouvel état d’esprit qui devait éloigner définitivement toutes les tares qui pourrissaient l’atmosphère. Ce rêve est momentanément brisé. Comment une équipe qui a survolé son groupe qualificatif, en étrillant les équipes de la Côte d’Ivoire et de RDC, futurs demi-finalistes, s’est-elle effondrée subitement ?
La CAN qui devait servir de vitrine à la renaissance des Lions a tourné à l’élimination prématurée dans un groupe (Côte d’Ivoire, Mali, Guinée) pourtant abordable, avec deux matchs nuls, une défaite, deux buts marqués pour trois encaissés. « Globalement, les Lions ont produit du jeu, mais l’impression générale c’est que chaque joueur se produisait pour lui-même au lieu de se mettre au service des coéquipiers comme lors des éliminatoires. On n’a pas véritablement fonctionné comme une équipe qui se projette vers la victoire.» Ce diagnostic de l’ancien Lion, Michel Kaham, peut résumer le parcours du Cameroun à la CAN 2015. Certes, la sélection nationale n’était pas formatée pour gagner absolument le trophée. Toutefois, son passé dans la compétition, la somme d’expériences engrangées et l’épaisseur du palmarès (quatre titres) faisaient d’elle un « gros outsider ».
Un retour sur les trois matchs disputés donne l’impression que le staff technique a consciemment ou non, dilapidé l’énorme capital de ressources et de confiance. La volonté de ramener de l’ordre dans la tanière semble se heurter aux intérêts obscurs. Selon certains observateurs, ce n’est pas la qualité intrinsèque de l’équipe camerounaise qui serait en cause, mais la mauvaise gestion de l’effectif. En s’inspirant de l’adage selon lequel « on ne change pas une équipe qui gagne »,
Volker Finke aurait pu aligner en phase finale une sélection plus ou moins identique à celle des éliminatoires. La prestation globale des Lions à la CAN constitue donc un énorme gâchis. Mais, tout n’est pas à détruire pour une énième reconstruction. S’il faut élaguer quelques branches, le groupe a du bon dans l’ensemble. Si le staff technique peut être blâmé pour certains choix, il ne revient ni au public, ni aux joueurs de décider à sa place. Certains jeunes Lions gagneraient aussi à être plus humbles et patients dans l’effort. En attendant plus de professionnalisme dans l’encadrement administratif, le jeu nocif de certains acteurs de l’ombre commande de parachever au plus vite le processus électoral qui s’éternise à la FECAFOOT.
Jean Marie NZEKOUE, envoyé spécial à Malabo.