L’ancien gardien de but des Lions Indomptables, Bell Joseph Antoine analyse la mauvaise prestation de la sélection camerounaise à la CAN Guinée Equatoriale 2015. Entre autres interrogations, l’aspirant à la candidature de la présidence de la Fécafoot pointe du doigt la gestion des ressources humaines des quadruples champions d’Afrique. Entretien…
Qu’est ce qui a fait défaut au Cameroun ce soir ?
Ce serait mal analyser que de prendre simplement le match contre la Côte d’Ivoire. Vous pensez bien que si le Cameroun avait gagné deux matchs auparavant, perdre contre la Côte d’Ivoire ne lui aurait pas barré le chemin. Je pense qu’on a pu voir depuis le début de la compétition, que l’équipe du Cameroun n’a pas été bonne. Elle ne s’est jamais montrée à son avantage. Ceci a eu comme inconvénient qu’elle a démarré le match aujourd’hui, comme-ci le match nul lui suffisait. Cet attentisme a laissé les ivoiriens prendre possession du jeu et fort logiquement mener au score. C’est symptomatique que le but camerounais soit pris sur une perte de balle largement évitable par quelqu’un (Guihoata Ndlr) qui jouait son 1er match. On pourrait se demander qu’est-ce que l’entraineur voulait prouver en le faisant jouer spécialement ce match ? J’ai l’impression que l’absence de clarté dans la gestion des ressources humaines de cette équipe lui a coûté la qualification.
Clinton Njie réclamé par plusieurs anciennes gloires du football africain pouvait-il faire la différence dans ce match ?
Je ne vais pas rentrer dans cette polémique parce que je ne suis pas à l’entrainement tous les jours. Mais la question qu’on peut se poser, c’est ce qui peut justifier qu’il ne soit entré dans aucun des matchs précédents ? Etant donné qu’il ait joué la plupart si ce n’est la totalité des matchs de qualification, l’entraineur le considérait comme une valeur sûre de son équipe. On ne l’a vu qu’une vingtaine de minutes au troisième match. S’il n’était pas blessé, ça pourrait susciter des interrogations. Je n’ai pas l’habitude de demander aux entraineurs ce qu’ils font de leur effectif. En revanche nous prenons tous acte qu’il a perdu tous ses matchs. Ça ne peut pas être satisfaisant. C’est à lui de se demander qu’est-ce qu’il a fait de son effectif ? C’est vrai qu’il y a des curiosités dans le management de cette équipe. Vous me connaissez, je ne vais pas écouter aux portes, donc je ne suis pas au courant de ce que vous connaissez parce que vous allez écouter aux portes. Ce n’est pas du tout mon rôle. Comme les dirigeants fédéraux souhaitent autant la victoire que les camerounais, ils devraient prendre des décisions qui mènent à la victoire. Ce qui est curieux est de voir qu’ils sont soupçonnés de prendre des décisions qui sont à l’encontre du bon fonctionnement de l’équipe. Ça, c’est extrêmement grave. Je ne sais pas du tout à quoi ils pensent. Il est manifeste que cette équipe ne se portait pas bien.
L’équipe du Cameroun est en pleine reconstruction. Cette défaite ne pourrait-elle pas plomber la dynamique du groupe ?
Vous ne pouvez pas être en reconstruction et ne jamais perdre de match. Le problème n’est pas de perdre des matchs, c’est plutôt la manière de les perdre. Le problème du Cameroun aujourd’hui à mon avis n’est pas de perdre des matchs. Vous voulez que je précisément que je commente des rumeurs. C’est elles qui causent un problème. Comment gérer vous votre équipe ? Vous ne pouvez pas nous dire que vous avez coupé des têtes pour que l’équipe soit plus sereine et qu’on ait des rumeurs persistantes de malentendus dans le groupe et de choses qui ne peuvent pas amener à la victoire. Quelqu’un comme moi qui suis loin de l’équipe est fondé à croire que ces rumeurs sont vérifiées quand on voit l’équipe jouer de cette manière. On se dit qu’il y a effectivement quelque chose de plus profond qui ne va pas.
Entretien mené par James Kapnang