Le consultant en football fait une analyse de la prestation des Lions Indomptables face au Syli national de Guinée. Quelles sont les clés pour ouvrir la voix du second tour ? Fabien Bobo éclaire quelques pistes. Entretien …
Quelle appréciation faites-vous de la prestation des Lions Indomptables face au Syli national de Guinée ?
C’est une très belle équipe des Lions Indomptables qu’on a vue contre la Guinée samedi. Combative, créative, compacte et qui a donné de la réplique à l’équipe de Guinée, contrairement au match contre le Mali où on avait fait une mauvaise entame. Mais, samedi on a vu une équipe des Lions prendre les choses en main dès l’entame de la partie. Cela explique l’ouverture du score très tôt. Et malheureusement, dans l’euphorie de vouloir « tuer » le match on a concédé ce but en fin de première période.
Qu’est-ce qui peut expliquer que les Lions ont eu la maîtrise du match en deuxième mi-temps, avec autant d’occasion de buts, sans pouvoir faire la différence ?
Notre entraîneur n’a pas su coacher l’équipe. Il ya quatre critères logiques pour procéder au remplacement d’un joueur dans un match de football. Il y a par exemple les blessures qu’un entraîneur ne peut souhaiter ou ne peut prévoir. Il y a ensuite le non respect des consignes dans des tâches défensives ou offensives. Quand un joueur ne les respecte pas le coach peut le sortir. Il y a la baisse de régime du joueur qui entraîne le manque de lucidité, la maladresse sur les actions de jeu. Enfin, il y a le changement tactique qui peut entraîner le remplacement d’un joueur. C’est fonction de la modification d’un schéma de jeu. Si je joue en 4-4-2, et que je mène au score à dix minutes de la fin d’un match, je peux renforcer mon milieu de terrain en sortant un attaquant pour revenir en un 4-5-1. Je peux être mené comme ça été le cas contre le Mali. Le coach change son schéma en passant à un 4-4-2 en ajoutant un deuxième attaquant. En ce moment, il peut sortir un joueur à vocation défensive pour mettre l’accent plus sur l’offensive. Je vais m’appuyer sur le troisième critère qui est la baisse de régime. Nos attaquants, à savoir Moukandjo, Salli Edgard et Aboubakar Vincent, ont manqué de lucidité au cours de ce match. On ne comprend pas comment l’entraîneur a gardé ces joueurs sur le terrain jusqu’à la 85ème minute pour sortir Aboubakar Vincent, alors qu’il a eu beaucoup de maladresse et un manque de lucidité. Voilà ce qui explique que nous avons contrôlé la partie sans pouvoir faire la différence dans ce match. L’entraîneur aurait effectué le remplacement d’Aboubakar Vincent dès la reprise de la deuxième mi-temps. On ne peut pas avoir des joueurs brillants pendant les éliminatoires et qu’on ne sait plus les utiliser pendant le tournoi final.
Le dernier match est contre la Côte d’Ivoire et tout le monde connaît les enjeux qui entourent ce match. Comment aborder ce match pour le gagner ?
Je crois qu’on doit avoir le même état d’esprit par rapport à ce que les lions ont présenté samedi, à savoir une équipe combative, présente sur les duels, solidaire dans la récupération des ballons et qui sait se créer des occasions de buts. On a vu plusieurs centres en retrait d’Henri Bedimo, qui atterrissaient sur Aboubakar Vincent, incapable de mettre ces ballons au fond des filets. On a vu cette tête de Mbia – cela ne lui arrive pas souvent – passer à côté du poteau. On a vu cette ouverture lumineuse d’Aboubakar Vincent sur Salli Edgard qui va tout seul vers les buts et du fait d’un mauvais contrôle de balle, se fait rattraper par le défenseur adverse. Il faut créer ce type d’occasion et être solidaire dans la récupération. On a frôlé la catastrophe, parce qu’on a voulu aller chercher la différence. Nous avons laissé des espaces derrière. On a perdu un ballon dans l’entrejeu qui a failli nous coûter cher. Si l’arbitre avait été méchant, le Cameroun aurait concédé un penalty à la dernière minute à cause d’une perte de ballon due à un port inutile de balle. Il faudra donc être lucide devant les buts et prendre les Ivoiriens dès les premières minutes et se mettre en confiance comme on l’a vu samedi.
Entretien mené par Antoine Tella à Yaoundé