Mercredi, 21 janvier 2015, 15h. « Taxi…Taxi ! Me voy a Tres (3) De Agosto Hotel ». « Vamos ! ». Ne croyez pas que je suis celui qui vient de stopper ce taxi. C’est Georges, un compatriote camerounais qui réside à Malabo depuis deux ans. Moi, je ne cause pas espagnol. Bref ! J’entre dans ce taxi de couleur blanche (une Mercedes, Ndlr.), avec deux confrères camerounais.
Je suis assis à la cabine. Entre « frères », on discute des difficultés rencontrées la veille : l’hébergement, la nutrition, et aussi important, le déplacement. Ici, le taxi coûte 500 francs CFA. Et ça peut aller jusqu’à 5 000 francs CFA en fonction du lieu où l’on se rend. Oui, les Camerounais pleurent. Mais voyons, à Douala et à Yaoundé, ils paient la moitié (250 francs).
Le taxi à Malabo ? Vous n’en trouverez pas de marque Starlet comme au Cameroun. A Malabo, le taxi, c’est des Mercedes, Avensis, Toyota Carina E et Toyota Yaris. C’est Malabo quoi ! En plus, ya la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Mais bon, revenons à notre taxi.
Notre taxi, il avait presque tout en commun avec le précédent : beau parfum, climatisation, sièges hyper confortables, chauffeur accueillant, poli et bien coiffé. Le genre de monsieur à qui tu as envie de dire : «tenez, gardez la monnaie». Mais ce chauffeur-là avait quelque chose en plus. Quelque chose que mes compagnons et moi n’avions pas tardé à découvrir. Personne ne se doutait de quelque chose en effet. On bavardait, la tête dans les nuages, les pensées tournées vers notre quotidien au Cameroun, de tout ce qu’il nous manque : nos petits mets de pistaches, de Koki, de Ndolè, nos moments de détente à la Briqueterie ou dans un bistrot du carrefour intendance à Yaoundé. On était bien. Au point où, par moment, notre «cher» chauffeur s’invitait même à notre conversation. Enfin, jusqu’à ce que l’un de mes amis commette le «péché» de dire qu’à Malabo, «le taxi coûte excessivement cher». «Quoi ? Rétorque l’homme derrière son volant, tout énervé. Cher ? Le taxi ? Ne dites plus jamais ça à haute voix dans un taxi. Les Equato-guinéens ne se plaignent pas des tarifs du taxi, il ne faut pas que ce soit un étranger qui vienne leur mettre ça dans la tête».
Qui pouvait encore parler après ça si ce n’est monsieur notre chauffeur qui nous mettait encore en garde. «Faites attention quand vous parlez dans un taxi, parce qu’en cette période la majorité des chauffeurs de taxi sont de la police», nous a-t-il informé. «Merci pour l’info, mais je crois que nous allons descendre ici», lui disais-je en lui remettant un billet de 2000 francs CFA pour nos trois places. Et en refermant la portière bien sûr, je lui ai dit : «vous pouvez garder la monnaie».
Par Arthur Wandji, à Malabo