L’Afrique s’est fait ridiculisée, moquée. Et comme tous les deux ans, les clubs professionnels et tous leurs médias s’offusquent de la tenue du troisième plus grand événement mondial de football en terme de côte d’écoute après la Coupe du Monde et l’UEFA. La grand’messe du football africain aura bien lieu. Pas au Maroc comme initialement prévu, mais en Guinée Equatoriale qui va éblouir le monde deux mois seulement après avoir accepté le défi.
Ce samedi 17 janvier 2015, le nouveau pays hôte ouvre le bal dans le traditionnel match d’ouverture contre le Congo à Bata à 18h00, heure du Cameroun. Et puis, la holà sera lancée pour les trois prochaines semaines, pas un jour de plus ou de moins comme l’avait prévu la Confédération africaine de football.
Chapeau à Issa Hayatou et à ses pairs qui avaient vécu des jours interminables à la suite du pied de nez marocain, jusqu’à la magnanimité salvatrice du président Théodoro Obiang Nguéma. Le peuple guinéen a fait l’impasse sur l’épidémique à fièvre hémorragique Ebola tant redoutée par le Maroc en acceptant de sauver la 30e édition de la Coupe d’Afrique, vielle de 57 ans.
En octobre, les autorités marocaines avaient fait volte-face en avançant ce fallacieux argument de la fièvre hémorragique Ebola. Comment alors comprendre alors dans le même temps, elle s’apprêtait à abriter la Coupe du monde des clubs, avec des nations européennes telles que l’Espagne (Real Madrid), qui subissait également les affres de l’épidemie avec des morts sur le carreau. Par ailleurs, alors que la plupart des compagnies aériennes avaient suspendu leurs vols à destination des pays éplorés (Libéria, Guinée, Sierra-Leone), le Maroc continuait à y desservir via la compagine Royal Air Maroc. Plus loin encore, l’un des pays ostracisé, la Guinée, a accueilli ses matchs en éliminatoire sur le sol marocain, et a même prolongé en y effectuant l’essentielle de sa préparation pour la compétition.
La trahison marocaine, la CAF l’a encore en travers la gorge et entend bien frapper les Lions de l’Atlas d’ici à la fin du mois de février prochain. Le royaume Chérifien risque une amende financière s’élevant à environ 50 000 dollars, plus une sanction disciplinaire qui l’exclurait des activités de la CAF de deux à quatre ans.
CAN…amer
Le désistement du Maroc a davantage sonné comme signe annonciateur d’un échec. Et ce ne sera pas les couacs qui manqueront. Pas tant que la Guinée Equatoriale ne soit pas capable d’assumer cette intiative. Loin de là, puisqu’elle l’a déjà fait en 2012 en synergie avec le Gabon. Sauf que cette fois, elle s’y met toute seule et ça lui pèse déjà sur les épaules. A peine les équipes rejoignaient leurs base-arrières sur place qu’elles récusaient déjà l’organisation, comptable de beaucoup de manquements. La sélection congolaise dirigée par Claude Leroy a poussé un premier cri de déception en décriant la capacité de leur l’hôtel à l’accueillir. Ensuite, c’est la Tunisie qui va souffrir de terrain d’entrainement à Ebebiyin où elle loge. Faute de logistique conséquente, les Lions indomptables du Cameroun logeront dans le même hôtel que les Aigles du Mali, leurs premiers adversaires dans la compétition.
Les à côtés ne sont pas en restes. La presse sportive camerounaise s’est pour sa part vue refuser les visas d’entrée en Guinée Equatoriale par son ambassade de Yaoundé et demeure dans l’expectative. Les supporters ivoiriens vivent également la même frustration. Naturellement, tout ceci donne à s’intérroger sur l’ambiance qui prévalera au pays d’Obiang Nguema pendant les trois prochaines semaines entre supporters étrangers et habitants du pays, essentiellement refractaires. La fierté de cette grand’messe a même déjà pris un coup, et il n’est pas certain qu’elle se résorbera dans les jours à venir, surtout lorsque les hommes qui la construisent éprouvent quelques déceptions.
Mais rien de tout cela n’équivaut au pied de nez du Maroc.
La fête populaire sera finalement le seul indicateur de la réussite de l’organisation. Il faut se l’avouer, nous la souhaitons belle. Et que les Lions Indomptables nous fassent vibrer, comme ce jour d’Octobre 2014 lorsque le Cameroun a étrillé la Côte d’ivoire, 4 buts contre 1.
Armel Kenné