Les lampions se sont éteints hier soir sur la 30e Coupe d’Afrique des nations en Guinée équatoriale sur le sacre de la Côte d’Ivoire, vainqueur du Ghana après une séance de tirs au but à suspense (0-0, 9-8 t.a.b). Un beau champion, d’autant plus qu’après le premier match de l’équipe dans cette CAN, personne n’aurait parié sur ce succès.
Mais voilà, la magie du football réside dans son caractère imprévisible. A l’heure du bilan, on peut en tout cas s’estimer satisfait, en tenant notamment compte du contexte autour de cet évènement. Sur le plan organisationnel, la Guinée équatoriale a pratiquement réalisé un exploit en accueillant 16 équipes et leurs supporters en moins de deux mois. De l’avis général, le pays a fait tout ce qui était possible dans un laps de temps si court et il n’est donc pas question de s’attarder sur des manquements incontournables, mais compréhensibles. La Guinée équatoriale a valablement pallié le désistement du Maroc, d’ailleurs sanctionné par la Confédération africaine de football : pas de CAN en 2017 et 2019 pour la sélection A et près de 9 millions d’euros (environ 5,9 milliards F) de dommages à payer en réparation de l’ensemble des préjudices matériels subis par la CAF et les parties prenantes.
Sur le plan sportif, cette compétition a eu son lot de surprises. Pour les plus agréables, on peut citer bien sûr le Nzalang nacional, surprenant demi-finaliste, ou encore la jeune équipe du Congo, éliminée en quarts de finale. On ne peut non plus occulter les performances des finalistes sur qui personne n’aurait forcément parié en début de tournoi. Mais voilà, la Côte d’Ivoire et le Ghana sont véritablement montés en puissance au fur et à mesure, faisant valoir leur expérience quand il le fallait. En ce qui concerne les déceptions, on pense tout de suite à l’Algérie qui faisait office, de l’avis général, de super favori. Mais après un début de compétition peu convaincant, les Fennecs se sont fait sortir par les Eléphants en quarts de finale. Un stade que n’atteindront par le Sénégal, l’Afrique du Sud et surtout le Cameroun. Particulièrement attendus, les Lions indomptables se sont laissé rattraper par leurs vieux démons et des choix tactiques approximatifs. Il faut retourner en 1996 pour voir l’équipe sortir au premier tour de la CAN.
Si on n’a pas vu de star véritablement émerger, c’est en grande partie parce que le collectif était clairement au centre des systèmes de jeu. Ce qui peut également expliquer l’avalanche de matchs nuls lors du premier tour de la CAN (13). On a toutefois vu des équipes plus libérées, passée l’étape des poules, qui ont offert du spectacle : 45 buts inscrits lors du premier tour, et la moitié pour les quarts et les demi-finales. Et comme toute compétition qui se respecte, la CAN 2015 a eu son lot de polémiques avec notamment le match Guinée équatoriale-Tunisie, qui a valu à l’arbitre de cette rencontre une suspension.
Seule fausse note, les incidents survenus lors du match Guinée équatoriale-Ghana, en demi-finale, qui auraient pu réduire à néant les efforts du pays organisateur. Heureusement, le pire a été évité et des sanctions prises pour rappeler à tous que le football est et demeure un jeu. Un jeu qui charrie certes, les passions, mais qui est surtout l’occasion pour l’Afrique de faire la fête. Et rien que pour cela, on peut dire au revoir à Guinée équatoriale 2015 avec le sourire car toutes les émotions étaient au rendez-vous : la joie, la déception, les larmes, l’énervement.
Josiane R. MATIA