Quel bilan faites-vous de la CAN qui vient de s’achever sur le plan sportif ?
La compétition s’est terminée de fort belle manière. Pour les Ivoiriens, la victoire est méritée, après plusieurs tentatives infructueuses. Le match a été intense et les deux équipes se sont neutralisées sur le plan tactique. Pour les Ghanéens, c’est vraiment dommage. Les joueurs ont vécu une répétition du scénario de 1992. Mais, après avoir mené par deux tirs au but à zéro, ils n’ont pas su rester concentrés pour conclure. D’un point de vue général, le bilan de la compétition, à mon sens, est positif. Les joueurs africains ont démontré beaucoup de qualités durant la compétition. Celle-ci a démarré très timidement durant la phase de poules, avec un ratio de buts décevant et beaucoup de matchs nuls. Mais le tournoi s’est animé au second tour, avec plus d’engagement et des matchs palpitants. Les équipes ont progressé, notamment sur les phases de transition, attaque-défense et vice-versa. Le jeu lent si décrié des équipes africaines a gagné en vitesse. C’est une avancée à saluer. Des pays comme le Cap Vert, le Mali, la Guinée et même le pays organisateur ont montré beaucoup de qualité et ont démontré leur progression. Seules deux ou trois équipes sont encore à la traine à l’issue de la CAN, dont le Cameroun, qui continue à entretenir sa culture du jeu lent. Cela est probablement dû à la morphologie de nos joueurs.
Qu’est-ce qui explique le nivellement des valeurs qui semble s’opérer au niveau des nations de football ?
La formation des entraîneurs et techniciens y est pour beaucoup. Les enseignements sont désormais les mêmes pour tous les encadreurs. A chaque pays d’en tirer profit en travaillant notamment sur les individualités. Tout cela rend le football africain de plus en plus attrayant. Dans l’avenir, il faut s’attendre à un progrès général. A l’image du sélectionneur de la République démocratique du Congo, Florent Ibenge, qui a démontré durant la compétition qu’il était largement à la hauteur, nous devons de plus en plus prendre le risque de donner leur chance aux entraîneurs locaux.
Cependant, les stars du continent ont semblé en retrait…
Du côté des joueurs professionnels, on a l’impression qu’il y a une consigne qui leur est donné au moment de quitter leurs clubs respectifs en Europe, de sorte qu’ils lèvent le pied pour éviter les blessures notamment. Mais les joueurs eux-mêmes se sont rendus compte que de cette façon, on ne peut pas gagner une compétition de cette envergure, d’où le relent d’engagement noté au second tour de la compétition.
Propos recueillis par Steve LIBAM