Les Panthères gabonaises ne seront pas au rendez-vous des demi-finales d’un match qu’elles ont globalement dominé (1-1, 4 à 5 tab). Le Mali, courageux, s’est accroché malgré les occasions des locaux et affrontera la Côte d’Ivoire en demi-finale.
Comme contre la Guinée lors du premier match (hold-up (1-0), le Mali peut s’estimer heureux d‘avoir éliminé une sémillante formation gabonaise aux tirs aux but. Les joueurs de Gernot Rohr auraient pu se mettre plus tôt à l’abri (deux poteaux, une palanquée d’occasions) mais la fatigue et la chaleur ont eu raison de leur détermination. S’ils ont dominé l’essentiel du temps réglementaire, ils ont commencé à reculer à partir de la soixante-dixième minute pour ne plus être guère dangereux au contraire d’Aigles maliens qui prenaient confiance au fur et à mesure. Et comme dans tout bon roman de gare, c’est Pierre-Emerick Aubameyang, somptueux dans ce tournoi, qui rate son pénalty. Pas de cadeau pour nos Gabonais.
Stade de l’amitié sino-gabonaise (sans blague). Le président Bongo pour vérifier de visu son retour sur investissement. Une victoire aujourd’hui offrirait aux locaux une qualification historique (1/4 de finale en 1996) pour le dernier carré et un rabiot de pub jusqu’à la fin de la CAN : ½ finale puis finale, grande ou petite. Trois changements pour les Panthères locales : Mouloungui, Madinda et Moubamba rentrent en jeu. Samba et Soumalia Diakité font de même côté malien. Les Aigles ont troqué leur paletot jaune pour un blanc entaché d’une bande tricolore (jaune-vert-rouge d’un mauvais goût très sûr). Avant la CAN, les hommes de Giresse auraient été favoris ; depuis, la tendance s’est inversée. Si le stade est prêt à s’embraser, il reste des sièges vides, comme hier à Malabo, en Guinée-Equatoriale. Le Mali gagne la possession de la balle en début de match mais Ecuélé-Manga et Brou Apanga, charnière 100% chouchen (Lorient-Brest), fait sa loi. Imperceptiblement, le Gabon prend l’ascendant. Mouloungui s’enfonce dans la défense comme dans un gelati en juillet avant de redresser pour une tête de Daniel Cousin au-dessus (17è). Aubameyang rôdait pourtant derrière, dommage. Cousin dérape dans la surface mais l’arbitre fait signe de jouer (19è). Les vagues Panthères commencent à déferler à intervalles réguliers. Le Mali ne veut pas céder : Drissa Diakité, Tamboura et Keita combinent fluide. Aubameyang, qui marche littéralement sur l’eau, rappelle la puissance de son hard-core d’une demi-volée sur le poteau (29è), puis il manque de peu un centre de Cousin (32è) sur une autre contre-attaque. Les Aigles sont avertis. Le match s’équilibre sans chute de tension pour une fois. L’équipe de Giresse est bien meilleure qu’au premier tour même si elle n’inquiète guère Ovono, l’ultime rempart autochtone. Cédric Kanté tient un peu mieux l’icône locale –Aubameyang- qui a encore customisé sa crête ; du coup, c’est Daniel Cousin qui s’échappe. Il est séché à l’entrée de la surface et Mouloungui ‘missile’ dans la niche de Diakité (42è). L’autre Diakité, dans un raid solitaire, réussit le dernier tir de la période. Une des toutes meilleures mi-temps de la CAN.
Les deux équipes peuvent y croire. Rohr et Cobos haranguent leur troupe dès le retour des vestiaires. Les Gabonais sont toujours agressifs et contraignent leurs adversaires à mutliplier les petites fautes. Sur l’un d’eux, la balle fuyante atterrit après le deuxième poteau où Aubameyang –encore décisif- la redresse, Mouloungui entre les six mètres et le point de pénalty, ouvre le score. Bongo fils lève le poing debout, sa femme, ceinte du maillot de PEA, applaudit. La foule hurle son bonheur. Le match s’emballe et monte de niveau. Maïga élimine Brou Apanga et frappe le long du poteau, Ovono s’interpose (57è). Presque dans la continuité, Daniel Cousin écrase sa frappe sur le poteau alors qu’il a le but grand ouvert (59è). Yattabare remplace Abdou Traoré pour les Aigles. Les Panthères reculent un peu et c’est à leur tour de commettre quelques accrochages. Cousin sort pour de Marcolino. Maïga profite d’une erreur de Brou Apanga, grosse occasion mais Ovongo fait, une fois de plus, l’arrêt qui faut (71è). Giresse fait rentrer Cheick Diabaté. Libreville chante, il reste treize minutes. Tamboura fait des dégâts considérables sur le flanc gauche. Sur sa deuxième tentative, Maïga remet de la tête pour Diabaté qui se retourne et glisse en force la balle entre les jambes d’Ovono (83è). Les rares fans maliens se mettent à dodeliner de la tête en sautant en l’air ; des headbangers… Maïga arme aux vingt mètres, Ovono en corner (85è). Bongo Jr et sa girl-friandise tirent la gueule. Pris par l’ambiance, Mouloungui s’enflamme par intermittence ; parfois, il se prend pour un Brésilien pour un résultat proche du néant intersidéral. Extra-balles, trente minutes…
Le Mali entame mieux la première prolongation. Le ballon va d’un but à l’autre. On s’approche de la rupture même si il n’y a pas vraiment d’occases. Les Gabonais sont fatigués. Gernot Rohr fait rentrer Lloyd Palun et Bruno Mbanagoye (l’auteur du coup-franc victorieux contre le Maroc). Le stade vrombit, ça chante et les Panthères s’enflamment sur coups de pied arrêtés, en vain. Le jeu est décousu, de part et d’autres. Les latéraux des Panthères (Mouele et Moussonou) ne font plus la différence… Diabaté reprend mal de la tête un coup-franc de Keita (114è) ; seule opportunité sérieuse des prolongations pour l’instant. Dernière seconde : Keita, gêné par Palun, rate l’estocade d’extrême justesse sur une remise de la tête de l’excellent Maïga. Le temps additionnel pour le Gabon, le temps prolongé pour le Mali. Place à la loterie. Poko (1-0, Gabon) ; Sylvia Valentin-Bongo tape dans ses mains ; Diabaté à gauche (1-1) ; Mbananoye en force à droite ; Yattabaré à gauche (2-2) ; Mouloungui, plat du pied à gauche à contre-pied (3-2) ; Kanté en force à ras de terre à droite (3-3) ; Aubameyang, relax, tire à droite mais Diakité arrête (Sylvia est toute chose, 3-3) ; Bakaye Traoré dans la lucarne gauche, facile (3-4) ; Ecuélé-Manga assure une vraie Panenka (4-4) ; Seydou Keita, en cinquième, la position des seigneurs, marque, plat du pied à gauche. Cri de douleur dans tout Libreville. Ovono est à terre, Aubameyang en enfer et le Mali jouera la Côte d’Ivoire mercredi en demi-finale.