Pour la première fois depuis son arrivée à Sousse, le coach national Rabah Saâdane a bien voulu répondre aux questions des envoyés spéciaux de la presse nationale. Voici les éclairages du boss des Verts.
Liberté : Tout d’abord, nous vous remercions d’avoir voulu répondre à nos questions après un black-out de deux jours. Peut-on donc faire le point de votre séjour depuis lundi ?
Rabah Saâdane : Pour ce qui est du fait que nous avons refusé de rencontrer la presse jusque-là, je répète que ce sont des instructions de la FAF qui ont dicté notre attitude. Il n’est nullement dans notre intention de faire dans la rétention d’informations, mais les responsables de la fédération nous ont intimé l’ordre de mettre le groupe à l’écart de toute influence extérieure jusqu’au match du Cameroun. Je reviendrai plus tard, si vous le voulez bien, sur le nouveau programme établi en ce qui concerne les relations avec la presse. Maintenant, en ce qui concerne les conditions de séjour, vous pouvez remarquer vous-même qu’elles sont impeccables et permettent une concentration maximale avant le jour J. Ma satisfaction est d’autant plus grande que je constate l’adhésion des 22 joueurs à la discipline du groupe.
Qu’en est-il de l’état des joueurs ?
Pour le moment, nous touchons du bois, l’ensemble de l’effectif est en bonne santé. Nous n’avons aucun pépin de ce côté-là. Depuis notre arrivée à Sousse, nous avons déjà effectué deux séances d’entraînement où la sérénité et la volonté de se surpasser ont prévalu. Je vous assure que les joueurs se donnent à fond à l’entraînement pour être prêts le jour J. Pour moi, cet état d’esprit combatif est très important dans la mesure où les joueurs, quelque peu déçus par la prestation face au Mali, ont su rapidement se remettre au travail sans trop regarder dans le rétroviseur.
Justement, lors de votre dernière conférence de presse, vous avez parlé de la nécessité de gérer les retombées psychologiques de la défaite face au Mali. Quelle a été votre approche à ce propos ?
La meilleure méthode dans ce genre de situation, c’est la communication et l’autocritique. À ce titre, hier (mardi, ndlr), nous avons fait une longue réunion avec les joueurs durant laquelle la parole a été donnée à tout le monde pour pouvoir tenter d’expliquer ce qui n’a pas marché face au Mali. Je me réjouis que les joueurs aient été très réceptifs à notre discours et procédé eux-mêmes à une autocritique. Nous avons donc passé au crible le match amical face au Mali et mis le doigt sur les lacunes constatées.
Peut-on savoir ce que vous avez dit exactement ?
Écoutez, même si certains m’écorchent à ce sujet, je suis de ceux qui préfèrent le langage de la franchise avec les joueurs. Je leur ai dit donc qu’ils doivent accepter déjà le fait que le groupe ne soit pas encore prêt pour donner libre expression aux grandes potentialités qu’il possède. Nous avons un gros problème de cohésion qui nécessitera un travail de longue haleine. Nous avons ensemble passé en revue nos faiblesses et expliqué ce qu’il faut faire rapidement sur le plan technique en perspective du match face au Cameroun. Il s’en est suivie une critique du match face au Mali très approfondie mais très sereine. Tout le monde est conscient de ce qu’il doit faire. À l’entraînement, les choses s’améliorent de jour en jour même s’il ne nous reste pas beaucoup de temps.
La première lacune constatée face au Mali est la fragilité du compartiment défensif. Qu’en pensez-vous ?
C’est exact, mais il faut savoir que les joueurs doivent s’habituer d’abord à évoluer ensemble. Au cours des séances d’entraînement, nous avons beaucoup travaillé cet aspect en procédant à des combinaisons à ce niveau. Le staff technique est en train de faire tout pour tenter de trouver la meilleure solution possible afin d’améliorer le bloc défensif. Je pense que la solution se dessine déjà. Ne m’en voulez pas si je ne vous la donne pas et je peux même vous assurer que notre défense sera meilleure face aux camerounais.
Depuis votre arrivée à la tête de la sélection nationale, vous avez opté pour un schéma tactique 4-4-2, mais ne pensez-vous pas qu’avec la force du Cameroun, il faudra être plus prudent ?
Je répète que notre problème ne réside pas dans le choix tactique mais dans son application sur le terrain. Il y a un flagrant problème de cohésion né du fait que l’équipe n’a pas assez répété son plan de travail. Maintenant, il est vrai que le temps presse et qu’il faudra aller, sur le plan tactique, vers l’essentiel. Tout le monde sait que le Cameroun est une grande équipe qui est largement supérieure à l’Algérie, et c’est en fonction de l’adversaire que nous mettrons en place notre schéma tactique.
Est-ce à dire donc que vous allez plutôt renforcer la défense et le milieu ?
Une chose est sûre, nous opterons pour le schéma qui peut nous valoir une meilleure production.
Cela sous-entend une connaissance parfaite de l’adversaire…
Tout à fait. Le Cameroun n’a pas de secret pour le staff technique. Nous connaissons dans les détails sa façon de jouer. Nous savons très bien que c’est une équipe qui réussit à merveille un mélange entre la puissance physique et la qualité technique.
Il faudra alors tenter de jouer avec nos qualités tout en étant très présents sur le terrain, notamment dans les duels. Il s’agira, en fait, de trouver le onze qui présente cet équilibre.
Nous avons remarqué que vous préparez l’équipe à partir de 15h30, alors que le premier match est prévu à 19h. Pourquoi ?
La raison est toute simple. Le stade Kalaâ- Saghira n’est pas doté de l’éclairage. Nous aurions, bien sûr, préféré nous entraîner à l’heure du match, mais que voulez-vous ! Cependant, nous avons demandé aux organisateurs de faire en sorte que notre équipe s’entraîne au moins une fois sur le terrain et à l’heure du match. Nous n’avons pas eu de réponse.
Belmadi est-il officiellement le capitaine d’équipe ?
Sincèrement, à l’heure où je vous parle, nous n’avons pas encore tranché la question. Ce sera fait au plus tard jeudi. De toute façon, ce n’est nullement une priorité pour nous, car l’essentiel est que le groupe adhère à nos choix.
Maintenez-vous votre décision de vous retirez de l’EN après la CAN ?
Ma décision de me retirer du staff technique est irrévocable, mais je demeurerai à la DTN pour que le travail accompli jusque-là ne soit pas gâché. Je réitère que quelle que soit l’issue de la CAN, il ne faudra surtout pas casser cette équipe qui, j’en suis sûr, dans deux ans, sera digne de représenter l’Algérie à un haut niveau. J’ai tracé la voie à suivre, c’est-à-dire investir sur le long terme, et la FAF veut justement travailler dans ce sens.
Mais votre départ du staff ne risque-t-il pas de remettre en cause certains choix, surtout que la FAF veut engager un nouvel entraîneur ?
Il est vrai que nous allons, après la CAN, nommer un nouvel entraîneur à la tête de la sélection nationale. Mais il faut savoir que la DTN est partie prenante du futur choix. Le fait d’avoir fait signer des contrats de trois ans à Charef et Cherradi veut clairement dire que ces deux entraîneurs sont un gage de stabilité. Ils seront donc les deux adjoints du futur entraîneur national.
Notre envoyé spécial à Sousse : Samir B.