El Kantaoui, 26 jan – La nuit du 25 janvier a été, comme toutes les nuits qui n’ont pas tenu les promesses de volupté susurrées pendant la journée, très longue. Sans avoir été franchement mauvaise, elle n’en pas moins suscité de très longs moments de bouderie collective. Nous avons tous été hier, à des degrés divers, des amants éconduits par les Lions. Ce n’est pas la première fois que l’objet de notre amour joue les filles difficiles. Ce ne sera pas la dernière fois, mais on sait qu’on finit toujours par faire la paix.
Le jeu du football, dont la finalité est la victoire d’un camp sur l’autre, comporte un certain nombre de vérités qui n’ont pas la même valeur pour les entraîneurs et les supporters. La victoire, pour les premiers, est l’avatar le plus direct de la chance. Le but étant donc affaire de chance, ils s’emploient à faire créer des occasions de but. Les supporters n’ont cure des occasions; ils veulent que leur équipe marque plus de buts que l’adversaire. C’est la seule vérité qui les guide, et non le décompte des occasions de but.
La prestation des Lions et le dépit légitime des supporters ne sont pas, loin s’en faut, les prémices d’un divorce irrévocable. Il n’y a pas danger mortel en la demeure. Il n’empêche. La tactique de l’encadrement technique inquiète, et l’autorité de l’entraîneur ne paraît pas avec la netteté voulue. Sans vouloir exonérer les joueurs, on peut quand même dire une ou deux choses qui nous ont paru, du côté des gradins, inexplicables.
Idrissou a trop duré. Après 45 minutes, il n’y avait que l’entraîneur qui attendait encore quelque chose de positif de la part d’un joueur au demeurant assez limité techniquement et qui commençait à gêner. L’entrée de Ngom, après le but des Algériens, donc au moment où les Lions avaient besoin de marquer, représente avec le recul une décision cynique. C’était sans doute la personne la moins susceptible de faire changer le cours du match. Alors, pourquoi lui ? L’entraîneur cherchait-il, comme tous les supporters, le but de la victoire ?
J’ai retenu deux cas pour lesquels l’autorité de l’entraîneur ne s’est pas manifestée avec l’éclat qu’on souhaite. Eto’o est extraordinaire balle au pied, un régal à voir, un véritable trésor. Pourra-t-il marquer des buts avec régularité un jour ? Plus talentueux peut-être que Milla, il n’a pas le tiers de l’efficacité de l’ambassadeur ni le bagout de Manga Onguene. Le sortir du terrain après 70 minutes, pourquoi pas ? Un tel choc sur son amour propre ne pourrait qu’être salutaire. Il a été prouvé hier que les Lions ne peuvent pas continuer de gagner en marquant un but de temps en temps. Ce n’est pas possible. Si Eto’o ne peut pas contribuer à cet égard avec la réussite qu’on attend de son talent, nous allons au devant de certaines déceptions.
L’autre cas, c’est Djemba. Il a passé son temps à bouder, n’a adressé la parole à personne et a joué un match médiocre, comme il en a pris l’habitude depuis son transfert à Manchester. Il n’avait rien à faire sur le terrain pendant tout le match.
Les observations que j’ai lues hier et les commentaires des supporters m’on paru excessifs. Les Lions que j’ai vus sont très bons et, pour avoir passé deux jours à leur côté, je peux dire que l’ambiance est positive. La contre-performance d’hier ne devrait pas être de nature à saper la sérénité de l’équipe.
Ce qui sape la mienne, c’est le traitement qui a failli être réservé à Mboma. C’est clair, Mboma est notre arme la plus redoutable et la plus efficace. Il l’a démontré hier. Alors je vous demande un peu : comment peut-on délibérément se passer de son meilleur atout sans raison valable ?
Fiche technique
Arbitre: Codjia Coffi (Benin)
A1 : Dante Dramane (Mali), A2 : Adjengui Taoufik (Tunisie).
Avertissements : Ziani (15è), Mamouni (82ème) pour l’Algérie Tchato (23ème), Mettomo (58ème), Mboma (76ème) pour le Cameroun
But: Mboma (43ème) pour le Cameroun et Zafour (51ème) pour l’Algérie
Cameroun: Kameni (Gard.), Perrier Doumbé, Tchato Atouba, (63ème), Song Bahanag (cap.), Mbami, Njitap, Eto’o, Mboma, Mettomo, Idrissou Mohamadou, Ngom Komé, (86ème), Djemba.
Entr. : Winfried Schäfer
Algérie: Gaououi Lounes (Gard.), Haddou Moulay, Beloufa (Zafour, 45ème), Samir, Aribi Salim, Mansouri, Cherrad Abdelmalek, Kraouch (Hadjacdj, 88ème), Belmadi Djamel (Cap., Achiou Hocine, 87ème), Boutabout, Ziani Karim, Mamouni, Yahia Anther.
Entr. : Boualem Charef
L. Ndogkoti, à Sousse