TUNIS, 27 jan – Après l’excellent match des Maliens, les Sénégalais ont livré hier un match atroce au stade d’El Menzah. Devant des Burkinabés volontaires, les Sénégalais ont exhibé des signes d’une usure inexplicable et d’un manque d’organisation étonnant. Fadiga absent, l’entre-jeu sénégalais est devenu le théâtre de l’improvisation et de l’inefficacité. En pointe, Niang, compétent mais laissé à lui seul, et mal épaulé par Diouf, excité et perturbé, a fini par capituler. Sa sortie a conforté le doute que beaucoup d’observateurs entretiennent sur l’équipe du Sénégal.
Il faut, laissent entendre ces observateurs, oublier l’équipe qui avait affiché une tenue remarquable à la Coupe du monde de 2002. Depuis cette compétition, les Lions de la Téranga n’ont rencontré aucune équipe de calibre international élevé. Les Sénégalais, comme groupe, manquent peut-être de compétition.
Retour sur le match de Sousse
On peut ergoter à longueur de journée sur la tenue des Lions Indomptables, les choix de l’entraîneur ou les rapports personnels entre les joueurs. Les propos qui ressortent de tels débats valent ce qu’ils valent, pas plus. Pour avoir passé deux jours et deux nuits dans le même hôtel que les Lions, nous pouvons dire que l’ambiance est aussi bonne qu’elle devrait être. Nous avons vu pratiquement tous les joueurs détendus, souriants, prêts à se prêter à la moindre demande de photo, prêts à répondre aux questions. Idrissou est d’une courtoisie extrême, et Song est extrêmement chaleureux.
Nous avons vu, en la personne de monsieur Mayebi et de monsieur Nguidjol, une administration très présente, très mère poule, soucieuse du bien-être des joueurs qu’il ne fallait pas importuner. M. Nguidjol a d’ailleurs menacé à un moment de faire vider l’hôtel…
Sans vouloir jouer au fouille-merde, nous essayons de dire ce qu’on constate, comme par exemple l’absence de communication entre les joueurs du milieu du terrain et les deux avants en pointe. De là à parler de malaise, il y a un pas que nous ne franchirons pas, parce que cela n’est pas vrai. Au contraire, certains joueurs s’en voulaient à eux-mêmes de manquer de réussite.
La performance des Lions était-elle mauvaise, médiocre ou satisfaisante ? Votre réponse est aussi bonne que la mienne. Notre lecture du match a été présentée assez clairement: l’équipe a eu des moments brillants, mais le résultat passe mal. Le coupable tout désigné dans un tel cas, et c’est la règle du jeu, c’est l’entraîneur, bien sûr. C’est à la limite injuste, mais nous n’avons pas eu l’impression, compte tenu de ce qu’il a fait et de ce qu’il n’a pas fait, qu’il a bien mouillé le maillot.
L’incident de l’hymne camerounais est un épiphénomène plus embarrassant pour les Tunisiens que pour nous. Les supporters camerounais l’ont entonné haut et fort. Il faut vous dire que les Camerounais ont investi Sousse et Monastir en très grand nombre. Venus du Cameroun et des villes tunisiennes, ils ont rempli 9 bus et ont donné la réplique aux Algériens, qui sont presque chez eux ici.
Quelques rencontres…
Sa majesté le sultan de Bamoun, Mbombo Njoya est à Tunis, le maintien altier et le boubou régalien comme toujours. Le sultan était présent au stade olympique de Sousse. Son excellence Roger Milla était très près des joueurs à El Kantaoui. Légèrement amaigri, tout de noir vêtu, le monument national du football camerounais porte le deuil avec discrétion et beaucoup de classe. Tous les efforts sont mis pour éviter que les gens ne l’importunent.
Jean-Paul Akono alias Magnusson est là et joue le double rôle d’éclaireur et d’encadreur. Il a pour rôle principal d’épier les équipes adverses. Lui et Mayebi tiraient une tronche terrible à la sortie du stade. Magnusson, c’est connu, n’aime pas ne pas gagner.
Joseph Antoine Bell, l’ancien gardien de but des Lions, rencontré hier à El Menzah, tient une forme éblouissante. Mince, la mâchoire ferme, la poignée sèche comme une bielle de locomotive, le président de l’AS Babimbi ne détonnerait pas sur le banc d’une équipe de football. Analyste à RFI, il est présent partout, et son franc parler légendaire ne semble pas prêt de le quitter.
Jean Manga Onguéné, alias Jean Moni ou Jean Madolla comme vous voudrez est là, tout aussi mince et en forme. Nous venons de le rencontrer au sortir du déjeuner à l’hôtel Abou Nawas de Tunis. Extraordinaire de revoir ce renard de la surface de réparation en cravate veston…
L. Ndogkoti à Tunis