Les Camerounais ont très mal digéré l’élimination de l’équipe nationale des Lions indomptables par le Nigeria (1-2), dimanche, en quarts de finale de la Coupe d’Afrique des nations de football (CAN-2004), a constaté un journaliste de l’AFP à Yaoundé.
Les rues de la capitale camerounaise, désertées tout au long du match par ses habitants, sont restées désespérément vides plus d’une heure après le coup de sifflet final.
Les Camerounais semblaient pétrifiés par cette défaite que peu d’entre eux avaient prévue, tant les Lions, doubles tenants du titre, avaient pris l’habitude de battre le Nigeria depuis deux décennies.
« Dès le début, l’équipe camerounaise m’est apparue comme très technique et très performante et rien ne pouvait m’amener à douter un seul instant qu’on n’arriverait pas en finale de la CAN », se lamentait ainsi une couturière.
Le but de Samuel Eto’o à la 42e avait d’abord permis tous les espoirs et déclenché les coups de klaxons des quelques chauffeurs de taxis encore en circulation.
Mais la liesse a été de courte durée, les Nigérians égalisant quelques minutes plus tard.
Dans la foulée, la deuxième période a été bien difficile à « subir » de l’avis de nombreux téléspectateurs interrogés par l’AFP.
« J’avais surtout peur qu’au-delà du deuxième but marqué par les Nigérians, il n’y ait d’autres buts, ce qui aurait été une véritable humiliation », se consolait, philosophe un agent de police.
« Mauvais pressentiment »
« Dès le premier tour, j’ai eu un mauvais pressentiment, estimait de son côté Jean Pierre Njemba, un ancien sociétaire de l’équipe nationale. Parce ce que nos joueurs pêchaient soit en ne marquant pas lorsqu’on attendait des buts, soit en en encaissant au moment où l’on s’y attendait le moins. »
Après la déception, on tentait de trouver des coupables. Certains pointaient un doigt accusateur en direction de l’entraîneur, Winfried Schafer, estimant que « ses regroupements ne s’effectuent qu’à quelques jours des compétitions ».
Selon d’autres, « on ne peut pas dire que l’équipe camerounaise ait eu une vrai préparation, du moment où elle n’a eu à se mesurer qu’à quelques équipes espagnoles de 3e ou de 4e division ».
Mais pour une fois, il n’était pas question de primes qui n’auraient pas été payées aux joueurs ou qu’un haut responsable aurait détourné.
« Nous n’avons à nous en prendre qu’à nous-mêmes et nous devons comprendre qu’il n’y a pas des nations de vainqueurs et des nations de vaincus », commentait un commentateur de la radio nationale.
« Le Cameroun et le Nigeria sont des pays frères et nous ne pouvons que leur accorder désormais notre soutien », malgré le différend territorial qui oppose les deux pays à propos de la péninsule de Bakassi, soulignait-t-il.
Le plus grave peut-être est que « cette défaite nous fait retrouver nos réalités locales qui ces temps derniers, ne sont pas toujours reluisantes », estimait une vieille dame dans un bar de la ville.