Sa physionomie a souvent dérouté les gardiens de but. On est loin d’imaginer que derrière ce corps frêle et cette démarche nonchalante, se cache un redoutable attaquant. Une réincarnation de Joseph Désiré Job en quelque sorte. Une fois balle au pied, le jeune prodige de 17 ans devient le bourreau des défenses et des gardiens adverses.
C’est la raison pour laquelle Benjamin Moukandjo fait partie des quatre joueurs de la Ksa retenus pour l’expédition nigérienne, en août dernier, où les Lions indomptables Juniors avaient affronté l’équipe nationale, les ‘’Mena » du Niger. Bien que les Lions étaient battus 2-1, ils furent qualifiés pour le tour suivant des éliminatoires de la Can 2007 de cette catégorie. Ceci grâce à leur courte victoire à Yaoundé, 1-0, deux semaines auparavant. Une qualification obtenue sur le fil de rasoir grâce à Moukandjo, le véritable héros de l’expédition de Niamey (la capitale du Niger).
Buteur décisif
L’attaquant de la Kadji sport academy se souvient comme si c’était hier : « alors que les Nigériens nous menaient 2-0 [Un score qui éliminait déjà le Cameroun qui devait inscrire au moins un but, ndlr], le gardien fait une longue relance de la main à la 92è minute. Je dévie le ballon de la tête pour un co-équipier qui entre en profondeur, fait une percussion sur le flanc gauche et me remet le ballon dans l’axe. Je fais un contrôle et frappe le ballon à plus de 30 mètres des buts. Le ballon se logea dans les filets. Après le coup de sifflet final, le public est entré au stade pour nous menacer. Nous serons bloqués dans les vestiaires pour au moins une heure ». Un exploit que réalise Benjamin juste pour sa deuxième sélection en équipe nationale Junior.
L’année passée, Benjamin fait partie de la délégation Camerounaise constituée des Lions Minimes qui a pris part au Tournoi de Montaigu en France. Une compétition qui lui a permis de se frotter à d’autres joueurs de son gabarit et par là même, ajouter une ligne supplémentaire à sa carte de visite qu’il a commencé à confectionner depuis 2000, l’année où le jeune prodige entre à la Kadji sport academy. Le Centre formateur de ses illustres prédécesseurs tels que Rigobert Song (Galatassaray), Idriss Carlos Kameni (Espanyol Barcelone), Modeste Mbami (Marseille), Eric Djemba Djemba (Aston Villa)… et bien sûr le porte-étendard du football camerounais du moment, Samuel Eto’o (Fc Barcelone). L’un des premiers Centre de formation qui allie sport et étude. « Au début, ce n’était pas facile, raconte l’attaquant l’international Camerounais. Le rêve de tout parent est de voir son enfant réussir à l’école. Mes parents ne voulaient pas que je joue au foot. Ils m’ont finalement laissé aller à la Ksa parce qu’ils ont appris que ce Centre allie sport et étude».
‘‘Moukandjo est un futur…Samuel Eto’o ! »
Après cinq ans d’étude et de formation sportive, la vie de Moukandjo atteint le point décisif en 2005. « L’entraîneur Belge Patrick Hussens, a préféré faire confiance aux jeunes. C’est ainsi que j’ai eu ma chance d’aller jouer en équipe première de la Ksa ». Lors de la saison 2006 qui vient de s’achever, Moukandjo se révèle finalement comme un maillon essentiel de la Ksa. Michel Kaham, l’ex international Camerounais et par ailleurs manager Général de la Kadji sport academy lui promet un avenir radieux. « À mon avis, Benjamin est un futur Samuel Eto’o. Son style de jeu correspondant à l’attaquant du football moderne. Vif, incisif, technique, imprévisible, avec une pointe de vitesse qui surprend les gardiens de but ».
Troisième d’une famille qui compte six enfants, Moukandjo avoue se trouver aujourd’hui à la croisée des chemins. « Je suis arrivé à un niveau où il faut choisir entre le foot et l’école. Pour le moment, je privilégie le foot en espérant que si je suis déçu, je pourrais toujours rentrer à l’école » argue le jeune attaquant qui rêve de connaître une carrière comme son idole Thierry Henry. Pourquoi ? « Parce que Tity (Henri) a un jeu simple, vivace, très technique et très réaliste devant les buts ».
Entre le football et les études, Moukandjo a déjà son choix. C’est la raison pour laquelle il a ‘’suspendu » ses études en 1ère A4 option espagnole, « parce qu’on on s’entraîne matin et soir et le temps pour les études diminuait. C’est vrai qu’on avait les cours de rattrapage, mais je n’étais plus régulier à l’école et il fallait choisir ». Maintenant, Benjamin (qui est dans le viseur de Valence selon une source introduite à la Ksa) sait qu’il doit travailler dur pour espérer jouer un jour à la Liga et au Fc Barcelone qui est le club de ses rêves. C’est tout le mal qu’on puisse lui souhaiter.
Eric Roland KONGOU, à Douala