Après cinq années seulement passées en première division, l’oiseau de la Menoua vient une fois de plus d’être abattu en plein vol par ses propres dirigeants. A l’origine de cette chute, une crise de leadership survenue à la tête du bureau directeur en cours de saison sportive 2008-2009.
C’est le 9 février 2009 que l’acte d’arrêt de mort de Aigle royal de la Menoua a été signé dans la ville de Dschang par Pierre Nguefack, son président directeur général. Dans une correspondance adressée au chef service juridique de la fédération camerounaise de football (Fécafoot) à Yaoundé, il l’informait du «réaménagement du bureau directeur de l’Aigle royal de la Menoua.» Décision prise suite «aux assemblées générales extraordinaires du samedi 07/02/2009 et du lundi 09/02/2009.» Dans la nouvelle composition du bureau directeur, Pierre Nguefack maintenait son poste tandis que Zambou Tapondjou Samuel faisait son entrée comme président actif.
Il remplaçait ainsi Hugues Tsopgni qui jusque là assumait les mêmes fonctions mais comme président délégué. Dans le sillage des changements, la trésorerie était confiée à Charles Tawamba, opérateur économique résidant à Douala. «Je vous prie de bien vouloir prendre acte de ces réaménagements et pour informations, les personnes habilitées pour toute transaction financière sont : le président directeur général, le président actif et le trésorier», précisait Pierre Nguefack dans sa correspondance.
Compte tenu des querelles de clocher qui divisaient déjà l’équipe, au lendemain du retrait par la Fécafoot de 3 points à El-Pacha au sujet du joueur Boyomo Alain qu’il avait classé contre Tiko United à la 7ème journée, le président directeur général et ses proches collaborateurs et conseillers avaient cru bon de mettre hors de l’équipe dirigeante Etienne Tamo, Kengni Charles, Antoine Ngumatsia et Kemda allias «Mallam » qu’ils considéraient comme des fauteurs de troubles.
L’encadrement technique a également été chamboulé avec les nominations de Nana Saleng, Omog Joseph Marius respectivement aux postes de directeur technique et entraîneur principal. Petit Michel Wamba qui jusque là occupait le poste d’entraîneur principal devient subitement entraîneur adjoint, aux côtés de Honoré Ketcha. C’est au niveau de l’encadrement technique que la plus déstabilisation du groupe a commencé avec des divisions créées au sein des joueurs avec le départ de Petit Michel Wamba qui a trouvé en sa rétrogradation un limogeage voilé.
Ce réaménagement faisait ainsi suite, quelques mois après, à une liste parallèle du bureau directeur déposée en à la Fécafoot en début de saison par Hugues Tsopgni. Ce qui a crée un bicéphalisme à la tête de El-Pacha. Son président et lui se battaient pour serrer la main du président de la République à l’occasion de la finale de la coupe du Cameroun de football, disputée et perdue par Aigle devant Coton sport de Garoua dans la cuvette de Mfandena à Yaoundé. Finalement qui a été présidée en dernier ressort par Thomas Inoni Ephraïm, premier ministre chef du gouvernement. A cause du doublé des cotonculteurs, championnat et coupe, Aigle a ainsi eu la possibilité de disputer la coupe de la Caf parce que malheureux finaliste.
Peu avant la phase retour du 50e championnat de première division, Aigle de la Menoua était dans le peloton tête ; après avoir occupé provisoirement la place de leader pendant quelques journées. Comme nous le disions plus haut, le retrait de 3 points à cause du joueur Boyomo Alain et le limogeage de l’encadrement technique seront le début du chant du cygne qui a finalement conduit le club de Dschang dans les abîmes de la deuxième division. Cinq années seulement après sa montée en première division.
Depuis la soirée de mercredi 10 juin 2009, les supporters et sympathisants de El-Pacha n’arrivent toujours pas à croire que leur équipe est descendue en Mtn Elite Two. Avec des calculs d’avant match qui montraient que Aigle avait encore la possibilité de se maintenir en division d’élite, en cas de victoire à domicile face aux Astres de Douala, le sort a bien voulu qu’ils fassent un match nul d’un but partout. Synonyme de fin de parcours en première division. Aigle est juste égalisé en seconde manche, après l’ouverture du score en première mi-temps par les visiteurs.
Avant la dernière journée du 50e championnat national de football, Aigle, Sable et Université étaient les clubs menacés de relégation. Pour chacun d’entre eux, il fallait d’abord assurer une victoire avant de voir le résultat de son concurrent. Ce qui a été fait par Université et Sable, respectivement devant Coton sport de Garoua (1-0) et le champion Tiko United (5-1). En toute évidence, les dirigeants de Aigle, club africain, n’ont pas su accorder leurs violons pour son maintien en Mtn Elite One. Sacrifiant ainsi l’équipe à l’autel des guerres de positionnement. Pour le moment, il ne leur reste plus que le match retour des quarts de finale de la coupe du Cameroun, qui se dispute ce dimanche 14 juin à Dschang, pour tenter de sauver la saison. Avec le lancement l’année prochaine de la deuxième division nationale, les équations d’un éventuel retour à l’élite ne seront pas du tout facile pour El-Pacha.
Blaise Nwafo à Bafoussam