Camerounais et Tunisiens se sont rendus coup sur coup, au cours d’une rencontre endiablée au Estadio Naçional Da Tundavala de Lubango. Une fois de plus, les Lions indomptables ont dû recourir à leur extraordinaire force mentale, leur fighting spirit légendaire, pour arracher un nul (2-2) qui les propulse en quart de finale de la 27ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations en Angola. Une autre équation difficile à résoudre.
Les choses sont allées vite, trop vite même au goût de certains observateurs avertis. Le match à peine commencé, que la défense camerounaise montre des signes de fébrilité sur le flanc gauche, où Gilles Augustin Binya est aligné, dans l’espoir qu’il ferait mieux qu’Henri Bédimo, très peu entreprenant lors des deux premières rencontres. Mais, à la première minute, les Aigles de Carthage survolent, sans rencontrer d’obstacles, l’arrière garde camerounaise. Dhaouadhi Zouhaier se trouve en position idéale pour poser le ballon sur la tête de son partenaire, Amine Chermiti. Le ballon piqué au second poteau parachève une action d’école, d’une beauté exemplaire, dans la pure tradition des équipes maghrébines, faite de gestes techniques et de vivacité. 1 – 0 en faveur de la Tunisie.
La jeune génération tunisienne vient de frapper au Estadio Naçional Da Tundavala, comme elle l’a promis mercredi, lors de la conférence de presse, à savoir qu’elle allait presser très haut et ne donnera aucun répit aux défenseurs camerounais. Ce début de rencontre ne surprend pas ceux qui suivent de près les Lions indomptables. En trois rencontres, le Cameroun a passé son temps à courir après le score. D’abord face au Gabon, ensuite devant la Zambie. Une situation qui a poussé l’entraîneur Paul Marie Le Guen, à laisser sur la touche les deux moutons noirs de la défense camerounaise: Rigobert Song et Géremi Njitap, ainsi que Achille Emana, le créateur du milieu de terrain.
Avec d’autres nouvelles têtes, à l’instar d’Aurélien Chedjou, Enow Eyong, Constant Mandjeck et Landry Nguémo qui avait momentanément disparu au dernier match, c’est une équipe un peu trop remaniée qui éprouve des difficultés à s’exprimer. Elle frôle même la catastrophe à la 42′, Ragued Hocine gâche un ballon de deuxième but, devant des buts vides.
Pour éviter le naufrage, en deuxième mi-temps, les Lions blessés décident de réagir. L’égalisation de Samuel Eto’o Fils intervient à la 47′ sur trois passes successives: Idrissou Mohammadou en déviation, Achille Webo prolonge, et Samuel Eto’o conclut. A cet instant, on se dit que la machine camerounaise est relancée. Que non! Aurélien Chdejou, involontairement, à la 62′, prolonge de la tête un ballon dans les buts de Kameni.
Toutefois, l’avance des Aigles sera de courte durée. Il s’écoule à peine deux minutes. Landry Nguémo, d’une frappe chirurgicale à l’entrée de la surface de réparation, égalise. Un boulet de canon qui arrache la gazon, et termine sa course folle dans les filets de Mathlouthi. 2-2. La joie du buteur est sans limite. Le banc de touche camerounais exulte, le stade explose, la Tunisie est assommée. Au même moment, à Benguela, la Zambie mène sur le Gabon, 2 – 1, ce qui évidemment fait le bonheur des Lions indomptables. La fin du match est insoutenable pour les deux équipes camerounaises et tunisiennes.
C’est debout, que les coaches Paul Le Guen et Faouzi Benzarti vivent les dernières minutes. Une intensité incroyable. Le suspens est à son comble. Les Aigles jettent toutes leurs forces dans la bataille. Rigobert Song et André Bikey, dont on croyait la page tournée, font leur entrée. C’est clair, Paul Le Guen va se contenter d’un précieux point, celui de la qualification.
Le Cameroun et la Zambie se qualifient grâce à un meilleur goal average sur le Gabon, qui compte également quatre points. Une qualification sur le fil.
Lors de la conférence de presse, mercredi, Samuel Eto’o a demandé aux supporters camerounais d’être à la fois patients et tolérants. Car, pour lui, « les plus belles victoires s’obtiennent dans la douleur ».
Jean Robert Frédéric Fouda, envoyé spécial à Lubango (Angola)