Il fallait un vainqueur, ce fut l’Egypte, mais cela aurait très bien pu être le Cameroun et le score ne reflète pas exctement le déroulement d’un match qui restera dans les annales. L’Egypte jouera sa troisième demi-finale continentale d’affilée, en attendant, peut-être, sa troisième finale en quatre ans. Elle s’est imposée au Cameroun par 3 buts à 1 après prolongations au terme d’une rencontre énorme entre deux des géants du continent africain.
Les Lions étaient affamés. On ne mit pas longtemps à s’en rendre compte. Dès le coup de sifflet du Sud-africain Jérôme Damon, ils cherchèrent à imposer leur puissance physique, leur force de pénétration à des Egyptiens qui n’avaient jusque là pas été confrontées à une telle stratégie dévastatrice. Ils tentaient de freiner l’ardeur de leurs adversaires en retrouvant ce jeu collectif fait de passes mi-longues très précises sans y parvenir complètement. Ils devaient priver les Lions de ballon, tout en évitant de le perdre à cause d’une passe pas tout à fait bien ajustée. Exactement le match comme les aiment les Lions Indomptables. Un match de géants, un adversaire à leur niveau, un géant du continent africain qui les mobilise sans que personne de leur entourage n’ait besoin de la faire.
Et ce fut un des meilleurs matches du tournoi. On attendait un but et il arriva à la 25e minute. Un corner de la droite vers la gauche, tiré par Achille Emana comme les trois précédents, avec effet rentrant. Mais si jusqu’alors cela n’avait pas prouvé son efficacité, cette fois sa trajectoire passa juste au-dessus du capitaine Ahmed Hassan placé au premier poteau, pour terminer sa course au fond des filets d’Essam El Hadary. Les Camerounais menaient 1-0 et faillirent bien être rattrapés la minute suivante lorsque Emad Moteab accompagna de la poitrine une longue balle en profondeur qu’il ne parvînt pas à contrôler. Une des premières actions de but pour les Egyptiens. Les Camerounais continuaient d’imposer leur puissance mais jouaient beaucoup plus solidaires que d’habitude au milieu de terrain. Mais Ahmed Hassan qui s’en voulait d’avoir laissé passer la balle d’Emana allait en quelque sorte se faire justice en armant une frappe de 35m qi rebondissait juste devant Kameni qui s’inclinait. 1-1 à la mi-temps. Les Camerounais avaient pris un léger ascendant au cours de la première mi-temps, mais au tableau d’affichage les deux monstres consacrés étaient à égalité.
Dès la reprise, les Pharaons entendaient montrer qui étaient les maîtres et faisaient feu de toutes parts, Moteab, Zidan étaient tout proches du bonheur après des erreurs défensives des Camerounais. Ahmed Hassan et ses coéquipiers étaient décidés à manger du lion. Mais ces dix premières minutes passées, les hommes de Samuel Eto’o rétablissaient l’ordre. Une frappe de Mandjeck passait de peu sur la droite du but égyptien. Frappe d’Emana ensuite renvoyée des deux poings par El Hadary, puis de Geremi, encore dans les bras du gardien égyptien. Au tour d’Eto’o de trouver sur son chemin le dernier rempart égyptien. Enfin dernière tentative de changer le score de Moteab qui ne parvient pas à redresser suffisamment une balle qui va mourir sur l’extérieur du petit filet. Le score ne bougera avant la fin du temps réglementaire.
Les prolongations commencèrent par une bourde monumentale de Geremi Njitap. Une passe de jeune-fille à son gardien, Mohamed Gedo Nagy qui surgit et transperce Kameni entre ses jambes. 2-1. Trois minutes plus tard nouveau coup de théâtre : coup franc d’Ahmed Hassan, la balle rebondit sur la transversale et retombe devant le but, sans franchir la ligne comme le montrera la video. L’arbitre valide le but. Les Camerounais sont effondrés; ils ne reviendront pus dans le match en dépit de leurs efforts jusqu’au bout.
L’Egypte rencontrera l’Algérie en demi-finale. L’Egypte poursuit une série de désormais 16 matches sans défaite en phase finale ; mais l’Egypte a abandonné beaucoup de forces dans ce combat monumental, peut-être le pus beau match, en tout cas l’un des plus beaux depuis des années en Coupe d’Afrique. Les Lions Indomptables ont perdu, mais ils ont regagné la confiance de l’Afrique avant d’aller au mois de juin en Afrique du Sud défendre les couleurs du continent. Mieux, Paul Le Guen n’a pas hésité à jouer pour ce match la carte-jeunes, Nkoulou, 20 ans, Song 22 ans, Bedimo 25 ans, Eyong, 23 ans, Mandjeck 21 ans. Une nouvelle équipe du Cameroun est peut-être née à Benguela. Reste à savoir s’il ne faudrait pas demander à Samuel Eto’o de reprendre sa véritable place aux avant-postes, plutôt que le confiner à un rôle de 10 et demi qui est le sien en sélection nationale depuis 2006.