Arrêt sur image. Comme à la fin d’une cérémonie funèbre, les milliers de fans accourus au Fan park de Douala rentrent la mine basse. Paul Moudiki, un fan, ergote : « Je n’en crois pas mes yeux. Mon frère, on attendait tous le 14 juin. Je ne savais pas qu’on devait être frustré à ce point. Dis, mon frère, est-ce qu’on va faire rejouer ce match ? »
Son voisin interpellé rétorque : « Toi aussi ! Tu as déjà vu où on rejoue le match sous prétexte le Cameroun a perdu. On a perdu, c’est fini ! Ne te fais pas d’illusions ».
A l’image de ces supporteurs, la pilule de la défaite face au Japon passe difficilement chez les habitants de Douala autant que ceux des autres villes. Et pourtant, avant le début de la rencontre, c’est une marées humaine qui s’est retrouvée au quartier Bali, à Douala , pour vivre ensemble l’évènement. Le tout a été organisé par une compagnie de téléphone mobile. Ici, le public a pris place dans des gradins en planches. Au fond, un écran géant diffuse la rencontre.
Lorsque l’hymne du Cameroun retentit dans les baffles, les quelques 7. 000 spectateurs du se lèvent, chantant à tue-tête. Un frisson traverse la foule.
Lorsque le match démarre, les commentaires fusent de toute part. Quand, un fan, sorti de nulle part, drapeau du Cameroun sur les épaules, entre dans le parc avec une imitation du trophée de la Coupe du monde, un autre s’esclaffe: » Oohh, voilà le trophée que le Cameroun va gagner le 11 juillet prochain « , avant d’être repris: « Mais il faudra d’abord gagner le Japon ce soir ». Une replique qui met tout son entourage en émoi.
Sur le terrain, le Cameroun prend des initiatives et organise son jeu.
Mais en face, le Japon réagit énergiquement. Les Nippons pressent jusqu’à leur but de à la 39’. Un silence de cimetière fera son nid. Il en sera ainsi jusqu’au coup de sifflet final.
Quand un jeune homme décide de souffler bruyamment dans sa « vuvuzela », cela donne le signal des récriminations: » Ne nous casse pas le tympan avec ton truc là »… « Paul Le Guen doit démissionner ».
Le pessimisme a gagné les esprits les moins prédisposé. » Je ne sais pas si je reviendrais encore ici jeudi pour voir le match contre le Danemark. Ces Lions sont méconnaissables ! « , confessera cet autre supporter.
Kevin G. Belapélé, à Douala