À quelques heures de la confrontation entre le Cameroun et l’Égypte, comptant pour les quarts de finale de la Can 2010 qui se joue en Angola, cet ancien footballeur, père de Geremi Njitap et promoteur de club de football se prononce sur les choix de l’entraîneur, les joueurs et le jeu développé dans cette compétition.
Camfoot.com : Que suscite en vous la dernière rencontre des Lions Indomptables contre la Tunisie ?
Samuel Fotso : Mes sentiments ne sont pas très bons parce que j’ai comme impression que l’entraîneur a subi la pression du public. À mon avis pour rajeunir une équipe on ne doit pas enlever tous les anciens tout d’un coup. Ce sont eux qui doivent aider les jeunes au fur et à mesure. On n’attend pas le jour de la compétition pour changer une équipe.
Camfoot.com : Vous posez là un problème qui est évoqué depuis longtemps au sein de cette formation. D’aucuns estiment qu’il y a des joueurs dans cette équipe et qui devraient céder place aux jeunes. Votre fils, Gérémi, par exemple a été mis de côté. Pensez-vous qu’il mérite sa place dans cette sélection ?
Samuel Fotso : Vous savez que ça c’est une question à laquelle je ne peux pas répondre parce que nous avons un entraîneur qui entraîne une équipe et qui connaît la valeur de ses joueurs. S’il estime que Gérémi doit se reposer, je ne peux pas m’en prendre à lui.
Camfoot.com : Contre la Tunisie on a eu une avalanche de coups francs. Pensez-vous que si Gérémi était là on pouvait réussir au moins un ?
Samuel Fotso : Vous savez pertinemment, et vous avez toujours vu que quand il y a des coups francs Gérémi les tire généralement très bien. S’il était dans le jeu, sur les trois coups francs il pouvait facilement en inscrire un.
Camfoot.com : Rigobert Song a été classé en seconde manche. Vous pensez que c’est mérité ?
Samuel Fotso : Dernièrement nous avons parlé de ce problème de Song. Song n’est pas encore fatigué sauf que sa place dans cette équipe doit être devant le stoppeur comme on l’a vu jouer contre la Tunisie. Vous voyez ce qu’il a fait. Vous conviendrez avec moi que si on avait laissé les deux ils pouvaient changer le cours du jeu. La Tunisie n’avait jamais fait match avec le Cameroun pour ne pas dire le battre. De manière générale je pense qu’on doit les mettre derrière parce qu’ils ont de l’âge. Mais franchement ce n’était pas à ce stade de la compétition qu’il fallait le faire parc qu’on ne va pas à la Can tester les joueurs.
Camfoot.com : En tant qu’ancien joueur et promoteur d’équipe, quel avenir pour les Lions qui affrontent l’Égypte en quarts de finale ?
Samuel Fotso : Je ne peux vraiment pas prédire parce que j’ai une certaine crainte dans la mesure où nous avons des joueurs, notamment des jeunes, qui n’ont pas été préparés d’avance. On les a parachutés comme ça et vous avez dû constater qu’il n’y avait pas de cohésion dans leur jeu au départ. Une équipe doit être préparée pendant au moins deux semaines pour affronter une compétition de haut niveau. Voilà ma vision d’une équipe de football. Quand vous prenez des joueurs avec qui vous n’avez pas travaillé pendant longtemps, comme c’est le cas avec Paul Le Guen qui n’a pas fait une semaine de préparation pour cette Can, il ne faut pas attendre grand-chose d’eux. Si c’était le même groupe qui a joué les éliminatoires, je pouvais être optimiste.
Camfoot.com : Est-ce à dire que l’entraîneur a fait une mauvaise appréciation de son groupe ?
Samuel Fotso : Je vous ai dit dès le départ qu’il a subi la pression du public parce que les Camerounais n’aiment pas qu’on gagne leur équipe. Un entraîneur ne doit pas subir, mais c’est lui qui doit faire subir. Aujourd’hui je crois que Paul Le Guen a perdu sa confiance envers les Camerounais.
Entretien réalisé par Blaise Nwafo à Bafoussam