Battu 1-3 par l’Egypte, en quarts de finale de la 27ème Coupe d’Afrique des nations, le Cameroun ne gagnera pas un cinquième titre continental en 2010. Cette contre-performance intervient à moins de cinq mois de la Coupe du monde prévue l’été prochain en Afrique du Sud. A l’origine de cette déculottée, la préparation bâclée par l’entraîneur national, en quatre jours, (voyages inclus) et qui aurait dû s’étaler sur deux semaines, assorti de plusieurs matches amicaux contre des équipes techniquement et tactiquement au point, question de jauger les différents systèmes de jeu avant le démarrage de la Can.
Idriss Carlos Kameni, le gardien de but camerounais, à la fin du match contre les Pharaons d’Egypte, a attribué les erreurs individuelles des joueurs au manque de préparation: « Ce sont des choses qui arrivent. Avant la Coupe du monde, on aura le temps de se remettre au travail, de corriger ce qui n’a pas marché« , a-t-il déclaré. C’est ce qui, sans doute, explique les nombreux tâtonnements de l’entraîneur Paul Le Guen. Qui, à chaque rencontre, a aligné une équipe remaniée à plus de 50%.
Conséquences les Lions indomptables ont manqué de consistance. Et si la défaite (0-1) en match de poule, face aux Panthères du Gabon n’a été qu’un avertissement, la victoire (3-2) et le nul (2-2) difficilement obtenus, respectivement face aux Chipolopolo de Zambie et les Aigles de Carthage de Tunisie, ont été de vrais signes avant-coureurs d’une débâcle. Il fallait, face à l’Égypte, prouver que le Cameroun n’est pas la meilleure équipe africaine, du moins sur le papier, pour rien. Malgré un jeu des plus laborieux.
Le Cameroun sort de matches qualificatifs poussifs. Il revenait de tellement loin qu’on a préféré ne retenir que des victoires, et non la manière, ni la qualité des adversaires en face.
Joseph Antoine Bell, ancien international camerounais, a une analyse juste de la situation : « ça se complique davantage parce que la Coupe d’Afrique des nations est d’un poil au-dessus du niveau des qualifications. Le Cameroun, pour s’être qualifié, s’est cru guéri, ce qui a d’ailleurs poussé probablement à cette préparation écourtée. Quatre ou cinq jours supplémentaires de préparation ne leur auraient pas fait de mal« .
A quelques mois de la Coupe du monde, l’entraîneur Paul Le Guen n’a donc plus droit à l’erreur. Cependant, avec l’entraîneur des Lions, tout est possible. Comment expliquer que des jeunes joueurs à qui il a fait croire pendant six mois qu’ils étaient moins performants soient subitement jetés dans la fosse aux Lions sans aucune préparation mentale? Paul Le Guen ne communique pas avec ses joueurs, ni avant, ni après les matchs. Les joueurs ne se sentent pas en confiance et ne savent pas ce qu’on attend d’eux. Toutes les erreurs à ce niveau, lui sont imputables. Et ce sont des erreurs qui minent la confiance et la solidité individuelle du joueur.
Lorsqu’un entraîneur abandonne son poste de travail pour aller faire des piges dans une chaîne de télévision en Europe, qu’il n’arrive pas à faire des choix objectifs, lorsqu’il ne peut pas affirmer son autorité, lorsqu’il se fout des us et coutumes au sein d’une équipe nationale et décide tout seul de nommer son capitaine, il ne peut que conduire son équipe à la dérive. Comme il l’a fait en refusant de convoquer Sébastien Bassong, qui aurait pu apporter des solutions, en laissant sur le banc de touche ceux qui, entraînement après entraînement, sont les plus performants en Enoh Eyong et Georges Mandjeck.
Et le coach dit assumer pleinement ses choix et ses remplacements. En termes du terroir, cela veut dire « vous allez faire quoi ». Justement rien Mr Le Guen.
Ce qui sera sûrement difficile à retrouver est la confiance globale du secteur défensif qui a toujours été notre principale force puisque le sélectionneur ne se gêne pas à livrer à la potence ses joueurs pour se dédouaner de sa méconnaissance du groupe.
Jean Robert Frédéric Fouda, envoyé spécial à Benguela avec la coordination de Nkwé Gali Bepon