Il y a encore douze mois, le nom de Joël Matip n’était pas vraiment connu du grand public. Le joueur, aujourd’hui âgé de 18 ans, évoluait au sein de l’équipe juniors de Schalke 04 et n’avait pas encore joué en Bundesliga. Mais l’arrivée de Felix Magath aux commandes du club de Gelsenkirchen a bouleversé la vie ce milieu de terrain défensif prometteur.
Fraîchement couronné champion d’Allemagne avec le VfL Wolfsburg, l’ancien international allemand a dû composer avec des moyens financiers limités en arrivant dans la Ruhr. Dès le début de la saison, il a donc choisi de faire confiance aux jeunes. En s’intéressant de plus près au centre de formation, Magath a vite été séduit par Matip, né à Bochum d’un père camerounais.
Celui-ci a disputé 20 rencontres en Bundesliga cette saison, inscrit trois buts et obtenu la deuxième place du championnat avec son équipe. Le bilan de son premier exercice chez les professionnels, qui remontent en fait à la 12ème journée, en octobre 2009 à Munich, est donc des plus satisfaisants.
« Je suis très heureux d’être passé cette saison en équipe première », confie Matip à FIFA.com. « Quand je jouais dans l’équipe juniors, je ne m’attendais vraiment pas à ça. Je suis vraiment content d’avoir eu autant d’occasions de jouer en première division et d’avoir accumulé du temps de jeu. Mais je suis encore jeune, je sais que je peux m’améliorer dans tous les domaines et je bien compte le faire. »
Un cadeau de Noël… refusé !
Après des débuts réussis en championnat d’Allemagne, le meilleur restait encore à venir. Le 23 décembre 2009, le sélectionneur du Cameroun Paul Le Guen l’a appelé pour la Coupe d’Afrique des Nations de la CAF 2010. « La nouvelle est arrivée juste avant Noël et elle est vraiment tombée du ciel. J’étais très surpris et extrêmement fier », se souvient le principal intéressé.
Contre toute attente, Matip a cependant renoncé à participer au tournoi en Angola. « Ça n’a pas été une décision facile à prendre, mais ce n’était malheureusement pas le bon moment pour moi. J’aurais dû manquer de nombreuses heures de cours à quelques semaines du bac et je n’aurais pas été présent lors de la préparation et des premiers matches de la phase retour en Allemagne. Avec le recul, je peux dire que j’ai pris la bonne décision », explique-t-il.
En Angola, le Cameroun n’a atteint que les quarts de finale, où il s’est incliné face à l’Egypte, future championne. Le Guen, lui, a accepté la décision de Matip, dont le frère Marvin Matip évolue aussi en Bundesliga. Le sélectionneur n’a pas perdu de vue le jeune milieu de terrain, qui a continué à livrer de bonnes prestations en club, et l’a rappelé.
Le 3 mars 2010, face à l’Italie, le joueur d’1m93 a porté pour la première fois le maillot du Cameroun. Matip est entré à la 46ème minute et n’a pas tremblé face aux champions du monde en titre. « J’étais très heureux, mais à vrai dire, j’ai ressenti cela dès les premiers entraînements avec l’équipe nationale. Etre sur le terrain aux côtés de joueurs tels que Samuel Eto’o ou Alexandre Song, c’est fantastique », admet le jeune Lion Indomptable au micro de FIFA.com.
Quelques jours après son premier match pour le pays natal de son père, il s’est définitivement prononcé en faveur du Cameroun, renonçant à une éventuelle carrière en équipe d’Allemagne. « Je n’ai pas fait ce choix à la légère, j’ai bien réfléchi à la question. Mais je me suis fié à mon instinct, c’est ce qui a déterminé ma décision. »
Tout près de l’Afrique du Sud
Il semblerait que Matip ait fait le bon choix, car à quelques semaines du coup d’envoi de la Coupe du Monde de la FIFA, Le Guen l’a retenu dans sa liste provisionnelle de 30 joueurs pour le tournoi en Afrique du Sud. « Ce serait bien sûr un rêve qui se réaliserait si je pouvais participer à la compétition. La dernière fois que j’ai été sélectionné, c’était tout de même pour un match contre l’Italie. Ça me donne du courage », avoue Matip, optimiste quant à ses chances d’aller en Afrique du Sud.
Le joueur s’est déjà fait une idée de la tâche qui l’attend. Interrogé sur les futurs adversaires du Cameroun au sein du Groupe E, il fait montre d’une certaine prudence : « Le Cameroun est tombé dans un groupe difficile et très équilibré. Les Pays-Bas ont gagné toutes leurs rencontres lors des qualifications. Le Danemark a fini à la première place de sa poule, devant le Portugal et la Suède. Quant aux Japonais, il ne faut pas les sous-estimer. Avant l’Euro 2008, ils ont joué contre l’Allemagne et ont failli remporter le match (2:2). »
« Le premier objectif de toutes les équipes, c’est de franchir le cap de la phase de groupes et d’atteindre le deuxième tour. A ce moment-là, on voit ce qui est possible. Qui sait, peut-être que le Cameroun est capable d’aller aussi loin qu’en 1990 », espère Matip, qui n’a visiblement pas oublié le parcours des Lions Indomptables, quart-de-finalistes de l’épreuve suprême en Italie.
Mais Matip croit les équipes d’Afrique capables d’aller plus loin cette année. « Toutes les sélections africaines peuvent créer la surprise, parce que d’une certaine manière, elles auront l’avantage de jouer à domicile. L’Afrique du Sud, par exemple, a certes hérité d’un groupe très compliqué, mais avec le soutien de ses fans, il n’est pas impossible qu’elle tire son épingle du jeu. Le Ghana a déjà montré toute l’étendue de son talent il y a quatre ans et la Côte d’Ivoire dispose de quelques joueurs qui se sont fait un nom en Europe, en particulier Didier Drogba. L’Algérie est elle aussi en mesure de surprendre. Mais je ne peux évidemment pas vous dire laquelle de ces équipes ira le plus loin, même si j’espère que ce sera le Cameroun ! »