Grégoire Mbida en parle une pointe de nostalgie. Et revit les évènement comme si tout se passait hier. Le Cameroun avait deux derniers matches à livrer pour se qualifier pour la Coupe du monde 1982 en Espagne. Deux matches au couperet, deux rencontres pièges. Le premier se déroule au Maroc. Le match va-t-il se jouer à Casablanca ? Rabat ? Marrakech ? Non ! C’est plutôt à …Kenitra, une ville en plein désert au Nord du Maroc, que la fédération du royaume chérifien décide de faire jouer la rencontre. Pour beaucoup, ce match sentait le roussi.
Mais la bande à Jean Pierre Tokoto et ses co-équipiers tels que Aoudou Ibrahim, Mbida Arantès, Thomas Nkono, Roger Milla, Mbom Ephraim, Onana Eloundou, Nguéa Jacques, Jean Pierre Tokoto, Ndjéa René, Docteur Abéga débarquent à Kenitra avec un seul but : déjouer le piège marocain. « Je n’avais pas joué ce match parce que Tokoto Jean Pierre était là. Et lorsqu’un professionnel était là, le joueur qui évoluait dans le championnat camerounais s’effaçait automatiquement », se souvient Grégoire Mbida. La suite est un parfait hold-up : 2-0 dans un match où les marocains étaient groggy.
Au match retour, Merri Krimau et ses co-équipiers n’ont qu’une seule obsession. Prouver aux Camerounais que la défaite à Kenitra n’était qu’un faux pas. Le match se joue le 29 novembre 1981 au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé dans un contexte remarquable. La pelouse qui avait accueillait la Coupe d’Afrique des Nations depuis 1972, venait d’être refaite. La cuvette de Mfandena exhalait une nouvelle jeunesse. Le Cameroun tout entier retient son souffle. Tout le monde ne rêve que d’une qualification à cette première participation à une phase finale de coupe du monde.
Le spectre Merry Krimau
Le coach Zutic Branco profitait de l’absence de Jean Pierre Tokoto pour titulariser Grégoire Mbida au poste de milieu défensif. Ce dernier avait une mission spéciale : surveiller le très remuant Merry Krimau, le meilleur joueur marocain de l’époque. « Les gens avaient passé la nuit au stade. A 8h, il n’y avait plus de place. Lorsque tu te déplaçais pour aller te soulager aux toilettes, tu perdais immédiatement ta place », se souvient Norbert Bounou, un quinquagénaire qui faisait partie des spectateurs. Sur le terrain, la bande à Roger Milla va confirmer leur suprématie par une nouvelle victoire authentique : 2-1. « Mais Merry Krimau n’a pas marqué« , jubile Grégoire Mbida. Une double victoire qui va propulser les Lions indomptables pour la première fois dans l’histoire de la coupe du monde. Et l’histoire retiendra la prestation plus qu’honorable du Cameroun. Et Grégoire Mbida passera à l’histoire comme le premier marqueur camerounais en phase finale de la coupe du monde.
Vingt neuf ans plus tard, le scenario de 1981 est plus que jamais d’actualité. Les Lions indomptables doivent aller chercher leur qualification pour la Coupe du monde 2010 au Maroc. Cette fois ci, ce sera à Fès, la capitale religieuse du Maroc. L’histoire va-t-elle se répéter ? Samuel Eto’o Fils et ses co-équipiers peuvent-ils continuer dans la dynamique de succès qu’ils établi depuis l’arrivée de Paul Le Guen ?
Interrogé par Radio France Internationale, Claude Marie Le Roy, ancien entraineur des Lions indomptables analyse : « Le Cameroun a les statistiques en sa faveur car c’est en gagnant le Maroc en aller et retour en 1981 qu’il a obtenu son premier ticket pour la Coupe du monde. Mais il ne faut pas dormir sur ce passé pour éviter le syndrome de 2005 où l’Egypte a éliminé le Cameroun à Yaoundé ».
Le capitaine Samuel Eto’o Fils dont le brassard des Lions indomptables lui réussit bien sait qu’il est devant l’histoire. Une victoire, synonyme d’une qualification lui permettra, avec ses co-équipiers d’entrer dans l’histoire.