Cameroun-Maroc est perçue comme la finale du groupe A. Les deux sélections battues à la première journée n’ont plus droit à l’erreur. Au-delà de la qualification pour la Can en Angola, et le mondial sud-africain, les Lions indomptables vont aussi défendre leur réputation, question de se réconcilier avec leurs nombreux fans quelque peu déçus par les performances en dents de scie de l’équipe nationale fanion.
La tension est montée d’un cran vendredi 5 juin 2009 à Yaoundé avec l’arrivée de l’équipe nationale. Vingt cinq joueurs retenus à l’issue du stage de Tubize à Bruxelles et le collectif d’entraîneurs camerounais ont foulé le sol de Yaoundé. C’est en vue d’affronter dimanche le 7 juin 2009, l’équipe nationale du Maroc. Une rencontre capitale qui compte pour la deuxième journée des éliminatoires couplées Can-Mondial 2010. Car, les deux sélections avaient été battues à la première journée au mois de mars, respectivement par le Togo et le Gabon. Les Lions indomptables du Cameroun et leurs rivaux de l’Atlas entamaient ainsi de la pire des manières, le dernier tournant des qualifications pour ces deux échéances phares du football continental et mondial.
A moins de 24 heures du coup d’envoi de ce duel de fauves qui sera dirigé par un trio mauricien, les autorités locales mettent la dernière main sur les préparatifs, avec un accent particulier sur l’aspect sécuritaire, afin que la rencontre se déroule sans incident. Ainsi, aux dernières nouvelles, nous apprenions que pas moins de 2000 policiers et gendarmes armés de matraques, bombes lacrymogène et fusils automatiques… seraient mobilisés pour cette rencontre à hauts risques. Les Lions indomptables, conscients de l’enjeu que représente une telle rencontre de football, ont reconnu au cours de la conférence de presse d’une demi-heure à l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen, qu’aucun faux-pas ne leur sera pardonné, bref qu’ils n’ont plus droit à l’erreur.
«Le peuple camerounais attend des résultats positifs », a martelé Rigobert Song, le capitaine de la sélection nationale. Après le match nul (1-1) concédé aux Pharaons d’Egypte, le 8 octobre 2005 au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé, qui avait coûté la qualification du mondial allemand aux Lions indomptables, après la finale de la coupe d’Afrique des nations perdue en janvier 2008 devant les mêmes adversaires, et la récente défaite le 28 mars face aux Eperviers du Togo, les Lions indomptables du Cameroun ont, non seulement envie de reconquérir leur public, mais aussi et surtout d’affirmer aux yeux du monde, selon l’éditorialiste français Gérard Dreyfus, leur immense statut de « principal puissance du football africain ».
A quatre reprises champions d’Afrique, détenteurs d’une coupe afro-asiatique, de plusieurs coupe de l’Udéac et cinq participations en coupe du monde (1982, 1990, 1994, 1998 et 2002) auréolées d’un quart de finale historique en terre italienne il y a 19 ans, une seconde non participation d’affilée des Lions indomptables à une phase finale du plus grand rendez-vous planétaire de football serait suicidaire pour les joueurs et le football camerounais, du point de vue financier en ceci qu’elle créerait un déficit de trois à quatre milliards de FCFA des caisses de la Fédération camerounaise de football, mais également du point de vue matériel et logistique, et dont compromettrait l’avenir des générations futures.
Après avoir balayé le Cap Vert, l’Île Maurice et la Tanzanie au tour précédent, les vices-champions d’Afrique occupent actuellement la dernière place du groupe A avec zéro point. Idem pour les Marocains qui, faut-il le rappeler, ne sont pas venus en victimes résignées. Yousef Hadji, le coéquipier de Landry Nguemo à l’As Nancy Lorraine en France est confiant, malgré l’absence de l’avant-centre des Girondins de Bordeaux, Marouane Chamakh. Les Lions de l’Atlas sont rajeunis à 80%. Une stratégie bien voulue par l’entraîneur Roger Lemerre qui, sur les antennes d’une radio étrangère, a récemment jugé les «Lions indomptables vieillissants et affaiblis», promettant même au passage de «tout mettre en œuvre pour les battre à Yaoundé».
Une bataille psychologique qui augure d’une rencontre palpitante et à l’issue incertaine. La délégation marocaine constituée de 35 personnes arrivée dans la capitale camerounaise jeudi soir, a pu s’entraîner vendredi 5 juin 2009 sur la pelouse en matière synthétique du Centre technique de la Fécafoot. Ce samedi, à dès 15H30mn, les Lions de l’Atlas effectueront la reconnaissance du stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé. Juste après les Lions indomptables qui vont s’entraîner en matinée. A cette occasion, Rigobert Song, Samuel Eto’o Fils, Geremi Njitap, Achille Emana, Pierre Womé et les autres recevront la traditionnelle bénédiction populaire.
Jean Robert Frédéric Fouda, à Yaoundé