Dix leçons à retenir de l’équipe fanion du Cameroun qui de la dernière à la 1ère place de la poule A.
C’est un retournement de situation spectaculaire. En l’espace de quatre jours, les Lions indomptables sont partis de la dernière place (avec 1 point) au sommet du podium dans le groupe A (avec 7 points). C’est à l’occasion des éliminatoires de la coupe d’Afrique des nations (Can)-Mondial 2010. Une fabuleuse remontée qui intervient après les deux victoires remportées devant les Panthères du Gabon, l’ex leader de la poule. 2-0 lors du match de 5 septembre dernier à Libreville et 2-1 dimanche dernier à Yaoundé. Camfoot recense pour ses lecteurs les dix leçons-et ce n’est pas exhaustif- qui dégoulinent de ce chamboulement dans le groupe A.
1- On range les calculettes
Au Cameroun, on le sait, tout le monde est champion des « si ». « Si le Gabon fait nul avec le Maroc et si le Togo perd son match à Yaoundé » ou encore « si le Maroc n’avait pas perdu à domicile et si les Lions ne perdent pas devant le Maroc à Accra…», a-t-on l’habitude d’entende ci et là au pays de Roger Milla. A deux journées de la fin des éliminatoires, Samuel Eto’o Fils et ses co-équipiers ont dorénavant leur destin en main. D’ailleurs, une victoire des Lions indomptables le 10 octobre prochain à Yaoundé devant le Togo et une défaite des Panthères du Gabon devant le Maroc lors de cette 5ème journée et avant dernière journée, et les poulains de Paul Le Guen (PLG) sont directement qualifiés pour le Mondial sud africain 2010. Avec en prime, une dernière journée au Maroc en novembre 2009. On l’a compris, le Cameroun a désormais son destin en main. On range dorénavant- Une fois n’est pas coutume-nos calculettes !
2- Retour d’un fond de jeu chatoyant
Le Cameroun, c’est, on le connait, son fameux 4-4-2. Avec l’arrivée de Paul Le Guen dont l’animation offensive est le cheval de bataille, on est vite passé au 4-3-3. A Libreville, c’était un match débridé (en seconde manche, surtout) avec son système de jeu. A Yaoundé, PLG a aligné un 4-4-2 en première avant de renouer avec le 4-3-3 en seconde mi-temps. Si les Lions avaient montré une bonne animation en seconde mi-temps à Libreville, lors du match de Yaoundé, l’animation offensive et même défensive a été visible dès la 7ème. Les Lions retrouvent leur pulsion avec une bonne circulation de la balle et même une impressionnante possession de balle (65% en première mi-temps et 55% en seconde mi-temps). La bonne osmose qui nait à la faveur d’un milieu de terrain qui joue véritablement son rôle de pourvoyeurs de ballons aux attaquants avec à la baguette un excellent Achille Emana a fini par faire chavirer le cœur des plus sceptiques de fans des Lions. Et l’efficacité offensive (4 buts en deux matches) et la confiance retrouvées de la ligne défensive (1 but en deux matches) attestent d’un regain de forme impulsé par PLG.
3- Le 12ème joueur
« Nous ne voulons pas de spectateurs, mais de supporters ». Petite phrase de Samuel Eto’o qui a suscité la controverse au sein des fans des Lions. Au final, le message du capitaine des Lions sera entendu. Comme un fleuve en furie, le stade Ahmadou Ahidjo était en crue mercredi lors du match contre le Gabon. Des les rues avoisinants le stade Ahmadou Ahidjo, des supporters habillés aux couleurs nationales et aux couleurs des Lions (maillots, écharpes, gadgets, etc) se déversaient dans la cuvette de Mfandena. Les défilés motorisés des « bendskiners » ont donné une ambiance particulière à la fête. Armé d’un sifflet, chaque fan donnait de la voix. Dans les gradins, la série des « ola » lancées en harmonie par les fans ont rappelé les grands stades européens. De quoi donner la chair de poule. Même la pluie n’a pas émoussé l’enthousiasme des fans récompensé par une brillante victoire, malgré le relâchement observé lors des cinq dernières minutes. Traduction : le 12ème joueur est de retour dans le mythique stade de Yaoundé. Et c’est tant mieux pour les 11 Lions qui en ont besoin pour être motivés sur l’aire de jeu.
4- Fini les titres fonciers
A l’instar d’un lion affamé, PLG se montre vraiment insatiable. Petite phrase du technicien français lors de la conférence de presse d’après match contre le Gabon mercredi dernier : « je suis satisfait de ce groupe. Mais je vais continuer à explorer d’autres pistes. Mais après c’est la concurrence qui décidera de qui va jouer ». On l’a compris, finit les titres fonciers au sein des Lions indomptables. N’eut été la blessure de Sébastien Bassong, Rigobert Song aurait assisté, au moins toute la première manche du match de Libreville sur le banc de touche. Le retrait du brassard et la non titularisation de l’ex capitaine emblématique est un signal fort qui montre qu’il n’y a pas des roitelets chez les Lions.
On apprécie le turn-over de PLG qui peut titulariser Mbia, Enow, Bassong, Somen A Tchoyi, à Libreville et qu’au match retour, ces joueurs bien qu’ils fussent merveilleux, se retrouvent dans les gradins. Malgré leur bonne prestation, PLG sème le doute – et c’est tant mieux pour la concurrence- dans l’esprit de tous ses poulains en rappelant qu’il va continuer à prospecter. A ce rythme, il ne sera donc pas surprenant que le gardien Idriss Carlos Kameni soit au banc de touche le 10 octobre prochain contre le Togo à Yaoundé !
5- Song n’est pas fini. Emana tout feu, tout flamme !
Certains l’ont poussé hors du stade très tôt. Avec le retrait du brassard et sa non titularisation automatique, on croyait Rigobert Song fnii. Que non ! A la faveur de la blessure de Sébastien Bassong, on a retrouvé un Song Bahang hargneux, vif, très engagé, créant le surnombre dans la défense adverse sur des balles arrêtées. Autant de prouesses qui ont fini par lever le doute chez les plus sceptiques. Notre Song national possède toujours des beaux restes.
Pendant ce temps, Achille Emana, « Monsieur propre » impressionne. Ses passes décisives, ses dribbles déroutants, son animation offensive sont un pied de nez à plusieurs coaches successifs chez les Lions qui l’avaient rangé dans le tiroir des indésirables. Un regain de forme ? « Mais non. C’est juste qu’il y a en face un coach qui m’a mis en confiance », a rétorqué le « gouverneur de Toulouse » après le match de Libreville. Chapeau à Song et Emana !
6- Jeunes loups, longues dents
On les appelle Nicolas Nkoulou (19 ans), Landry Nguemo (22 ans), Stéphane Mbia (23 ans), Assou Ekotto (25 ans), Alexandre Song (22 ans), Sébastien Bassong (23 ans), Enoh Eyong (23 ans), Aurélien Chedjou (23 ans). Ils ont la particularité d’être de jeunes loups aux dents longues. Moyenne d’âge : 23 ans. Ils rassurent. Et Samuel Eto’o, le capitaine himself est le premier à les citer en exemple et à les féliciter. On ne sera pas surpris de retrouver plusieurs d’entre eux à la Coupe …2018 ! A condition qu’ils ne prennent pas la grosse tête.
7- Coaching gagnant
On apprécie l’animation offensive de PLG qui tranche avec le système ultra défensif de l’allemand Otto Pfister, l’ex coach des Lions. Avec l’arrivée du technicien français, aucun joueur n’est plus sûr de jouer le plus match. Avec PLG, les Lions retrouvent l’esprit de la gagne. Petit bémol, le curieux 4-3-3 préféré par Le Guen face au Gabon mercredi dernier à Yaoundé avec la sortie de Nguemo (un milieu de terrain) remplacé par Alo’o Efoulou (un attaquant) alors que les Lions menaient déjà 2-0 au score ; là où la prudence recommanderait qu’on joue avec un milieu dense (et donc le 4-4-2 semblait indiqué), histoire de ne pas prendre des risque et de protégé l’avance des Lions. La suite, on la connait : un relâchement des cinq dernières avec une réduction de score par le capitaine gabonais Daniel Cousin.
8- Eto’o garde le brassard
Il y a deux semaines sur TF1, Samuel Eto’o laissait entendre que si Rigobert était titularisé, il ne saurait porter le brassard. Dans la foulée, Paul Le Guen interrogé par nos confrère de Cameroon tribune entretenait le suspense en disant que si Eto’o avait été capitaine lors du match amical contre l’Autriche, rien ne dit qu’il le sera lors des prochains matches. Après les deux matches contre le Gabon, on a bien remarqué que malgré l’entrée en cours de jeu et même la titularisation de Song à Yaoundé, Eto’o n’a plus remis le brassard à son « aîné ». Sauf retournement de situation, Samuel Eto’o est désormais le capitaine des Lions indomptables autour de qui PLg compte construire son système de jeu.
9- SOS : recherche d’un attaquant en pointe
Lors des deux matches de Libreville et Yaoundé, on a vu que Achille le seul attaquant de pointe montrer ses limites (puisque Eto’o jouaient en 9 et demi ou carrément en électron libre) alors que Somen Achoyi ou Alo’o Efoulou couvre les deux couloirs. Après les deux matches, Achille Webo qui a pourtant fait sensation le 12 aout en Autriche (avec 2 buts) est resté muet. Placée une demi-douzaine de fois en position favorable devant Didier Ovono Ebang, l’excellent gardien gabonais, Webo n’a pas pu loger le cuir au fond du filet. C’est finalement les joueurs de 2ème ligne (Makoun, Eto’o, Emana) qui ont inscrit les 4 buts contre le Gabon. Pendant que PLG annonce « explorer d’autres pistes », nous pensons qu’il est temps de trouver joueurs (et ils ne manquent pas) à la pointe de l’attaque pour créer également la concurrence avec Achile Webo.
10- Le spectre du 8 octobre 2005
Après avoir retrouvé la première place de la poule A, deux matches (contre le Togo à Yaoundé et ensuite contre le Maroc à Rabat ou Casablanca) resteront aux Lions pour confirmer leur leadership pour la qualification pour le Mondial 2010.
Et Maintenant, éviter le syndrome du 8 octobre 2005
L’union sacrée, la paix entre la Fécafoot et sa tutelle, le ministère des Sport, la rigueur et la recherche d’autres talents doivent suivre leur cours. Après avoir fait rêver les fans le 5 et le 9 septembre dernier, la satisfaction ne peut être complète qu’une fois la qualification dans les poches.