Autant le dire d’entrée de jeu. Les Samouraïs bleus sont tout sauf des foudres de guerre. Ils n’ont jamais été menaçants dans la zone asiatique pendant les éliminatoires. Ils n’ont jamais non plus gagné le moindre match de coupe du monde ailleurs qu’à domicile en 2002. Ils font bien circuler le ballon et alignent un milieu de terrain très dense. Les joueurs nippons se passent la « baballe » sur les deux tiers du terrain, sans jamais porter véritablement le danger dans la surface de réparation adverse. Les récupérateurs des Lions indomptables devraient donc se positionner haut, à 25 mètres de Kameni ou Souley, de manière à exercer une pression d’enfer sur les Nippons, les étouffant dans leur propre sauce Teriyaki.
Okubo, Yasuhito Endo, Makoto Hasebe, Keisuke Honda et Yuki Abe, excellents techniciens, domineront probablement la possession de balle comme ils l’ont fait contre les Anglais (67% contre 33%) lors du match de préparation qui a opposé les deux formations le 30 mai dernier à Graz en Autriche . Toutefois, jamais cette domination territoriale ne se transforme en occasions de buts face à une opposition de valeur comme le seront les Lions indomptables. Pas étonnant qu’ils ne comptent à leur actif qu’un maigre but au cours de leurs sept derniers matches. Je ne compte pas les trois buts marqués contre leur propre camp. Alexandre Song, Enoh Tarkang, Jean II Makoun, Nguemo et Mandjeck devront donc faire preuve d’autorité et de la vigilance de tous les instants.
Takeshi Okada, le terrible, déploiera probablement une formation en 4-1-4-1, avec en pointe Keisuke Honda, le petit gaucher de CSKA Moscou. C’est un changement tactique de taille, car Honda joue ordinairement en milieu de terrain, tant en club qu’en sélection. Takeshi misera sur lui aux dépens de Shinji Okazaki, pour mettre un terme à la disette de buts qui le préoccupe au plus haut point. Au milieu, sera reconduite la paire constituée par Yuki Abe, le récupérateur, positionné de manière à laisser suffisamment d’espace au capitaine nippon, Makoto Hasebe de Wolfsburg, dont on ne peut pas dire qu’il brille par sa créativité. Ce trio est complété par Yashuito Endo, milieu de terrain plutôt classique, dans le rôle de Pirlo, dont il n’a cependant pas les qualités.
En défense, les deux imposants malabars qui forment la charnière centrale sont Marcus Tulio Tanaka « le bourreau » de Didier Drogba et Yuji Nakazawa. Si le premier marque souvent contre son camp, c’est parce qu’il est très maladroit sur le jeu balle à terre. L’un et l’autre s’en sortent mieux sur le jeu aérien. Les Lions indomptables auront donc intérêt à les ramener au sol, à trouver des espaces. Le couloir droit nippon sera assuré par Atsuto Uchida, un latéral très offensif. Il aura toutefois fort à faire avec Benoît Assou-Ekotto.
Le couloir gauche japonais—notre couloir droit—sera occupé par Yuto Nagatomo, sans conteste le meilleur joueur nippon de l’heure. Avec son petit gabarit et ses poumons d’acier, il a donné du fil à retordre aux Anglais et aux Hollandais. Sachant que ce couloir est le point faible des Lions indomptables, c’est de lui que le danger viendra. Il faudra donc le surveiller comme du lait sur le feu d’autant plus qu’il sera relayé plus haut par le véloce ailier Yoshito Okubo, la véritable arme secrète des Nippons…
La pression est donc sur Paul Le Guen et les Lions indomptables pour verrouiller ce couloir. Les Samouraïs n’ont rien à perdre. Samuel Eto’o et Choupo devront, par contre, s’efforcer de faire leur devoir en début de rencontre. C’est ce qui permettra à la défense de jouer détendue, pour éviter de donner à Keisuke Honda qui aura 24 ans dimanche 13 juin son plus beau cadeau d’anniversaire.