Alors que le ministre des Sports a été dépêché à Bruxelles pour ramener le calme, on en sait un peu plus sur les raisons de la démission de Otto Pfister qui dénonce le climat de travail et indexe Jean-Paul Akono.
Aux dernières nouvelles, seulement six joueurs étaient arrivés à Bruxelles où se déroule le stage de la sélection nationale de football en perspective au match Cameroiun-Maroc du 7 juin prochain. Il s’agit, pour l’essentiel, des « Anglais » (le vice-capitaine Gérémi Sorel Njitap Fotso, Sébastien Bassong, Benoît Assou-Ekotto) et d’Enoh Eyong des Pays-Bas, Timothée Atouba et Gilles Augustin Binya. C’est avec ces derniers et les staffs administratif, technique et médical que le ministre des Sports et de l’Education physique (Minsep) a tenu une réunion de crise hier matin. Augustin Edjoa a été dépêché expressément à Bruxelles par sa hiérarchie mercredi dernier après la démission subite du sélectionneur Otto Pfister. Le patron des sports a pour missions, entre autres, de ramener l’accalmie dans la tanière déjà bouillante au départ de la délégation camerounaise mardi dernier et réorganiser le travail du collectif après le départ du technicien allemand.
Aux adjoints récemment nommés, le Minsep a demandé de proposer un programme de travail dans les plus brefs délais ainsi qu’une organisation du groupe. A l’annonce de la démission d’Otto Pfister, le président de la Fécafoot, Mohammed Iya, a souhaité que la sélection nationale soit confiée à Martin Ndtoungou Mpile. Mais le ministre s’y est opposé au prétexte que c’est la même fédération qui avait proposé deux des trois adjoints de Pfister ; à savoir Michel Kaham et Martin Ndtoungou. Toujours est-il que les informations en provenance de Bruxelles font état de ce que Jean-Paul Akono, le premier nom cité (par ordre alphabétique) dans la décision du ministre du 30 avril dernier se dit le plus ancien des trois techniciens camerounais et estime, de ce fait, que c’est à lui que le poste de sélectionneur, ou du moins d’entraîneur principal, devrait revenir.
Le ministre des Sports lui, ne l’entend pas de cette oreille. Il se dit en effet, que les autorités sportives n’auraient pas apprécié le bouclier levé par les entraîneurs adjoints contre le désormais ex-sélectionneur Pfister qui ont clamé haut et fort ne pas se reconnaître dans la liste de Pfister. Les techniciens ont même annoncé d’autres noms qu’ils pourraient présélectionnés. La réaction des joueurs a été immédiate. Ils se sont dis frustrés par de telles déclarations. Et ont menacé, pour quelques-uns, de ne pas travailler avec le collectif. Une situation ambiguë que le ministre Edjoa est allé apaiser.
Rapport
La mission d’Augustin Edjoa, qui prend officiellement fin le 04 juin 2009, devrait être plus brève. Toutefois, le ministre devrait mettre à profit ce séjour européen pour explorer d’autres voies à même de conduire, si possible, le Cameroun vers la perle rare. C’est du moins une autre mission que lui a confié sa hiérarchie avant son départ. A ce propos, M. Edjoa s’est rendu à Paris pour des entretiens avec certains responsables politique et sportif français. La filière française s’est automatiquement actionnée aussitôt le départ de Pfister officialisé.
Dans sa lettre de démission datée du 26 mai 2009, le septuagénaire dit revenir sur sa décision du 10 mai dernier, lorsqu’il avait proposé sa démission. « C’est pour l’amour que j’ai pour notre équipe nationale et la conviction que dans un environnement professionnel, le Cameroun se qualifiera pour le Coupe du monde 2010, que je suis revenu [le 19 mai 209] au Cameroun pour finir ma mission ».
Mais Otto Pfister rappelle que dans sa lettre du 10 mai dernier, il évoquait déjà « des fortes réservations envers la création du collectif des entraîneurs à la tête de notre équipe nationale. Ayant maintenant entretenu plusieurs séances de travail avec mes nouveaux adjoints, il m’est devenu encore plus clair que ce collectif, dans sa nature et dans sa composition, détruit toute chance pour une qualification pour la Coupe du monde 2010 et donc ma mission établie par mon contrat avec vous ». La goute d’eau qui a débordé le vase, d’après le technicien allemand, est le rapport rédigé par ses trois adjoints et expédié au Minsep pour dénoncer les conditions d’élaboration et la liste proprement dite des présélectionnés du 7 juin prochain : « Par exemple, Jean-Paul Akono tenait même à préciser dans le rapport des adjoints qu’il vous a envoyé, qu’il fallait rendre public le fait qu’il ne soit pas d’accord avec la liste. En tant qu’entraîneur responsable, je n’accepte aucune intervention dans mon travail, mes choix et surtout dans la composition de l’équipe », écrit-il.
Toutes choses qui font dire à Pfister que « le climat qui règne dans ce collectif avec moi à sa tête n’est pas durable. […] Il est impossible de qualifier notre équipe pour la Coupe du monde dans cette présente situation. J’ai donc décidé de me sacrifier pour le football camerounais, et reviens sur ma décision du 10 mai 2009, avec toutes les raisons évoquées ». Mais tel que le scénario s’est déroulé mardi dernier, c’est en partant à l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen qu’Otto Pfister a pris sa décision de démissionner. Puisque sur la route de Nsimalen, il nous confiait qu’il se rend effectivement en Belgique et prétextait ne pas être au courant de la grogne de ses adjoints. Il s’est néanmoins confié au directeur administratif des équipes nationales de football André Nguidjol qui, pendant près de 35 minutes, avait tenté de le faire revenir sur sa décision. Niet !
Revoilà donc le Cameroun à la recherche d’un sélectionneur pour, ne serait-ce que les deux prochains matches. Et que, pour une fois, les autorités sportives nationales ont réglé le récurrent problème d’écart de traitement entre les expatriés et les locaux. C’est ainsi que Akono, Kaham et Ndtoungou ont obtenu un certain nombre de commodités tels des contrats avec des salaires mensuels de 2.000.000 Fcfa et 3.000.000 Fcfa par match gagné pour toute la période de ce dernier tour éliminatoire. Qu’adviendra-t-il du collectif, de ses hommes et de ses prérogatives pour le moins floues ? Les prochaines heures devraient être plus édifiantes.
Bertille Missi Bikoun