Le brassard a changé de main, l’eau a coulé sous les ponts, on a vite fait de lui dire merci et pourtant Rigobert Song assure et assume encore sa présence sur le terrain. Le « Bison » de Trabzon a remis les pendules à l’heure lors de la double confrontation contre le Gabon rappelant au passage à Paul Le Guen qu’il aurait besoin de son expérience.
Le Silence
Tout commence à Klagenfurt, le soir d’un match amical opposant nos lions à la sélection Autrichienne de football. Après quinze années de titularisation en défense centrale, Rigobert Song commence une rencontre sur le banc de touche. Volonté de le mettre sur la touche ou changement ponctuel, personne n’en saura rien puisque le langage ambigü du nouveau sélectionneur Paul Le Guen ne laisse entrevoir aucun changement officiel de récipiendaire du brassard. Mieux encore, comme le front d’un bœuf qui creuse un sillon profond sans dépasser la pierre où sa ligne est bornée, le technicien Breton va entretenir le flou sur une décision inscrite dans son petit calepin depuis sa prise de fonction.
Samuel Eto’o fils promu capitaine n’en dira pas plus. « C’est à l’entraîneur de prendre ses responsabilités » laissait encore entendre le milanais avant de renchérir dans un média Français qu’il était prêt à céder le brassard si Rigobert Song était sur le terrain. On verra quelques jours plus tard que les paroles ne vont pas toujours dans le sens des actes.
Stoïque pendant le premier regroupement de l’ère Le Guen, le Bison va encadrer les défenseurs choisis, donnant de la voix et du geste pour que ceux-ci prennent leurs marques. Le grand général d’armée ayant longtemps rendu service à sa nation comprend rapidement que gémir, pleurer, prier est lâche. Les pieds dans l’eau peut-être, le Rigo mais pas la tête. Dans un silence au sens de la concordance méthodique, Magnan va donner rendez-vous à Libreville.
La réponse
Après avoir ciré le banc de touche contre l’Autriche, sur le motif officiel qu’il fallait tester d’autres alternatives, le « bison » doit dans un bis repetitas regarder Nkoulou et Bassong occuper la défense centrale pendant le match aller contre le Gabon. Malheureusement pour ce dernier, une vilaine blessure va le contraindre à quitter la pelouse.
C’est donc à la 27e minute que Rigobert Song va faire son entrée en jeu. Même si certaines mauvaises langues se demandent toujours si c’était sur ordre de Paul Le Guen, « Magnan » va assurer sur le terrain. Réussissant au passage l’exploit d’enlever sur la ligne de but un ballon Gabonais qui aurait pu être l’ouverture du score. Comme si c’était sa première sélection en équipe nationale, il donne tout, stabilisant une défense qui avait du mal à se positionner et donnant du ton pour le un résultat final qui va relancer les espoirs du Cameroun dans la course à la qualification.
Quelques jours plus tard, pour le match retour de Yaoundé, Paul Le Guen décide de le titulariser. Une décision payante puisque sa prestation est une fois de plus exemplaire. En s’attaquant à un des symboles de cette équipe nationale, le technicien Breton a, il faut l’avouer, recentrer les critères de sélection sur la performance et non le vécu de chaque joueur. C’était sans compter sur la pugnacité du « bison » qui, à voir son rendement sur le terrain, n’a pas encore jeté sa bouteille à la mer.
Emmanuel Adébayor est donc prévenu, lui qui a giflé Alexandre Song outre-Manche. Magnan ne lui fera pas de cadeau à Mfandena. Les Lions indomptables accueillent les Éperviers du Togo le 10 Octobre prochain à Yaoundé. La rencontre compte pour les éliminatoires couplées CAN/CM 2010.