Depuis le pénalty manqué par Pierre Wome Nlend à Yaoundé, nous nous sommes déchirés nuit et jour. Nous nous sommes défoulés. Nous nous sommes sabotés. Nous avons interpellé les autorités politiques nationales, les instances dirigeantes du football camerounais, et surtout, les joueurs et leurs encadreurs, parfois à la limite de l’indécence. Tout cela est derrière nous désormais. Fini les entraîneurs du lundi matin qui dans leur « toli toli » se laissent aller à des élucubrations tactiques au petit pied. Plutôt tel arrière latéral droit ou tel gardien de but que tel autre. Plutôt le 4-3-2-1 que le 4-3-3. Tout et son contraire. Fini les légendaires revendications sur les primes. Les Lions indomptables sont déjà passés à la caisse. Une équipe rajeunie, une préparation rigoureuse, un voyage en avion spécial, un hôtel somptueux.
Place maintenant au ballon. Jabulani, aux couleurs arc-en-ciel. Place aux professionnels du ballon rond. D’abord au sélectionneur national, Paul Marie Le Guen. Ses collaborateurs et lui sont payés pour écrire pour nos champions la partition qu’ils joueront une fois sur le terrain. Ils nous disent qu’ils ont travaillé dans d’excellentes conditions. Je peux le témoigner pour avoir séjourné dans le même hôtel qu’eux à Klagenfurt.
Samuel Eto’o et ses coéquipiers nous disent qu’ils sont prêts. Ce sont des professionnels, qui, pour la plupart, évoluent dans de grands championnats européens. Ils mesurent l’enjeu. Ils le sentent dans leur tête et dans leur âme. Jusqu’à présent, nous touchons du bois. Ils ont été épargnés par l’épidémie de blessures qui décime les rangs d’autres équipes. C’est la première Coupe du monde de football qui se joue sur le continent africain.
Les Lions indomptables nous ont habitués à des premières. Première équipe africaine en Quarts de finale de la Coupe du Monde ; première équipe africaine en Finale de la Coupe des confédérations ; première et unique équipe africaine qui ait battu l’équipe fanion du Brésil. Cette fois, les Lions sont en lice pour être la première sélection africaine à remporter une Coupe du Monde de football. Jabulani !
La ferveur nationale est à son paroxysme. Je vais plus loin. L’Afrique tout entière retient son souffle. Elle compte sur les Lions indomptables pour garder ce trophée sur le sol africain. Ce serait la plus belle manière de rendre hommage à Nelson Mandela, cette icône africaine qui a hissé aujourd’hui notre continent sur le toit du monde.
Le moment est venu de taire les querelles intestines ou intergénérationnelles qui ne sont que vanité. Les Lions indomptables sont à pied d’œuvre à Durban depuis mercredi dernier. Quand ils fouleront la pelouse du stade de Bloemfontein lundi prochain à 16 heures, les Lions indomptables auront à cœur de démontrer à la planète football qu’ils sont de retour au plus haut niveau, prêts à rugir. Ils ont franchi le Rubicon. Alea jacta est !