Je vous dis qu’avant l’arrivée de Paul Le Guen, il y a un changement de cap qui est ce changement de ministre. Et donc, je félicite celui qui a choisi ce ministre qui est venu avec une nouvelle vision. Je félicite ce ministre. Le reste étant une succession de la même manière que Paul Le Guen ensuite a choisi des joueurs. Il y en a qui n’ont pas joué avant ou qui n’ont pas joué au même poste avant. Mais vous n’allez pas encourager les joueurs. Vous vous arrêtez à leur entraîneur ! C’est un problème d’idées. C’est pour cela que je ne cite pas le nom du ministre. Parce que ce n’est pas l’individu, c’est l’attitude qu’il représente, l’attitude qu’il a eue et qu’il a. Ce sont les idées qui comptent. Vous avez choisi en l’occurrence quelqu’un qui exprime une certaine vision, une certaine compétence. Et c’est cela qu’il y a un effet.
Quel commentaire vous inspire le tirage au sort des poules de la coupe du monde 2010 effectué le 4 décembre dernier au Cap, en Afrique du Sud?
C’est un tirage au sort et, a priori c’est la chance, le hasard. Chaque équipe doit faire face à sa chance et au hasard. Un tirage au sort de manière générale ne peut pas se commenter. En revanche, la poule et la chance de chaque équipe selon propre niveau peuvent se commenter.
L’Afrique peut-elle, au vu du tirage de ses équipes, gagner « sa » coupe du monde ?
Je vous dirais tout de suite non. Dans la mesure où quand l’Afrique a eu « sa » coupe du monde, personne en Afrique n’a montré que sa préoccupation était de la gagner. Et une coupe du monde, quand on est parmi les petits, ne se gagne pas en se levant dans les six derniers mois. On peut sauver la face, on peut réussir quelque chose, mais il faudrait savoir que dans le sport en général et dans le foot en particulier, il y a un très grand fossé entre le vainqueur et par exemple les demi-finalistes. On peut faire une belle coupe du monde, ça c’est à la portée de beaucoup d’équipes, mais beaucoup d’équipes ne peuvent pas se targuer d’être capables de remporter la coupe du monde. Au bout du compte, il y a deux, maximum trois équipes qui peuvent prétendre remporter la coupe du monde. Mais entre le premier et le quatrième par exemple, il y a un très grand fossé. On peut très bien accrocher toutes les autres places à partir de la cinquième, de la quatrième place même avec un niveau moyen, moyen-supérieur, mais on ne peut pas être le champion par hasard.
Que pensez-vous du tirage de la Côte d’Ivoire dont le groupe est présenté comme le « groupe de la mort » ?
Quand on parle par exemple du « groupe de la mort » il est certain que c’est le groupe de la mort pour les autres et certainement pas pour le Brésil…
La Côte d’Ivoire a-t-elle eu un bon ou un mauvais tirage ?
La Côte d’Ivoire a eu un tirage très difficile. La Côte d’Ivoire fait elle-même partie des équipes redoutées, mais redoutées dans sa catégorie. Il faut savoir qu’en coupe du monde, il y a des catégories et qu’on le veuille ou non, les pays africains sont a priori des petits. Maintenant, vous pouvez, en tant que petit, être un petit redouté. Parce qu’on peut aussi avoir dans son groupe quand on est un grand, un petit qui est petit. C’est-à-dire un petit que de toute façon on battra. Mais il y a des petits qui peuvent poser des problèmes. Vous avez la même chose dans le tirage au sort de la Can. Dans ce tirage, le Cameroun fait partie des gros. Dans chaque poule, il y a un petit et quand votre petit peut s’appeler Gabon ou Burkina Faso, ça peut ne pas être la même chose. Ça peut être un petit qui peut embêter les grands comme il y a des petits qui de toute manière ne peuvent pas embêter les grands. Ils sont là pour apprendre, pour progresser encore. Ils peuvent faire un match exceptionnel et accrocher un grand ou un outsider, mais le petit ne sera jamais le premier du groupe.
Le Cameroun a-t-il eu un bon tirage ?
On pourrait qualifier le tirage du Cameroun de neutre dans la mesure ou il aurait pu être pire comme il aurait pu être un petit peu meilleur. Par exemple, dans le groupe du Cameroun, les Pays-Bas sont juste en train de retrouver leur niveau. Mais jusqu’où seront-ils à ce niveau ? Ce n’est pas encore certain. Il y a longtemps qu’on attend le Danemark qui est une bonne équipe, une équipe sérieuse. Mais on n’est pas certain qu’elle puisse renouveler ses exploits passés. On ne sait pas bien. Finalement, c’est jouable, mais c’est difficile pour tout le monde. C’est un groupe moyen d’ou le Cameroun peut très bien sortir. Il y aura des matches serrés ou on peut très bien perdre deux, trois fois. Pareil pour le Japon. C’est une équipe émergente qui peut être difficile à manœuvrer. C’est un groupe d’où le Cameroun peut très bien sortir en ayant gagné deux matches et fait un match nul comme il peut très bien en sortir en ayant perdu, mais de peu les trois matches.
En tant que camerounais, vous espérez naturellement une bonne prestation des Lions Indomptables au prochain mondial…
Bien sûr je dois espérer une bonne prestation…
Ce serait quoi cette bonne prestation? Une place en demi-finale ?
Si le Cameroun allait en demi-finale, ce serait absolument magnifique. Je pense sincèrement, que si on avait été dans une autre configuration, c’est précisément ce qu’on aurait dû préparer au lieu de ne rien faire. Là, je parle au niveau africain. Et de se réveiller aujourd’hui au moment du tirage au sort et dire qu’on peut être champion du monde est une bonne chose. On aurait dû avoir travaillé depuis quatre ou cinq ans pour arriver à placer une équipe en demi-finale. Ce serait un beau succès pour l’équipe africaine qui arriverait en demi-finale. N’oublions pas qu’en cela, on n’innoverait pas parce que, en Asie en 2002, la Corée du Sud est arrivée en demi-finale. Et c’est pour cela que vous vous rappelez qu’à cette coupe du monde, la Corée a bien joué, elle est arrivée en demi-finale, mais elle n’a pas été championne du monde et vous avez bien vu qu’il y a un fossé entre le champion du monde et le quatrième. Ce serait très honorable pour nous tous que le Cameroun arrive en demi-finale. Tout le monde en tirerait une fierté particulière. Ce serait une très bonne chose. Mais ce n’est pas moi qui pousse les Lions Indomptables avec les mains. Je pense que le nécessaire est fait pour qu’une telle chose arrive.
Comment avez-vous accueilli la qualification des Lions Indomptables ?
La qualification était attendue. Au moment du tirage au sort des éliminatoires couplées Can-Mondial, j’avais bien dit que le Cameroun était le favori logique et largement favori de son groupe. Il n’y a pas de raison qu’au bout du compte, si le Cameroun est qualifié, ce soit une surprise. Ce n’en est pas une.
Les débuts du Cameroun ont été très difficiles !
Imputable à qui ? C’est cela le problème ! Nous sommes les champions des gens qui s’applaudissent tout le temps. Quand nous faisons mal, nous souhaitons être applaudis, quand nous avons rectifié le tir, nous voulons absolument être applaudis encore. Nous étions favoris, nous n’avons pas su tenir notre rang et nous ne voulons d’ailleurs pas qu’on nous blâme pour ça. Et lorsque nous l’avons tenu, nous voulons absolument être statufiés.
Comment jugeriez-vous l’apport de Paul Le Guen ?
Nous, les observateurs, sommes là pour juger les performances de l’équipe. S’agissant de ces éliminatoires-là, on parle du favori du groupe qui à un moment donné n’était pas à son niveau. Et comme j’ai pu dire, la feuille du classement était à l’envers. Les camerounais ont remis les choses à l’endroit. Ce qui est regrettable, c’est qu’on doive attendre d’avoir touché le fond pour réagir. Ce qui peut être positif, c’est simplement de constater qu’on a au moins réagi. On aurait pu aussi ne rien faire. Parce que nous sommes les champions de la méthode Cauet ou quand ça ne va pas, il ne faut pas qu’il y ait des voix discordantes, celle qui dit « ça ne va pas ». On vous dit : « c’est un opposant, il n’est pas content, on lui a refusé ci, on lui a refusé ça ». On ramène toujours tout à des questions alimentaires. Mais là, on a fini par réagir. Et je crois que la réaction a été salutaire. En commençant par la réaction politique qui a changé de ministre. Si on applaudit quand ça marche, il faut qu’on accepte qu’on donne un avis d’insatisfaction quand ça ne marche pas. Moi, je suis persuadé que l’action la plus porteuse qui ait eu lieu, c’est celle du changement de ministre qui a ensuite permis tout le reste, qui a amené un enchaînement. Simplement une autre vision a pu amener cette secousse qui a tout entraîné et qui a apporté un peu de sérieux, un peu de rationalisation des choses et forcément un peu de professionnalisme. Et ça fait tout de suite la différence à ce niveau-là. Je souhaite que les leçons de cette réaction soient retenues.
Vous ne parlerez pas du travail abattu par Paul Le Guen ? N’a-t-il pas joué un rôle important dans cette qualification ?
Souvent, ce qui fait qu’au Cameroun finalement les gens aiment les incompétents, c’est précisément parce que si on réagit comme vous réagissez là, ceux qui sont chargés de choisir ne choisiront jamais ceux qui peuvent faire les choses. Pourquoi quand l’équipe gagne, vous voulez uniquement féliciter l’entraîneur et dans le même temps, vous ne supportez pas qu’on félicite ceux qui ont choisi un entraîneur ?
Entre autres…
Non pas entre autres justement. Moi, j’aime bien aller à…
Mais on les compte aussi…
Mais non, vous ne les avez pas comptés. Vous insistez absolument sur Paul Le Guen. Je vous dis qu’avant l’arrivée de Paul Le Guen, il y a un changement de cap qui est ce changement de ministre. Et donc, je félicite celui qui a choisi ce ministre qui est venu avec une nouvelle vision. Je félicite ce ministre. Le reste étant une succession de la même manière que Paul Le Guen ensuite a choisi des joueurs. Il y en a qui n’ont pas joué avant ou qui n’ont pas joué au même poste avant. Mais vous n’allez pas encourager les joueurs. Vous vous arrêtez à leur entraîneur ! C’est un problème d’idées. C’est pour cela que je ne cite pas le nom du ministre. Parce que ce n’est pas l’individu, c’est l’attitude qu’il représente, l’attitude qu’il a eue et qu’il a. Ce sont les idées qui comptent. Vous avez choisi en l’occurrence quelqu’un qui exprime une certaine vision, une certaine compétence. Et c’est cela qu’il y a un effet. Maintenant, qu‘il faut citer des noms, citer Michel Zoah, citer Paul Le Guen, comme aussi citer les Eto’o… Il n’y a pas de raison ! C’est là le problème ! Moi, je ne me vois pas citer l’entraîneur comme étant le seul et l’unique qui a permis d’avoir des résultats en oubliant ses joueurs. Puisque, avant quand ça n’a pas marché, on a cité, on a stigmatisé les joueurs. Il faut pouvoir applaudir tout le monde.
On est à un mois du début de la Can. Le programme de préparation des Lions Indomptables n’est pas encore connu. C’est un handicap ?
Qu’est-ce que vous voulez connaître du programme de préparation ? Quand il fallait demander le programme, vous ne l’avez pas fait. Quand il fallait faire une pression pour qu’il y ait un programme, vous ne l’avez pas fait. La coupe d’Afrique est prévue depuis longtemps à cette date-là, en Angola. Vous croyez qu’on la prépare réellement maintenant ? En ce moment, les joueurs sont dans leurs clubs. Quel programme de préparation voulez-vous avoir? Je trouve que c’est un faux procès. Maintenant ou en tout cas, c’est trop tard. Le programme de préparation, Paul Le Guen est en train de le préparer. D’abord, il y a forcément un programme collectif et un programme individualisé. C’est-à-dire que, en fonction des joueurs qu’il va retenir, il y en a à qui il va faire faire des choses qu’il ne fera peut-être pas à d’autres selon leur état de forme au moment où ils vont lui être envoyés. Non, ce n’est pas à vous de connaître le programme de préparation et il n’y en a pas à publier à un mois de la compétition. Etant donné que pendant ce mois, on va récupérer les joueurs vers le 20 juste avant les fêtes. A ce moment-là, lui Le Guen sait ce qu’il va leur faire faire dans les 20 jours qui précèdent et on ne fait pas la même chose qu’à moins 19, moins 18 ou moins 15. C’est forcément ce qu’il va leur faire faire. Ce programme là qui est un programme d’entraînement, ne concerne pas les journalistes ou le grand public. En revanche, oui peut-être que la date de rassemblement, c’est la Fifa qui la fixe. Je crois qu’elle elle est fixée à quinze jours avant le début d’une phase finale. Les quinze jours d’ailleurs tombent à peu près au moment où les championnats s’arrêtent, au moment où certains jouent les dernières journées. Ceux qui jouent en Angleterre vont jouer le 26 décembre, c’est connu. Ce n’est pas là que vous devriez vous inquiéter. Le contenu de la préparation n’est jamais révélé à personne. C’est quelque chose qui se fait au jour le jour. Même les joueurs ne connaissent pas le programme de l’entraînement trois jours avant. Ne vous inquiétez pas pour eux.
Serait-il raisonnable d’aller à la Can, comme l’on en prête l’intention à Paul Le Guen, sans intention de la gagner, juste pour évaluer son niveau avant la prochaine coupe du monde?
Alors on ne serait plus compétiteur. Chacun fait ce qu’il veut, mais moi je ne crois pas qu’on va à une compétition en disant : « on n’y va pas pour la gagner ». Vous voyez comment vous êtes, vous camerounais ? La Can est quelque chose que vous avez déjà gagné – et je parle comme consultant cette fois- c’est-à-dire que potentiellement, le Cameroun peut la gagner. Et vous pensez qu’on peut y aller pour ne pas la gagner. En revanche, la coupe du monde, vous ne l’avez jamais gagnée vous n’avez pas le potentiel. En tous les cas, vous n’avez jamais prouvé que vous en aviez le potentiel. Et là, tout le monde va essayer de s’accrocher précisément à ce qu’on ne peut pas atteindre pour avoir l’excuse que de toute façon on ne pouvait pas l’atteindre. Ce n’est pas raisonnable. On doit aller à la Can avec d’autres ambitions et en tous les cas avec des ambitions différentes de celles que l’on amène en coupe du monde.
Que dites-vous de l’équipe des Lions Indomptables qui a qualifié le Cameroun en coupe du monde ?
Tout le monde a vu que récemment encore, on essaye un tel…, on tente ceci…, vous dites : « tel est vieux, il faudrait le remplacer ». A peine un garçon aurait joué 25 minutes que vous voulez déjà le juger de manière définitive. Il faut attendre un peu. Il faut prendre un peu son temps. Il faut leur donner du temps avant de pouvoir le juger de manière définitive. Il y a eu un changement d’entraîneur, une perspective nouvelle, une vision nouvelle. Parce que l’entraîneur lui-même aujourd’hui n’est pas totalement sûr de toutes les cases. Il a fait quelques matches, il n’est pas encore totalement dans la sérénité et dans l’assurance vis-à-vis des uns et des autres. Peut-être qu’au moment de la Can, il aimerait savoir exactement ou il en est. Et à ce moment, peut-être qu’au milieu de la Can, peut-être qu’après la Can, on pourra commencer à parler en termes de nouveaux Lions. Nouveaux pas en termes d’arrivée, mais en termes de cuvée. On saura ce qu’est la nouvelle cuvée et qu’est-ce qu’elle vaut avant la montagne coupe du monde.
Comment appréciez-vous le rôle de Samuel Eto’o dans la qualification des Lions au mondial sud-africain ?
Dans la qualification ou pas, Samuel Eto’o est un joueur important pour les Lions Indomptables. Je dirais même que c’est à lui de pouvoir faire en sorte que cette importance là soit croissante et soit décisive. C’est déjà arrivé. Il faut faire en sorte et ça c’est tous les joueurs d’ailleurs qui se battent pour la même chose, il faut faire en sorte que cette importance soit effectivement grande. Pour cette qualification et comme assez souvent, il s’est révélé important. On n’est pas seulement important parce qu’on marque des buts. Et ce serait dommageable si lui-même ne considérait son rôle que s’il marquait des buts au point de penser qu’il ne sert à rien s’il n’en a pas marqué. Il faut savoir être simplement un joueur de l’équipe et savoir être important là ou on est. S’il est devant le but, il faut qu’il soit buteur. S’il est milieu de terrain, il faut qu’il joue comme un milieu de terrain.
Le ministère des sports et de l’éducation physique et la fédération camerounaise de football ne se font plus la guerre. Quel commentaire vous inspire cette attitude ?
Quand j’en parlais tout à l’heure, vous, vous insistiez pour vouloir parler de Le Guen. Logiquement, jamais un tuteur ne se bat avec un enfant dont il a la tutelle. Tant qu’on peut parler de guerre entre la Fécafoot et la tutelle, ça veut dire que la tutelle est faible. Ça veut dire que quelqu’un à la tutelle ne tient pas les rennes du pouvoir. La fédération n’est qu’une association dans un pays. Et c’est quelque chose d’absolument faramineux de voir dans un pays qu’une association semble, excusez-moi le terme, embêter tout le monde. Ce n’est pas vrai ! Elle a une tutelle ! La fédération est le bras technique du ministère. Votre bras ne peut pas vous embêter. Quand vous avez au ministère quelqu’un qui sait quelle est sa propre hauteur, quelle est sa propre place, on ne se dispute pas avec la fédération. Il peut éviter tous les pièges éventuellement tendus par la fédération. Il est là pour diriger, pour donner la direction à la fédération. On n’est pas là pour se faire des amis. On peut en être dans le civil, mais on a des rôles à jouer. Le ministère a un rôle politique que ne peut lui contester la fédération. Et le rôle politique est un rôle de leadership. Et qui dit leadership dit direction. Vous donnez la direction, les autres suivent. Vous n’avez pas à vous chamailler. Et quand il y a quelqu’un qui s’écarte, c’est à vous de le ramener. Seule réellement la compétence prodigue cette autorité. La nomination ne la donne pas.
D’aucuns craignent que le pactole de la coupe du monde réveille les vieux démons…
Si à la tutelle, on se montrait individuellement et personnellement intéressé par l’argent, évidemment on se chamaillerait. Mais si on est là pour occuper des fonctions et qu’on remplit ces fonctions correctement… Vous avez vu ceux qui sont en prison dans ce pays ? Donc ça peut arriver à tout le monde. Il y a des lois, il y a des règles. Il suffit de les appliquer. Oui, ça peut arriver si au ministère, on changeait d’optique. Mais je ne crois pas que ça puisse arriver parce que, si jusqu’à présent, il n’ y a pas de chamaillerie, c’est parce qu’il y a un ministre et qu’à la fédération, il y a un président d’association. Un ministre ne se dispute pas avec un président d’association.
Depuis 1996 vous êtes en rupture de ban avec la Fédération camerounaise de football. Pourtant ces derniers temps vous avez répondu favorablement à pas moins de deux invitations venues de là-bas. Est-ce à dire que vous êtes désormais réconciliés ?
Je n’ai jamais fait la guerre à personne. Le problème de la Fédération camerounaise de football c’est que souvent les postes là-bas sont occupés par des nains. Vous êtes peut-être jeune, votre journal aussi. Mais ceux qui y travaillent ne sont pas tous des gamins. Lorsque je critiquais la fédération en 1984, est-ce que l’un des individus occupant un poste aujourd’hui là-bas y était ? Lequel de tous ceux qui sont aujourd’hui à la fédération y était en 1990 ? Personne ! J’ai des problèmes de principe pour mon pays. Je critique ce qui ne va pas pour que ça aille mieux. Moi, j’ai été joueur de cette équipe et j’y ai gagné des choses. Ces gens-là ne peuvent pas dire pareil ! On ne peut pas me soupçonner de ne pas vouloir que le Cameroun gagne quand je l’ai fait gagner grâce à ma sueur et à mon sang. Je n’ai pas de problèmes avec la fédération. D’ailleurs, certaines personnes qui sont à la fédération sont arrivées au foot très récemment et en partiront une fois qu’ils ne gagneront plus de l’argent. Ce n’est pas là le problème…
Il y a peu vous n’adressiez même pas la parole à ces gens-là…
Aujourd’hui, je n’ai pas changé, je suis le même. J’abats mes principes. Je ne suis ni l’ennemi, ni l’ami particulier de personne. Je suis un passionné de foot. J’ai été footballeur, je suis aujourd’hui un expert du foot, je donne mon avis. Je veux que le football de mon pays marche bien. Dans le passé, on a cru que Jean-Lambert Nang et moi avions un problème personnel. Le jour où il a écrit le livre « Desperate Football House », certains se disaient surpris que j’aie préfacé le livre. J’ai dit des choses, s’il commence à dire la même chose, pourquoi on ne doit pas s’entendre. Je dis que notre football ne marche pas bien, on doit travailler pour qu’il marche. Si quelqu’un à la fédération pense la même chose que moi, on est de grands amis, de grands patriotes et on fait avancer notre pays.
Propos recueillis par Pierre Arnaud Ntchapda