Les joueurs du sélectionneur camerounais l’ont trahi, hier sur la pelouse du stade Ombaka, après avoir pourtant montré de très belles choses face à une formation égyptienne qui, elle –que le résultat final ne nous trompe pas- n’a pas été à son niveau habituel.
Tactiquement, le technicien breton a même gagné son match contre Hassan Shehata. Les joueurs du bord du Nil ont été pris dans l’étau dans tous les compartiments de jeu. Surtout au milieu du terrain où les trois hommes (Alexandre Song, Enoh Eyong et Constant Mandjeck-enfin mis à sa vraie place) ont tenu la dragée haute aux Pharaons.
Devant, Idrissou a une nouvelle fois fait un match sérieux en bousculant les Egyptiens dans les airs et en étant le seul à organiser le premier pressing. Achille Emana a aussi été étincelant, le seul qui a mis le gardien et les défenseurs adverses à rude épreuve. On se demande dès lors pourquoi Paul Le Guen a toujours le réflexe de sortir l’ancien joueur de Toulouse, même dans un match à élimination directe comme le quart de finale de la Can où les étincelles d’Emana pouvaient débloquer la situation à tout moment.
L’échec d’hier est donc aussi et surtout celui du sélectionneur des Lions indomptables, qui n’a cessé de tâtonner, comme s’il ne savait pas où il veut aller. La veille en conférence de presse, il était par exemple catégorique sur la confiance inébranlable qu’il voue à Carlos Kameni dans les buts, alors qu’il était dans une dynamique de changement ailleurs. Mais changement pour changement, le choix de placer Aurélien Chedjou dans l’axe de la défense, où ce milieu de terrain offensif ne s’est jamais senti à l’aise est déroutant, surtout après le match nul contre la Tunisie jeudi dernier à Lubango. Le maintien aveugle de la vedette de l’équipe, Samuel Eto’o, sur le terrain alors qu’il ne tient que sur une jambe est tout aussi éloquent de stupeur.
Au total, cela fait beaucoup, pour un entraîneur, qui a aligné quatre équipes en quatre matches disputés par le Cameroun dans cette Can Orange Angola 2010. Preuve irréfutable de son manque de certitudes, et de sa fébrilité. Il avait entendu les cris de la rue et il avait remanié de fond en comble son équipe face à la Tunisie. Le résultat fut mauvais, mais au lieu de faire des ajustements qu’il faut, il s’est encore lancé dans des échafaudages infructueux contre l’Egypte, comme pour montrer qu’il reste à l’écoute mais tout en s’agrippant à ses idées personnelles résolument fausses. Il est vrai, il n’est pas aidé par les joueurs à qui il a fait confiance. Njitap, Kameni et Chedjou sont impliqués dans au moins quatre des huit buts encaissés par les Lions en Angola…
Y a-t-il néanmoins quelque chose de positif qui se dégage de cette participation du Cameroun à la 27ème fête du football africain ? Oui, la vraie équipe-type des Lions indomptables, au bout de ces mille tâtonnements de Paul Le Guen, a commencé à se dessiner. Enoh Eyong et Constant Mandjeck ont été plus productifs hier au milieu du terrain que Makoun et Nguemo. Idrissou est utile dans le pressing offensif, et Achille Emana est indispensable, même quand il est en petite forme. Il faudra maintenant chercher un latéral droit qui rassure, Njitap étant manifestement en bout de parcours.
Quant à l’axe central de la défense centrale, si l’option –discutable- est de reposer le vétéran Song, la solution de rechange n’est certainement pas Chedjou, lequel peut rendre plus de services comme milieu offensif. Et le gardien de buts alors ? Malgré le chorus de ses entraîneurs Paul Le Guen et Thomas Nkono pour dire qu’il reste le meilleur, Idriss Carlos Kameni, avec huit buts encaissés dont au moins trois imputables à sa fébrilité, est un motif d’interrogations.
Le chantier de l’avenir est immense, et la Coupe du monde n’est plus loin. Vivement que les Matip et Ngog viennent participer à la refondation qui se dessine. Paul Le Guen a échoué à la Can Orange 2010. A lui de montrer qu’il peut rebondir.
Par Emmanuel Gustave Samnick