Dans le dernier quart d’heure de la rencontre, les Maliens ont arraché le match nul le plus incroyable, le plus inimaginable, le plus invraisemblable. Tout était gagné pour l’Angola, deux buts de la tête de Flavio et deux penalties de Gilberto et Manucho, quand l’horloge s’est mise mystérieusement à tourner dans l’autre sens.
Pas de temps d’observation. Des deux côtés on est entré très vite dans le jeu. A peine une minute que déjà les Angolais amorcent un beau mouvement collectif sur le côté gauche. Mahamadou Sidibé intervient dans les pieds de Flavio. La partie est animée, rythmée, le public donne de la voix. Lui aussi est entré très tôt dans son match. Pas besoin de se chauffer les cordes vocales. Les Blancs maliens s’organisent au milieu de terrain mais les rouges angolais semblent plus incisifs, plus offensifs en ce début de match. Flavio tente sa chance des vingt mètres, le ballon rebondit, manque de puissance. Il en faut beaucoup plus pour surprendre Sidibé. Les Blancs de Stephen Keshi s’efforcent de ne pas se laisser entraîner dans une sorte de football-champagne. Le premier corner est pour eux. Mahamane Traoré le rate complètement centrant hors de la surface de réparation. On joue depuis une douzaine de minutes et on n’a pas eu le temps de souffler. Si toute la CAN est comme ça, on va se régaler.
Il se dégage de l’équipe malienne un sentiment de puissance physique et un peu plus de vélocité chez les Angolais. Les statistiques confirment après le premier quart d’heure la légère domination des Palancas Negras avec une possession de ballon légèrement supérieure à 54%. Pour les Aigles, l tactique est normale : laisser l’adversaire qui joue devant son public, prendre les initiatives, l’obliger à avancer, à se dégarnir derrière pour venir ensuite lui perforer les flancs. Manuel José se lève des ordres, fait signe à ses joueurs d’accélérer le mouvement. Attention à ne pas tomber dans le piège du faux-rythme.
A la 22e minute, l’Angola obtient son deuxième corner. Très beau centre au deuxième poteau, Flavio amorce une reprise de volée stoppée net par Mahamadou Diarra. Sur son banc, Stephen Keshi semble serein, tandis que Dédé, blessé à la cuisse sort et que Djalma prend sa place. Il fait encore très chaud au stade du 11 novembre, 30° , avec beaucoup d’humidité dans l’air, et les organismes sont en souffrance. Djila Diarra semble dans son élément. Il est extrêmement présent dans le jeu. Le Madrilène sait combien cette CAN est importante pour lui, pour le relancer, ne serait-ce que médiatiquement lui qui a pendant de nombreux mois été privé de terrain. Les Angolais s’engouffrent dans la défense des Aigles peu après la demi-heure de jeu, Mabina récupère sur l’aile drite centre dans la surface pour Djalma mais Sidibé intervient sur l’action sans doute la plus dangereuse depuis le début de la rencontre. Dans l’instant qui suit, Modibo Maiga doi sortir. Rentre sur la pelouse Seydou Keita, milieu du Barça. Dans l’instant qui suit, le stade se lève. Un moment d’un intense bonheur. Sur un coup franc à l’entrée de la surface, le ballon passe le mur et vient trouver la tête de Monsieur Flavio qui se baisse pour mieux catapulter la balle au fond des filets. Premier but de la 27e Coupe d’Afrique des nations. Premier but angolais ! Que demande de plus le stade et le pays.
Et ça repart pour une Ola : 42e minute, un centre magnifique de Mabina pour une seconde tête de Flavio. Voilà comme en un tour de main on ajoute un deuxième but. Quels gestes parfaits, du passeur et du buteur. La « Tête », c’est le surnom de Flavio en Angola, a parlé. Pourquoi la tête, parce que, nous a-t-on dit, petit de taille c’est d’abord la tête que l’on remarque chez lui. Tête basse, Stephen Keshi se demande ce qu’il doit faire, quelle tactique choisir.
Mi-temps : 2-0 en faveur de l’Angola.
On ne sait pas ce qui s’est dit aux vestiaires mais en revenant sur la pelouse, les Maliens sont, par groupes de deux en pleine discussion. Il faut resserrer les boulons, les gars, être solidaires les uns des autres. L’heure n’est plus aux calculs. Il va falloir que les Aigles déploient leurs ailes avant de plonger sur leur proie. Théorie de tableau noir. C’est sur le terrain qu’il faut mettre en application la stratégie.
Diarra monte au point d’être quasiment sur la ligne de but angolaise. Carlos, le gardien tout blond, s’interpose ; Diarra reprend mais au-dessus du but. Nouvelle tentative de Kanouté. Il n’enveloppe pas assez sa balle au moment de la frappe et elle passe sur la droite de la cage angolaise.
65e minute : le calvaire malien se poursuit : le milieu de terrain Gilberto est contré irrégulièrement dans la zone de vérité. L’arbitre égyptien Essam Abdel Fath n’hésite pas une seule seconde : penalty. Gilberto décide de se faire justice. Il prend quelques pas d’élan. Sidibé s’envole sur la droite. Le ballon rase le bout du bout du gant pour se loger dans la lucarne droite du but malien. 3-0. Les Aigles sont au bord de l’indigestion. Angola is magic ! Et Gilberto continue à vouloir passer en force. Côté gauche. Il rentre dans la surface tombe, bousculé par Mamadou Bagayoko. Monsieur Essam El Hadary siffle son deuxième penalty en moins de dix minutes. Manucho s’élance. Sidibé, pour la quatrième fois va rechercher l’objet de toutes les convoitises au fond de ses filets.
79e minute, corner en faveur des Malien. Le ballon arrive au centre de la défense angolaise. Carlos relâche. Enorme cafouillage devant le gardien angolais. Trois joueurs se retrouvent en tas devant le portier. Le ballon sort dans les pieds de Seydou Keita qui, dans un trou de souris, parvient à réduire la marque. Ce n’est pas fini. Kanouté, qu’on a pas beaucoup vu, reçoit un service en profondeur au point de penalty. Cop de tête et encore un but, le deuxième du Mali. Le score rétrécit. Moins insupportable pour les tuniques blanches.
Deux minutes dans le temps additionnel. Coup franc à trente mètres du but angolais. Une passe destinée isolé sur le côté droit de la surface. Reprise de volée instantanée de Seydou Keita. 4-3. Le public a, en partie quitté le stade. Et voilà que le Mali égalise à la 94e minute sur un mauvaios renvoi de Carlos dansles pieds de Yattabare seul devant la cage vide 4-4.
Huit buts en 94 minutes. Quel match. Et le Mali était mené 4-0 avant le dernier quart d’heure. Si vous ne le lisiez pas, vous ne pourriez pas le croire.
– Angola 4-4 Mali
– Venue : Luanda
– Date : 10/01/10
– Arbitres :
- Ref. Essam Abdel Fatah (Algeria)
- A. I. Abdel Naby Nasser (Egypt)
- A. II. El Maghrabi (Libya)
- R.R. Doue Normandiez (Cote d’Ivoire)