La première sortie du Cameroun s’est soldée par une défaite, 0-1, face aux Samouraïs japonais. Une rencontre au cours de laquelle, les quatorze joueurs utilisés par l’entraîneur Paul Le Guen ont connu des fortunes diverses. Erreurs de positionnement en défense, manque d’imagination et de créativité au milieu de terrain, et fébrilité offensive ont été à l’origine de la débâcle face à un adversaire connu comme le plus faible du groupe E.
Joël Matip, aller à l’essentiel
Monsieur propre a fait l’essentiel. Jouant à une touche de balle, mais parfois s’est montré lent dans la relance. Le jeune international camerounais a été crispé, et a eu peur de prendre des initiatives durant la partie. Son bilan est néanmoins encourageant. Il a récupéré et distribué des ballons précieux que ses camarades n’ont pas mis à profit. Le coach Paul le Guen s’est dit satisfait de son rendement. Mais, l’on ne comprend pas pourquoi il a été remplacé en cours de jeu. Remplacé par Achille Emana à la 64’.
Emana, un pétard mouillé
Entré en jeu à la 65ème minute pour redonner vie à la partie et surtout booster l’attaque camerounaise en panne d’imagination, il a d’abord réussi quelques gestes techniques applaudis par les spectateurs. Mais, c’était un pétard mouillé, puisque le technicien maison de l’équipe a sombré par la suite. Comme ses coéquipiers, le maestro n’a pas été à la hauteur. 25 minutes sans rendement !
Assou-Ekotto, Monsieur 90%
Impérial sur le flanc gauche de la défense des Lions. Le défenseur camerounais a brillé par ses interventions, ses remontées et ses centres en retrait pour les hommes de la ligne d’attaque. Les étincelles au niveau de la ligne d’attaque camerounaise sont souvent venues de ce joueur très présent. Très imposant dans le jeu, Assou-Ekotto exécute à merveille des balles arrêtées, touches, coups francs et corners. Le problème, c’est que les destinatoires de ces ballons plombés sont souvent absents à leurs postes.
Eto’o, en retrait et peu influent
Le capitaine des Lions indomptables est resté très en retrait. On l’a très souvent vu évolué à 40 mètres de la surface de réparation japonaise. Un positionnement qui ne pouvait sans doute pas lui permettre de marquer des buts. Interrogé en conférence de presse, l’entraîneur Paul Le Guen a indiqué que «c’est un choix personnel de le faire jouer en retrait ». Durant la partie, Eto’o a lancé plusieurs touches, alors qu’on l’attendait à la réception de ces ballons qui peuvent se transformer en réelles occasions de buts pour les attaquants. Son unique tir dans les arrêts de jeu, a rebondi sur les pieds des défenseurs. Le capitaine des Lions a été à l’origine d’une très belle phase de jeu à la 35ème minute. Une action digne d’un joueur de renommée mondiale. On peut seulement regretter le fait que le capitaine des Lions indomptables n’a pas pris d’autres initiatives offensives.
Enoh Eyong, moyen
Des passes à l’adversaire et des mauvais choix, le milieu de terrain est l’une des déceptions camerounaises. Battu dans les duels, Enoh Eyong serait passé complètement à côté de son match, n’eut été, à la 35’, une frappe puissante bien happée par le gardien nippon. Ce sera d’ailleurs la seule véritable tentative du Cameroun durant les quarante cinq premières minutes du match.
Choupo-Moting, prometteur
On aurait du mal à croire qu’il était à sa première compétition internationale. Il était esseulé à la pointe de l’attaque camerounaise, tantôt à gauche, tantôt à droite. Le jeune international a joué sa carte à fond. Il a essayé un slalom en début de seconde période, puis stoppé net à l’entrée de la surface de réparation. Cette incursion dans la défense japonaise a permis aux Lions d’obtenir un corner dès l’entame de la seconde période. A la 50’, il a été servi par son capitaine, dans les 18 mètres. Malheureusement, sa frappe mal sera cadrée.
Mbia, en forme
Peut-être l’homme du match, côté camerounais. Après une erreur de marquage à la 39’, qui a permis au Japon d’ouvrir le score par Keisuke Honda, Stéphane Mbia s’est remis dans la partie. Quelques fois dépensant inutilement de l’énergie avec un port excessif de balles. Il s’est réveillé à cinq minutes de la fin du match, d’une superbe frappe qui a heurté le montant droit des buts de Eiji Kawashima. Ce fût la plus grosse frayeur du match.
Makoun, décevant
Très compétitif en club, on ne l’a malheureusement pas vu prendre des initiatives. Le milieu de terrain camerounais n’a pas eu l’occasion de s’illustrer en première mi-temps. Pris en tenaille par les cinq milieux de terrain nippons, Jean II Makoun s’est contenté de quelques ballons qu’il a eus de la peine à transmettre à ses coéquipiers. On le sait très bon sur des belles aériennes, mais, on ne l’a jamais vu prendre des initiatives sur des centres effectués par le magistral latéral gauche Benoît Assou-Ekotto.
Bassong, fébrile et très prudent
Le défenseur central des Lions est resté très en retrait. Paul le Guen qui disait avoir retrouvé une certaine solidité défensive ne dira pas le contraire. Souvent blessé lors des grands rendez-vous, Bassong avait une occasion en or de produire du jeu, de se montrer décisif face à une équipe japonaise qui n’était pourtant pas un foudre de guerre. Mais l’enjeu était trop grand pour ce joueur qui n’a pas voulu prendre de risques. A son actif, quelques propres interventions de la tête, et parfois du pied, et des ballons balancés en direction des milieux de terrain.
Nkoulou, ma-gis-tral
Il incarne l’avenir de l’équipe nationale du Cameroun et l’esprit Lion indomptable. Nkoulou est crédité d’un grand volume de jeu. Il s’est parfois montré sportivement agressif dans ses interventions, d’où un carton jaune écopé en deuxième mi-temps. C’est la grande satisfaction, côté camerounais.
Njitap, moyen
La volonté y était. Mais, Njitap n’a, en quinze minutes, peut-être pas eu l’occasion de s’illustrer. Avec son entrée, au milieu de terrain, le flanc droit de l’attaque camerounaise a bougé, avec des centres. C’est bien pour le moral de ce joueur jugé vieillissant.
Idrissou, 15 minutes pour rien
Il a pris la place de Choupo-Moting à la 75’. Et n’a pu faire mieux que ses partenaires. Placé en position idéale dans les dix-huit mètres japonais, l’attaquant longiligne a eu de nombreux ballons, qu’il a gentiment gâchés par ses déviations à l’aveuglette. C’était du pain béni pour les défenseurs et le gardien de buts nippon. Idrissou n’a pas été à la hauteur.
Souleymanou, pas rassurant
L’équipe camerounaise est très vulnérable à ce poste, où Souleymanou et Kameni se relayent, sans succès. L’arrivée de Jacques Songo’o, le coach en charge des gardiens de buts, n’a pas arrangé les choses. Les Lions ont encaissé huit buts durant les quatre matches de préparation. Face au Japon, Souleymanou qui a eu l’honneur de garder la cage des Lions, a déçu le public de Bloemfontein, par ses interventions approximatives. Il a relâché deux ballons chauds, se reprenant par deux fois pour éviter la catastrophe. Des erreurs qu’il a intérêt à corriger rapidement avant la deuxième rencontre face au Danemark, le 19 juin. Devenu N°1 des Lions indomptables à la faveur d’une très mauvaise prestation de Kameni lors de la Can angolaise, Souleymanou Hamidou savait bien qu’il était attendu au tournant. Il reste sur une corde raide.
A quoi sert Webo ?
L’attaque camerounaise a été à l’image de ce joueur. Isolé sur le côté dans une position qui n’est pas la sienne, Webo a peiné, et n’a jamais inquiété ses adversaires. Trop de ballons gâchés. Et un dernier sursaut d’orgueil dans les arrêts de jeu, qui aurait pu être le but du mondial, si le gardien japonais n’avait pas sorti le grand jeu. A part cela, aucun fait majeur à mettre à l’actif de ce joueur. Complètement déboussolé, il a parfois amorti du tibia, redonnant des ballons de contre aux Japonais.
Jean Robert Frédéric Fouda, envoyé spécial à Bloemfontein (RSA)