L’ancien gardien de l’équipe de France analyse pour nous le match Tunisie-Cameroun, décrypte le jeu Camerounais avant et d’évoquer les chances des Lions indomptables pour la suite de la compétition.
Camfoot.com : Quelle analyse faites-vous de ce match Tunisie-Cameroun ?
Bernard Lama : Je crois que sur ce match le Cameroun mérite sa qualification ; à part le premier quart d’heure, ils ont dominé le match. Il y a encore quelques erreurs qui ont été commises, mais je crois que l’enseignement c’est que un match de football n’est jamais terminé, il se joue de la première à la dernière minute. Le Cameroun n’est pas sorti encore, mais ça devient de plus en plus difficile, on ne va pas passer son temps à encaisser des buts comme ça en début de match. Aujourd’hui c’est la Tunisie, mais demain c’est l’Égypte ; si vous prenez un but comme ça devant l’Égypte, ce n’est pas sûr que vous allez revenir. Maintenant c’est une bonne chose de continuer parce que ça va permettre aux jeunes de parfaire leur expérience, d’avancer vers la préparation de la coupe du monde et d’être peut-être dans six mois plus performants.
Camfoot.com : Quelles sont les carences de cette équipe du Cameroun selon vous ?
Bernard Lama : Il manque peut-être quelqu’un au milieu de terrain, un vrai patron, un vrai numéro 10, un vrai leader technique qui fasse jouer l’équipe. On ne peut pas tout demander à des garçons comme Alex Song. Je pense que les jeunes doivent trouver la confiance, il faut encore plus de coordination entre la nouvelle et la vieille génération, que les anciens fassent preuve d’humilité et se mettent à la disposition des jeunes. C’est un tout, ça ne se construit pas en un tournoi, ça se construit tout au long des années. Je pense que s’il y avait ce joueur au milieu de terrain capable d’orienter le jeu, capable de gérer encore mieux, je pense que l’équipe serait encore plus dangereuse. On a vu Alexandre Song au milieu de terrain qui a fait un bon match, qui a géré le jeu, qui a donné des bons ballons, mais ça reste un milieu défensif. Je pense qu’il y a un lien qui manque entre le milieu et l’attaque. Eto’o joue ce rôle là de temps en temps quand il décroche, mais maintenant il y a un entraineur qui est qualifié, qui sait ce qu’il fait ; il a changé au niveau tactique en deuxième mi-temps, Eto’o était plus en retrait avec Webo et Idrissou devant.
Camfoot.com : A la fin du premier tour de cette Can, quels sont les grands enseignements ?
Bernard Lama : Il y a un grand enseignement, c’est que les grandes nations du football africain sont au rendez-vous, il n’y a pas grand-chose à rajouter. Il y a des pays qui travaillent, qui progressent comme le Gabon, comme le Bénin, toutes ces équipes là avancent, mais ne sont pas encore au niveau du Cameroun, de l’Égypte, de la Côte d’Ivoire, mais le niveau de la compétition est très moyen. Les joueurs qui jouent en Europe à un certain niveau et qui viennent en coupe d’Afrique Afrique jouer des matches et avoir autant de déchets, je m’interroge un peu. Mais sur l’ensemble aussi on voit beaucoup de buts.
Propos recueillis par Guy Nsigué à Lubango (Angola)