En vacances après l’élimination du Cameroun au premier tour du Mondial, Sébastien Bassong a accepté de faire un bilan. L’international n’élude aucun sujet et avoue avec franchise que l’état d’esprit n’était pas bon au sein du groupe.
Comment expliquer un tel fiasco de la part du Cameroun ?
Sébastien Bassong : Ce n’est pas facile à expliquer. Il y a tout un tas de raisons qui font qu’on n’a pas su faire la Coupe du Monde que l’on souhaitait. Que ce soit au niveau sportif, relationnel, il y avait beaucoup de problèmes. Tout ça a fait que c’était compliqué de se qualifier. A l’instar de l’équipe de France, on a eu énormément de problèmes internes. C’est du pareil au même.
Quels étaient ces problèmes ?
Sébastien Bassong : La vie de groupe n’était pas saine. Il y avait trop de rivalités, des soucis d’égos et surtout un état d’esprit qui n’était pas bon dans l’équipe. C’était trop individualiste pour qu’on puisse faire quelque chose de bien. On n’a pas tous tiré dans le même sens. Mettre son égo de côté c’est difficile, mais c’est quelque chose de nécessaire pour avancer et réussir dans une compétition. Sans ça, on ne peut pas.
Y avait-il des signes qui laissaient présager une telle issue avant le Mondial ?
Sébastien Bassong : Il y a toujours des choses qui se passent avant, mais on est dans la préparation et on essaie d’être positif, de ne pas y prêter attention. Après, la vérité du terrain ça ne ment pas. Quand on perd, c’est là que tu vois les réactions d’un groupe. Déjà en préparation, cela commençait à polémiquer un peu partout et la défaite contre le Japon n’a rien arrangé. Il y a eu des problèmes avec certains joueurs et le staff. C’est un ensemble de problèmes importants qui ont fait qu’on ne pouvait pas se qualifier.
Pourquoi ?
Sébastien Bassong : On avait les capacités, mais après la façon dont on a géré les choses, c’était compliqué de sortir de ce groupe. Vraiment compliqué.
Les polémiques entre Roger Milla et Samuel Eto’o avant le début de la compétition ont-elles eues des répercussions sur la vie de groupe ?
Sébastien Bassong : Non, je ne pense pas. A cette époque là, ça ne nous a pas touchés plus que ça. C’était tourné contre une personne. En ce qui concerne le groupe entier, je me répète, mais c’est vraiment dans les mauvais résultats que l’on voit la force d’un groupe. Nous, ça a vraiment éclaté.
Le Cameroun a-t-il manqué de tauliers, ou justement, il y avait trop d’égos pour réussir ?
Sébastien Bassong : On est tous des grands garçons et il y a des tauliers partout. Les leaders ont pris leur rôle très à coeur et l’ont fait en leur âme et conscience. Après peut-être que l’addition de certaines personnes, certains comportements a fait que ça a mal pris. Ce n’était pas possible. Les tauliers ont fait leur travail. Vous savez, personne n’a eu peur de personne là-bas. Aucun joueur ne pouvait revendiquer quelque chose par rapport à un autre.
Quels sont les responsables de l’échec ?
Sébastien Bassong : Ce sont nous qui jouons… Mais je pense que c’est vraiment un fiasco global. Aujourd’hui, c’est la faute de tout le monde. Chacun à sa part de responsabilité.
«A la fin ça devenait long»
Paul Le Guen avouait sa part de responsabilité en stigmatisant son incapacité à créer un vrai état d’esprit au sein du groupe…
Sébastien Bassong : Franchement, tout le monde a fait des fautes. Dans un échec on ne peut pas désigner un seul coupable et dire que lui est blanc comme neige.
La défaite contre le Japon (1-0) au premier match vous a de suite mis en difficulté…
Sébastien Bassong : Ce n’est jamais bon de perdre d’entrée de jeu dans une telle compétition. Le premier match est super important, mais contre le Danemark (Ndlr: défaite 2-1), on est arrivé avec une envie extrême. Mais on s’est vraiment handicapé avec ce revers face au Japon.
Être passé autant à travers d’une telle compétition, avoir fait autant de sacrifices pour finalement sortir au premier tour, n’est-ce pas frustrant ?
Sébastien Bassong : Bien sûr. Je ne m’attendais pas à un tel scénario. Même dans mes pires pensées, je ne pensais pas vivre cette situation. Je ne voulais vraiment pas y penser. C’est vraiment frustrant car on savait qu’avec notre équipe on avait la possibilité de faire quelque chose de bien. Des individualités ne forment pas une équipe. On a fait trois matches, trois défaites, c’est honteux.
Et quand vous avez vu une telle situation, pourquoi le groupe n’a pas réagi ?
Sébastien Bassong : Tout le monde se l’est dit. Chacun défend son point de vue. Mais les points de vue divergeaient sur beaucoup d’éléments. A partir de là, ce n’était pas facile.
Où résidaient les désaccords ?
Sébastien Bassong : Franchement, je ne peux pas trahir le secret du vestiaire et rentrer dans les détails.
Trouviez-vous le temps long avec une telle ambiance ?
Sébastien Bassong : Très honnêtement oui. A la fin ça devenait long. L’atmosphère était pesante, entre nous, autour de nous, c’était compliqué.
Au-delà du parcours camerounais et de tous ces problèmes, comment avez-vous vécu ce Mondial en Afrique du Sud ?
Sébastien Bassong : C’était terrible. Je suis très content et fier d’avoir participé à une Coupe du Monde. Je n’ai jamais eu autant la pression avant un match. J’avais vraiment une grosse pression en connaissant l’attente des gens, du peuple camerounais. Porter l’espoir de tout un peuple sur ces épaules, c’était important.
Une trop grosse pression peut-être ?
Sébastien Bassong : Non, vraiment pas. Mais la personne qui ne ressent pas cette pression au moment d’une telle compétition n’a pas compris le sens des réalités.
A titre personnel, comment analysez-vous vos performances ?
Sébastien Bassong : Je ne peux pas être content de mon rendu après un tel parcours. Quand je perds, je ne suis pas satisfait c’est une certitude, d’autant plus que je suis perfectionniste.
Comment vous expliquez le mauvais parcours des pays africains ?
Sébastien Bassong : Aujourd’hui, les nations africaines se sont bien battues. La Côte d’Ivoire tombe dans un groupe très relevé, le Nigeria est éliminé à peu de choses… Il n’y a rien d’affligeant.