Les populations de la cité capitale de l’Ouest n’ont pas manqué de manifester leur joie après la victoire des Lions indomptables du Cameroun sur ceux de l’Atlas sur le score de 2 buts à 0. Cette célébration, à l’occasion du week-end, c’est prolongée jusque dans les boîtes de nuit.
Le nom des Lions indomptables en général et celui de Achille Webo Kouamo et Samuel Eto’o Fils ont été repris en chœur plusieurs fois par de nombreux de supporters qui s’étaient donnés rendez-vous devant leurs petits écrans pour vivre en direct la rencontre de tous les enjeux qui opposait au stade Olympique de Fès, le Maroc au Cameroun. Match comptant pour la dernière journée des éliminatoires de la Can/Coupe du monde 2010.
Peu avant 16 heures, les activités tournaient au ralenti dans la cité capitale de l’Ouest. Les commerçants avaient fermé leurs boutiques pendant que la majorité de taximen et moto taximen avaient cessé de travailler pour regarder la rencontre que d’aucuns ont taxé de match de l’année. Ceux qui se trouvaient dans les cérémonies de funérailles et autres enterrements n’ont pas dérobé à la règle. Ils ont été davantage encouragés dans cette posture par un communiqué du ministre de la communication, Issa Tchiroma, publié au journal de 13 heures sur les antennes du poste national de la Cameroon radio and television, invitant les directeurs des médias audio-visuels privés à reprendre gratuitement le signal du média d’Etat afin de permettre à tous les Camerounais de suivre en direct ce match qui était d’un intérêt national.
Equinoxe télévision, Canal 2 international et bien d’autres ont eu à aménager des espaces pour la cause. C’est que, après l’élimination du 5 octobre 2008 au stade omnisport de Yaoundé, à l’issue d’un match nul contre l’Egypte, ils étaient curieux les habitants de la ville de Bafoussam qui ne voulaient rater aucune seconde de ce match qui opposait à la dernière journée le Cameroun à une autre équipe du maghreb. Cette dernière étant appelée à aller négocier sa qualification pour la Coupe d’Afrique des nations. Jusqu’à ce que le coup d’envoi soit donné au stade olympique de Fès, il n’y avait pas encore d’images en provenance de Fès sur les petits écrans de télévision. Pourtant, dans presque tous les bars de la place, des dispositions spéciales avaient été prises afin d’offrir un meilleur confort aux clients.
« C‘est malheureux de vivre ce genre de situation dans un pays de football comme le Cameroun» ; «la Crtv n’aurait pas payé les droits de retransmission de ce match » ; «cette Crtv n’a jamais rien fait de bon ; même quand il s’agit des Lions ? » ; «des têtes pourront tomber à la Crtv au cas où nous n’avons pas d’images», pouvait-on entendre ici et là de la bouche des téléspectateurs débordés. Las de suivre le reportage ‘’radio’’ à la télé comme s’ils étaient devant un poste récepteur, des téléspectateurs, en maillot des lions pour la majorité, se sont retrouvés dans les artères de la ville, bouteilles de bière en main. A force de zapper en espérant tomber sur une chaîne internationale qui retransmettait ladite rencontre, certains se sont trouvés dans l’obligation de suivre le match Togo – Gabon que diffusait la chaîne béninoise Lc2, tout en ayant les oreilles tendues du côté de Fès où l’écran de la Crtv télé affichait déjà le score de 1 but à 0 en faveur du Cameroun. But inscrit depuis la 18e minute par Achille Webo.
C’est dans le cours de la 48e minute que les premières images sont apparues sur le petit écran. Tout d’un coup, les rues se sont vidées. Quand à la 52e minute, Samuel Eto’o inscrit le 2e but des Lions, le lieu dit Akwa, situé non loin du marché A de Bafoussam, est en ébullition. «Nous sommes déjà en Afrique du Sud», a lancé un téléspectateur plongé dans l’euphorie totale. Après cette autre réalisation, beaucoup de personnes étaient convaincues que le Cameroun ne pouvait plus être rattrapé au score par l’équipe marocaine. Compte tenu du fait qu’aucune séquence du match n’avait été vue en première manche, les téléspectateurs sont restés scotchés jusqu’au coup de sifflet final. Du coup, des caravanes motorisées se sont organisées, de manière dispersée, dans les artères de la ville de Bafoussam. Dans les bistrots et autres gargotes, on a assisté à des réjouissances populaires, avec de la bière coulant à flot.
Chacun a tenu à exprimer en sa manière sa joie suite à cette qualification des Lions qui étaient absents du rendez-vous mondial de 2006 en Allemagne. A en croire Atangana, fripier, «nous nous sommes qualifiés difficilement mais je remercie le bon Dieu qui nous a permis d’arriver à ce stade de la compétition.» Quant à Tchadjui Elvis, «les Lions jouaient comme si c’était la champions league, avec une bonne circulation de balle. Ils étaient collectifs et ont une bonne défense.» Chez les Achille Webo où nous nous sommes rendus, ses frères et sœurs n’ont pas voulu faire de déclarations. Mais visiblement, tous étaient heureux du but de leur frère qui a participé à la qualification des Lions pour le mondial 2010.
Francis Kamga à Bafoussam