Les journalistes camerounais s’en donnent à cœur joie depuis les évènements de vendredi dernier. L’affaire occupe une bonne place dans les journaux depuis lundi, où l’incident est décortiqué sous toutes ses formes : relations entre joueurs et journalistes, baisse de la cote d’Eto’o…
Dans certains journaux, « l’affaire » a supplanté le match de samedi entre le Cameroun et le Cap-Vert. Les quotidiens La Nouvelle Expression et Le Jour en ont fait leur une lundi. « Cet homme est dangereux », titrait le premier avec une photo de Samuel Eto’o. Le journal de Sévérin Tchounkeu s’indignait ainsi du comportement de la star camerounaise, en réclamant une sanction exemplaire pour le joueur. En parlant de sanction, Mutations pense que ce coup de sang du numéro neuf camerounais méritait une suspension de l’incriminé, au moins pour le match de samedi, de la sélection nationale. « Pour ne l’avoir pas fait, l’encadrement des Lions indomptables vient de fragiliser son autorité, ce qui ne manquera pas d’avoir des conséquences pour l’avenir » poursuit Alain Blaise Batongue. Selon lui, c’est raté de la discipline que les autorités sportives ont voulu restaurer au sein de l’équipe nationale comme claironnée sur tous les toits. Et l’auteur de prendre pour exemple le cas de Daniel Ngom Kome et Albert Meyong Ze, suspendus pendant six mois pour avoir traîné en discothèque la veille d’un match dont l’issue n’avait aucune importance en Guinée Equatoriale. Malgré la fin de ladite suspension, les deux joueurs n’ont toujours pas été rappelés en sélection nationale. Mutations dénonce ainsi la politique de deux poids deux mesures qui règne au sein de cette équipe, « bloquée par le fameux » 984″, nom de code du trio des plus anciens au sein de cette formation que sont Eto’o (N°9), Geremi Njitap (N°8) et Rigobert Song (N°4), qui font la pluie et le beau temps, sachant qu’ils ne risquent rien ». Par ailleurs, Mutations s’est légèrement démarqué du concert d’articles des journalistes solidaires de la victime du coup de tête, Boney Philippe. En effet, au-delà de l’antécédent qu’il y aurait entre Eto’o et Boney depuis que ce dernier a affirmé avoir rencontré dans une virée, Samuel Eto’o et son coéquipier Gérémi Njitap à 3h du matin, ce quotidien est l’un des rares à ajouter que Philippe Boney reprocherait à Samuel Eto’o de n’être aux petits soins qu’avec son chef de service. Ce que le concerné nie en bloc.
Cette affirmation pose donc le problème des relations floues entre les joueurs de l’équipe nationale et les journalistes. Pour Le Messager, les joueurs accusent les journalistes de vouloir les arnaquer en leur posant des problèmes d’argent. Si le journal ne dément pas ces accusations, il pose tout de même aussi la responsabilité des joueurs dans cette habitude. Ces derniers en effet aux dires du quotidien contactent souvent les journalistes quand ils sont dans l’anonymat pour que ces derniers fassent leur promotion, en leur proposant de l’argent. Une fois qu’ils sont connus, ils se mettent à mépriser leur bienfaiteur. En outre, dans son édition de mardi, le quotidien de Pius Njawe trouve d’autres explications au geste de Samuel Eto’o. Selon le journal, le « Pichichi » national est d’abord un homme au tempérament violent et nerveux. Ensuite cette nervosité est ascendante depuis que la cote d’Eto’o a commencé à baisser en Europe. En effet, le goléador camerounais n’est plus en odeur de sainteté du coté de la Catalogne, où il a été hué lors de son dernier match au Nou camp. Du statut d’intransférable qu’il avait la saison dernière avec une clause libératoire de 150 millions d’euros, il a été placé cette année sur la liste des départs au prix de 50 millions d’euros soit le tiers. Le Milan AC candidat pour son acquisition n’en propose que 30. Par ailleurs, à cause de ses frasques son image se serait écornée auprès de ses sponsors. Certains seraient même sérieusement embarrassés.
De son coté, Le jour a ouvert son édition de lundi sur un titre plus sobre : « L’affaire Eto’o ».. Les circonstances de l’incident y sont exposés avec en plus une interview de l’avocat de Samuel Eto’o, affirmant qu’ « une solution serait trouvée à ce problème. » La Météo titrait « Un prisonnier en liberté », pendant que le journal satirique Le Popoli annonçait « Du goléador au molestador » avec une caricature montrant Eto’o assenant un coup de tête à Boney. Le quotidien Cameroon-tribune de son coté s’est montré pondéré en qualifiant le geste du buteur de « malheureux incident ». Dans Le Messager, les journalistes s’indignent de l’enquête diligentée sur cette affaire par le ministre. « Est-ce à dire que tous ceux qui, jusqu’à lors, ont fait des témoignages sur cette affaire, sont des personnes à la moralité douteuse ? » « Le ministre Thierry Augustin Edjoa parle aujourd’hui d’enquête. Avait-il attendu les résultats des enquêtes pour suspendre Daniel Ngom Kome et Albert Meyong Ze après qu’ils aient été surpris hors de leurs chambres d’hôtel à des heures tardives en Guinée Équatoriale ? », peut-on lire. La réunion de concertation entre les joueurs et les journalistes reportée fait également jaser. Mutations révèle que cette mesure de précaution a été prise pour éviter un nouveau clash entre les deux parties. Les joueurs menaçaient de révéler nommément les journalistes à qui ils ont fait des cadeaux. De leur coté les hommes de médias menaçaient de révéler le véritable âge de nos crésus en culotte, tout comme d’autres secrets croustillants. Enfin, selon Mutations de mercredi, la victime Boney Philippe n’a toujours pas porté plainte contre Eto’o