Le Cameroun s’est débarrassé sans trop de difficulté de vaillants mais médiocres Mauriciens. Ce n’est pas leur faire injure que de prétendre qu’on n’est pas surpris. L’importance de cette rencontre, la dernière de cette phase de poule ne se situait pas dans son score, mais dans le contenu délivré par les poulains du roi Otto.
Deux doublés, deux buts sur coups de pied arrêtés, un poteau, une barre transversale, une possession de balle frôlant les 70%, les supporters qui ont fait le déplacement au stade Ahmadou Ahidjo en ont eu pour leur compte. Le pari offensif de Pfister qui a joué pour la première fois depuis le début des éliminatoires avec quatre joueurs à vocation offensif a été gagnant. Mais on ne saura jamais si c’est la qualité de l’équipe ou la faiblesse de l’adversaire qui a permis ce festival.
Les Lions auront connu deux périodes. La première marquée par une domination territoriale mais stérile, où en dehors du but, le gardien de but mauricien aura été peu mis en danger. La seconde, pleine d’allant où les assauts se sont succédés avec quatre buts au bout. Il faut dire que les Mauriciens semblaient aussi avoir abandonné la partie, épuisés physiquement et sans doute nerveusement par le penalty sévère sifflé contre eux en début de seconde mi-temps. Mais les Lions avaient aussi eu le mérite d’utiliser toute la largeur du terrain avec le replacement de Samuel Eto’o sur le côté gauche. Quand le Pichichi évolue sur ce côté, il équilibre un peu les actions offensives de l’équipe naturellement orientée à droite avec les appels de Geremi.
Sur le plan du jeu donc, peu de choses à retenir de la première mi-temps, les Lions ayant abusé d’actions individuelles pour essayer de contourner le bloc Mauricien. Ngom Komé a montré ses deux faces (dribbleur mais inefficace), Somen a essayé d’apporter sa puissance et son accélération et Eto’o s’est démené sur le front de l’attaque. Le grand perdant aura été Achille Emana moins à l’aise quand les espaces manquent. Sa sortie aura même coïncidé avec la meilleure période camerounaise. L’autre perdant du jour est Achille Webo. Peu en réussite depuis son retour de blessure, le Majorcain semble avoir reculé dans la hiérarchie des attaquants même si c’est vrai que son profil de déménageur sera bien utile dans la dernière phase éliminatoire.
La seconde mi-temps aura donné des indications sur la suite des opérations. Otto Pfister aime bien jouer la prudence avec trois récupérateurs dans un vrai 4-3-3. Sinon, pourquoi remplacer un milieu offensif (Somen) par un défensif (Djemba) ? Et dans ce système, le positionnement de Eto’o se situe plutôt à gauche, d’où il peut rentrer pour frapper ou déborder pour se transformer en passeur. Le second enseignement est que le coach a trouvé son joker en la personne de Binya, qui a remplacé Geremi au Cap Vert et Atouba aujourd’hui. Alors que Haman Sadjo, vrai gaucher était sur e banc de touche. D’où une équipe sans gaucher, et qui avec un joueur qui préfère renter dans l’axe comme Ngom, peut expliquer que ce côté ne tourne pas aussi bien que son pendant droit.
Malheureusement dans son coaching, Otto Pfsiter ne nous a pas donné l’occasion de voir quelle alternative on pourrait avoir à sa charnière centrale comme à d’autres postes, puisque depuis la seconde rencontre Bikey a retrouvé sa place après un intérim d’Alex Song aux côtés de son oncle, durant sa suspension. Le Gunner a éprouvé du mal ce jour, sa puissance s’exprimant mieux devant la défense.
Au final, ce tour de chauffe n’aura pas permis de constituer un groupe et on espère que pour une fois, les Camerounais utiliseront la possibilité du match amical de novembre. Parce que cette rencontre, comme les autres ne nous aura pas donné de véritables indications sur le niveau réel de cette équipe. Et le dernier tour ne permettra pas la moindre erreur si les lions veulent aller en Afrique du Sud pour le dernier tour de la génération Cap’tain Song.
Cameroun – Ile Maurice : 5-0 (1-0)
Buts de Eto’o (26ème, 47ème), Meyong (57ème, 72ème), Makoun (71ème)