Le technicien diplômé des hautes études d’entraînement de football en Allemagne analyse les avantages, les limites du Cameroun et de la Tunisie. L’avantage tourne plutôt du côté des Lions indomptables qui ont plus d’atouts que les Aigles du Carthage. Entretien avec un regard avisé.
Camfoot.com: Sur les papiers, quel est l’équipe est favoris dans ce choc Cameroun- Tunisie ?
Richard Towa: Je vais d’abord parler de la Tunisie. C’est une équipe qui pose le jeu, qui est capable d’aligner plusieurs passes, qui au milieu du terrain se regroupe très rapidement et ils ont des attaquants qui sont très mobiles. C’est la raison pour laquelle le Cameroun doit rester vigilant et concentré pendant les 90 minutes du jeu.
Camfoot.com: Et le Cameroun ?
Richard Towa: C’est vrai que le Cameroun a des difficultés sur le plan tactique et collectif, je crois qu’avec les trois matches déjà livrés en phase, les Lions ont rodés leur affectif et pose progressivement son rythme de jeu. Même si l’équipe du Cameroun n’est pas la machine huilée comme le Ghana et la Côte d’Ivoire que nous avons vu.
Camfoot.com: Comment appréciez-vous la prestation de la Tunisie lors de cette CAN ?
Richard Towa: La Tunisie s’est qualifiée pour les demi-finales. Il faut simplement que les Camerounais restent vigilants comme cela semble se confirmer au fil des matches. Même si aujourd’hui, la sélection ne semble pas très solide comme la Côte d’Ivoire ou le Ghana, je pense que le Cameroun a une chance devant l’Egypte.
Camfoot.com: Quelles sont les limites de l’équipe tunisienne que vous avez vu jouer ?
Richard Towa: C’est une équipe solide mais elle possède de failles dans certains compartiments. Les Tunisiens ont un gardien de but qui n’est pas mauvais il a un mauvais timing, il a apprécie parfois mal ses sorties et manque de confiance dans ses sorties. La défense tunisienne est très lente lorsqu’elle perd les ballons. Après perdu le ballon, cette défense ne .se regroupe très rapidement et c’est une faille que les attaquants camerounais peuvent bien exploiter. En plus, ils ne sont fameux dans « le un contre un ». On voit les deux latéraux monter et manquer de couverture adéquate.
Camfoot.com: Et les avantages des tunisiens ?
Richard Towa: Le milieu du terrain tunisien est très mobile, c’est un compartiment qui porte le ballon et alterne entre courtes et longues passes. Ils agissent en bloc et se regroupent rapidement après perdu le ballon. Ils ont un numéro 10 qui est très mobile et qui les sert de tour de contrôle. Leur attaque aussi est très mobile et joue collectif. Lorsqu’ils ont perdu le ballon, ils se regroupent permettre au milieu de s’organiser et de former le bloc, donc ils ne font pas le pressing directement. La leçon à tirer ce que nos défenseurs ne doivent pas paniquer lorsqu’ils ont le ballon, ils doivent prendre le temps de s’organiser car les attaquants tunisiens ne font pas le pressing immédiat. L’autre force des tunisiens reste les coups de pieds arrêtés (les coups, les corners et les penalties). Je constate aussi que tous leurs coups de pied arrêtés ne se jouent qu’au second poteau. Selon mes analyses, ils n’ont pas variés tous leurs coups de pied, ils le mettent au second poteau avant de le remettre dans la surface de réparation afin de frapper.
Camfoot.com: Quelle est la solution donc pour le Cameroun pour endiguer ces problèmes ?
Richard Towa: Il faut un pressing au milieu du terrain, c’est-à-dire ne pas se jeter directement en profondeur dans le camp de l’adversaire, il s’agit de réduire la distance entre les buts et le milieu. Cela veut dire qu’il rester en bloc et presser quand il le faut. Autrement dit, lorsque nous avons récupéré un ballon, il faut être prêt à jouer un premier ballon qui va en profondeur. Cela peut surprendre la défense tunisienne qui ne regroupe pas facilement. On a des qualités individuelles qu’il faut vraiment mettre en valeur dans cette compétition, chercher le « un contre un ». On a des gars qui frappent très bien les coups francs et il faut exploiter tous les coups de arrêtés.
Camfoot.com: Il faut reconnaître que le Cameroun possède également des limites, notamment au compartiment gauche qui n’est pas opérant à 100%…
Richard Towa: Vous faites bien de le relever. Il y a ce flanc gauche qui est notre talon d’Achille. Il n’y a pas que sur le plan défensif, il existe aussi sur le plan offensif. Depuis le début de la CAN, on a que le côté droit qui est fonctionnel alors que le côté est presque inerte. Il est donc question de trouver cette variation. Il y a par exemple Epalle sur le flanc droit qui ne reçoit pas beaucoup de ballons. Sur le match contre le Soudan, on n’a pas beaucoup joué collectivement, voilà autant qu’il revoir avant le match de tout à l’heure contre la Tunisie.
Camfoot.com: Ne peut-on pas regretter la suspension de Daniel Ngome, très bon élément du couloir gauche, suspendu par le ministère des sports ?
Richard Towa: Je crois que sa suspension, selon les arguments qui ont été présentés, tiennent la route car dans tout groupe, il faut qu’il y ait la discipline. Sur le plan sportif, on ne peut que regretter l’absence de Ngom Kome qui est un joueur très efficace sur le flanc gauche camerounais.
Camfoot.com: Quelle onze entrant contre la Tunisie ? Doit-on continuer avec l’équipe type qui se dégage au fil des matches ?
Richard Towa: Il faut revoir l’équipe du Cameroun, c’est vrai mais ce n’est pas le moment de faire des expérimentations. Je crois que le coach a rodé son dont l’intégralité des joueurs de champ ont joué excepté Benoit Angbwa. Donc, il connaît ses joueurs mieux que quiconque et il n’est plus question de faire des remplacements hasardeux. Le Cameroun ?
Propos recueillis par Eric Roland Kongou, à Tamale