Ne nous leurrons pas. Si les lions sont arrivés en finale de la CAN c’est surtout grâce au talent et au cœur des joueurs. Cette performance ne doit pas occulter la mauvaise préparation de la compétition à cause une fois de plus (et toujours) de l’amateurisme des dirigeants.
Dans le monde du football, le Cameroun constitue sans nul doute une entité à part. A l’heure de la modernisation où plus rien n’est laissé au hasard dans le sport de haut niveau, nous continuons à résister à l’assaillant comme ce pauvre petit village gaulois entouré par des hordes de troupes romaines. Si les gaulois comptaient sur la potion magique pour tenir les soldats de Jules César en respect, ici nous continuons à naviguer à vue en comptant sur le talent des joueurs et leur esprit patriotique sans cesse aiguisé, parfois dopé à coups de millions comme primes. Pendant que les autres équipes font des semaines voire des mois de préparation, nous en faisons juste quelques jours. Et puis à quoi bon ? Après tout nous avons Samuel Eto’o, il devrait suffire.
Heureusement, aussi absurde que cela puisse paraître, ces méthodes moyenâgeuses fonctionnent parfois. Nous en avons eu la parfaite illustration avec la dernière coupe d’Afrique des nations. Un coach recruté trois mois avant la compétition après une éternelle passe d’armes entre la fédération et le ministère de tutelle ; Une dizaine de jours à courir sous le soleil Burkinabé ponctué par des échauffements en guise de matchs amicaux avec des amateurs et le tour est joué. On est prêt, on va gagner la CAN. Seulement un match face à l’Egypte plus tard avec le résultat que l’on connaît, on se dit qu’après tout, ça ne sera peut être pas pour cette fois. C’est la panique. A ce moment quand Samuel Eto’o déclare être prêt à parier 50 millions de F CFA que le Cameroun arrivera au moins en demi finale, seuls ses coéquipiers et lui y croient. Mais deux semaines plus tard, le miracle a lieu, et les Lions sont même à deux doigts de toucher le jackpot. Ouf, on a eu chaud ! Mais cela aurait pu être pire, comme en 1994 lors du mondial américain, ou en 1996 à la CAN sud africaine où le Cameroun est sorti sans gloire dès le premier tour.
Au-delà des discours de ces dirigeants politiciens tout d’un coup volubiles et affables, mais plus avides de récupérer le parcours des Lions à leurs desseins, ne nous leurrons pas. Grâce au courage des Lions, beaucoup ont sauvé leur poste. Mais sans tomber dans l’excès de chauvinisme, l’émotion de la finale retombée, regardons les choses en face. Si les Lions sont arrivés en finale de la CAN c’est surtout grâce au talent et au cœur des joueurs. Cette performance ne doit pas occulter la mauvaise préparation de la compétition à cause une fois de plus (et toujours) de l’amateurisme des dirigeants. Compte tenu de tout le désordre qu’il y a eu avant la compétition autour de l’équipe, il est tout à fait normal que les lions ne soient considérés comme favoris à l’entame de la compétition. En toute logique, ce parcours sans insulter le talent des joueurs, pourrait être considéré comme un accident. Même si la désignation des favoris est parfois empreinte de subjectivisme, le Cameroun était à sa place. Il n’était en réalité pas logique de crier au scandale du fait de cette classification, ou de considérer cela comme un manque de considération pour nos Lions.
Ceux qui ont manqué de considération à cette équipe ce sont les dirigeants. Et pourtant, les joueurs ont une fois de plus démontré de quoi ils étaient capables. Imaginez ce qu’aurais pu être cette équipe si elle s’était préparée dans les conditions idoines ! Ici, on n’a toujours pas compris qu’un match se gagne longtemps à l’avance, il n’y a presque plus de hasard dans le sport de haut niveau. Les combats de demain se gagnent aujourd’hui, c’est donc maintenant qu’il faut préparer les futures échéances. Très chers dirigeants de notre football, faites enfin preuve de professionnalisme.