Au lendemain de la qualification des Lions suite à leur victoire face au Rwanda au stade Roumdé Adjia de Garoua, les regards sont désormais tournés vers la fédération camerounaise de football et le ministère des sports et de l’éducation physique qui doivent accorder leurs violons dans les jours à venir et trouver un entraîneur sélectionneur au onze national.
Intérimaire depuis la démission controversée de Arie Haan, ancien sélectionneur des Lions indomptables, Jules Frédéric Nyongha a conduit le capitaine Rigobert Song Bahanag et ses coéquipiers à la qualification à la CAN après un parcours sans faute, au moins sur le plan comptable. La qualification acquise dans la quiétude remet brutalement au goût la polémique sur la question de la désignation ou non d’un Camerounais à la tête de l’équipe nationale. Un véritable marronnier de la scène sportive camerounaise. Il faut dire que l’actuel sélectionneur par intérim des Lions indomptables du Cameroun ne fait pas l’unanimité au sein de l’opinion publique. Malgré son expérience, lui qui est dans le sillage de la sélection depuis une vingtaine d’années et a obtenu quelques résultats en clubs. Malgré son acharnement au travail en dépit du peu de moyens mis à sa disposition.
Quelques jours avant la rencontre contre le Rwanda, Thierry Ngogang, journaliste à Spectrum Television, a reçu sur un plateau de débat entre autres Franck Happi, consultant sur la même chaîne, Antoine Essomba Eyanga, président de Tonnerre Kalara Club et administrateur de la Fécafoot et Jean Jacques Ekindi, leader politique. En dehors de Franck Happi qui, comme par le passé, s’est vertement prononcé pour un sélectionneur expatrié, les autres croient savoir que le Cameroun regorge des potentialités humaines à la hauteur d’une équipe nationale comme les Lions indomptables qui compte en son sein des joueurs de très haut niveau. «Nos compatriotes, que nous connaissons mieux que quiconque, n’ont pas besoin d’un appel à candidature pour être nommés à la tête de notre équipe nationale», tranche Essomba Eyenga.
Pour Franck Happi, après le match contre le Libéria, Jules Frédéric Nyongha devrait rendre son tablier afin d’attirer l’attention des uns et des autres sur les mauvaises conditions de travail dans lesquelles il évolue. «S’il continue à y rester, cela signifie qu’il a les moyens de sa politique», a t-il ajouté. Au-delà de l’expérience acquise par l’actuel sélectionneur, il pense qu’il n’est pas pour autant l’homme de la situation dans la mesure où «le contexte actuel dans lequel nous évoluons ne permet pas encore à un Camerounais d’avoir les mains libres dans le choix des joueurs. Et même si tel était le cas, je ne pense pas qu’on mettrait à sa disposition autant de moyens comme si c’était à un entraîneur expatrié.» A le croire, il faudrait encore du temps pour voir un Camerounais s’imposer à la tête de la sélection. Arguments battus en brèche par Antoine Essomba Eyanga et Jean Jacques Ekindi qui pensent que cette période est la mieux indiquée pour nommer un sélectionneur camerounais et lui laisser le temps d’asseoir une équipe type qui prendra part à la Coupe d’Afrique des nations 2008 qui se jouera au Ghana et à la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud.
Par ailleurs, ils soutiennent qu’il y a au Cameroun des entraîneurs capables d’offrir des résultats nettement supérieurs à ceux des expatriés. Dans l’une de ses parutions de la semaine dernière, le quotidien Le Messager, parlant des Lions indomptables, émettait l’hypothèse de confier la sélection à Joseph Antoine Bell, qui aurait l’avantage d’être Camerounais et l’expérience du foot international dans son titre en une «Lions indomptables : Et si c’était Joseph Antoine Bell.»
Parmi les Camerounais qui ont de la personnalité et peuvent conduire la barque des Lions, des noms tels Jean Paul Akono, médaillé d’or aux jeux Olympiques à Sidney 2000, Joseph Antoine Bell, Thomas Nkono, Michel Kaham, Omam Biyick et Cyrille Makanaky reviennent régulièrement. Mais certains observateurs pensent qu’au-delà des mots, le ministère des sports et la Fécafoot gagneraient à faire définitivement confiance à Jules Nyongha, avec les moyens conséquents, et de voir de quoi il est capable. La réponse devrait être connue dans quelques jours. Encore que…le Cameroun est le Cameroun.
Francis Kamga