L’entraîneur principal des Amavubis du Rwanda à sa descente d’avion hier à Garoua parle du match qui oppose ce dimanche son équipe aux lions indomptables du Cameroun. Il en profite pour s’exprimer également du football Rwanda dans son ensemble.
Camfoot.com: Est-ce dans une optique de victoire impérative que vous êtes à Garoua ?
Michael Nees: Si c’était tellement facile, je pourrais dire oui, non, en football on ne peut pas prédire le résultat. Il ne faut oublier que le Cameroun est une équipe avec les joueurs qui jouent dans les plus grands clubs du monde. Notre objectif est de montrer que nous sommes capables de jouer contre cette équipe, de montrer que nous sommes capables de combattre avec cette équipe et de faire un bon résultat. On n’a pas peur du Cameroun, on va voir ce qui est possible, mais on ne peut pas prédire un résultat positif devant le Cameroun à domicile. Nous allons nous battre jusqu’à la fin du match.
Camfoot.com: Quelles sont les qualités de votre équipe?
Michael Nees: Nous jouons bien dans tous les compartiments, le dernier match contre la Guinée Equatoriale a montré que nous étions forts. Ce n’est pas seulement le résultat ( 2 buts à 0), la performance était bonne. Je pense que nous sommes une équipe équilibrée, mais avec quelques jeunes joueurs qui doivent encore mûrir en expérience. Nous sommes sur une bonne route, et confiants pour le match contre le Cameroun. Le football se joue en 90 minutes et au départ le score est de 0 à 0.
Camfoot.com: Considérez-vous l’absence de Samuel Eto’o Fils comme un avantage pour votre équipe?
Michael Nees: Non, on ne peut pas dire si c’est un avantage ou un inconvénient. On pourra néanmoins y repondre à la fin du match. Vous savez, même si Eto’o n’est pas là, le Cameroun a de bons attaquants comme Webo, Idrissou qui joue en Allemagne. Pour tous les joueurs c’est toujours un plaisir de jouer avec les joueurs de la classe de Eto’o. Il a joué à domicile contre le Rwanda. C’est aussi bien pour les spectateurs de voir Eto’o à l’œuvre mais je crois que c’est l’occasion pour les autres de l’équipe du Cameroun de prouver qu’ils ont leur place dans cette équipe. C’est vrai que Eto’o sur le terrain avec les lions peut faire des choses magiques, mais je crois qu’il a un match important avec son club en Espagne.
Camfoot.com: 0-3 au match aller dans votre domicile… c’était quand même un peu fort non ?
Michael Nees: Je suis arrivé deux mois avant ce match. Je venais de commencer le travail. Je n’avais même pas encore évalué les joueurs avant le match, mais je n’étais pas très déçu après la rencontre puisque nous avons bien joué pendant 60 minutes, mais il nous a manqué l’expérience. Nous avons encaissé deux buts en cinq minutes, ce qui a tué le match puisque nous étions en deuxième mi-temps. Nous avons tout tenté pour réduire le score, mais à la fin on encaisse un troisième but sur contre attaque. Mais le score ne reflétait pas totalement la physionomie du match.
Camfoot.com: Quelles sont les objectifs que votre hierarchie vous a fixé à la signature de votre contrat ?
Michael Nees: Après la participation à la coupe d’Afrique 2004 en Tunisie, tout le monde ne rêve que de la coupe d’Afrique au Rwanda, mais je crois qu’en ratant la qualification pour la coupe du monde, tout le monde est revenu à la réalité. Quand je suis venu on m’a effectivement demandé de qualifier l’équipe pour la CAN. Maintenant nos chances sont infimes, mais on peut provoquer la chance, et c’est ce que nous allons tenter dimanche.
Camfoot.com: Quelle analyse faites vous du football Rwandais en temps que technicien, parlant du niveau de son championnat, de l’organisation même de ce championnat ?
Michael Nees: Le football Rwanda comporte de bons joueurs, il y a quelques matches du championnat qui sont d’un très bon niveau, mais il y a aussi des matches de très mauvais niveau. La performance n’est pas constante. Pour moi, le football Rwandais pour le moment est dans une transition, il est encore marqué par l’histoire du génocide d’il y a treize ans. Après le génocide, il y a d’autres choses à faire que de développer le football, ce n’est que depuis six mois qu’on a commencé à intégrer de jeunes joueurs dans l’équipe nationale, les joueurs de l’équipe pour les plus vieux ont 25 ans, je crois que l’avenir est positif.
Camfoot.com: Avec la valse des entraîneurs nationaux africains, n’êtes-vous pas tenté de deposer votre candidature pour d’autres pays, notamment avec le processus de recrutement lancé pour le poste du Cameroun ?
Michael Nees: Arie Haan a commencé avec six points et six buts inscrits, c’était un très bon début. Je ne sais pas ce qui s’est passé pour qu’il décide de ne pas finir le travail. Je ne sais si c’est la fédération qui l’a limogé, je ne sais vraiment pas. Mais pour le moment le Cameroun a un entraîneur. Ce n’est pas parce qu’il est Camerounais. Je sais que vous êtes en stage ici depuis lundi, c’est dire que vous prenez le match au sérieux. Après votre échec pour la qualification à la coupe du monde 2006, on ne néglige plus rien au Cameroun. En ce qui me concerne, je suis entraîneur du Rwanda, je respecte mon contrat. Peut-être un jour, on ne sait jamais.
Propos recueillis par Guy Nsigué à Garoua